Chouchou des festivaliers du dernier Cannes, Burning.
Je ne sais pas trop quoi en penser. J'ai l'impression d'avoir manqué le film, alors que je me rends bien compte que j'ai sans doute saisi l'immense majorité des indices. J'ai également sans doute saisi la majeure partie du contenu symbolique disséminé. J'ai enfin sans doute saisi que le film était une négation du canevas narratif attendu par le spectateur lambda.
Pourtant, je ne sais donc pas si je dois saluer la capacité du film à susciter des questions ou trouver qu'il se complaît trop à égarer sans raison le spectateur.
On voudrait croire qu'il s'agit d'une belle et forte critique sociale, puissante car elle tente justement de cerner l'égarement d'une société, d'une jeunesse perdue dans une société ultra libérale et conservatrice ; mais à certains moments, la critique est tellement présente, obvie que le film prend des airs de documentaire, on se dit finalement que non, ça ne peut pas être ça, car si c'était ça, seulement ça, alors ce serait incroyablement décevant.
Pour tout résultat, on oscille entre l'hypothèse d'un faux-thriller sans réponses et une critique sociale à la sauce naturaliste. Le film aurait à mon goût sans doute beaucoup gagné à laisser de côté la critique sociale pour développer le mythe du personnage et les questions métaphysiques, qui au moins auraient davantage justifié l'absence de réponses. Le mysticisme poétique, presque à la Aragon, qui entoure l'inquiétante familiarité des personnages avait à mon goût bien plus d'attrait qu'une énième démonstration des dysfonctionnements sociaux de la société sud-coréenne énumérés en un catalogue certes vibrant et qui jamais ne manque de noblesse, mais qui reste avant tout un catalogue un peu navrant.