Doctor Strange in the Multiverse of Madness
Il y a eu des trucs assez cool dans le ravalement de façade de chez Marvel et on peut maintenant ajouter ce Doctor Strange II qui ne se contente pas de reprendre à du Scott Pilgrim et du Inception mais qui ajoute également du cinéma d'horreur grâce à l'intervention de Sam Raimi.
Je ne suis pas un grand fan du monsieur qui semble taper un peu partout au p'tit bonheur la chance mais on lui reconnaît une certaine contribution aux films d'épouvante avec notamment les fameux Evil Dead et le plus récent Jusqu'en Enfer.
Ça semble assez bateau pourtant il fallait y penser et surtout se le permettre dans un contexte super héros chapoté par Disney.
Et honnêtement un film sur un héros qui évolue dans un monde de magie et de sorcellerie était le parfait vivier pour intégrer ça, ce que Sam Raimi a fait plutôt brillament grâce au pouvoir de la technologie et nous en foutre plein les mirettes.
Résultat ça en devient très ludique, on apprécie de pouvoir revisiter des scènes classiques de grands films d'horreur ou du moins ses gimmick le tout avec des enjeux tellement énormes - dans tous les sens du terme - qu'ils en deviennent abstraits, parfois ridicules, presque grotesques.
Pourtant on sent bien que le réal' a gardé les atouts du premier opus en tête mais en lui insufflant cette volonté désormais phare de Marvel Studio, repousser les limites toujours plus loin.
C'est peut-être là que réside le secret, loin de la formule classique du héros et sa copine qui battent un méchant, schéma très encadré dont le spectateur loin d'être dupe a fini par connaître les limites notamment parce que c'était déjà le schéma du cinéma d'aventure Hollywodien - de l'Aigle des mers en passant par Robin des Bois et Ivanoé jusqu'à Indiana Jones - mais recontextualisé à l'ère contemporaine par Marvel comme l'a été la mythologie Grecque par les comics.
Sauf que l'eau a coulé sous les ponts, que c'était sympa dans le temps et que bien que toujours appréciable, ça ne correspond plus à l'élan d'hyperdynamisation de Marvel qui veut conquérir plus, plus jeune, plus vite.
Arrive donc des récits qui ne respectent plus beaucoup de règles ou plutôt en définissent de nouvelles.
Des récits spectacles qui loin de se prendre au sérieux, se font des lins d'oeils, rient beaucoup d'eux-mêmes, déconstruisent avec beaucoup de panache et qui ont surtout le cran de rompre parfois violemment avec la tradition comme l'excellent Thor Ragnarok a pu le faire - trop parfois.
Finalement le propre de ces productions "métaMarvel" dont Doctor Strange IMoM est un digne représentant c'est tout simplement de se concentrer sur les caractéristiques de leurs héros en délaissant le lieu commun de la représentation du gentil sauveur en bonne et due forme pour revenir aux sources paradoxellement.
Car il faut savoir que le paysage des comics avant celui du "cinéma Super" a également dû se renouveler de trop nombreuses façons pour en faire le détail ici mais l'actu' super' selon Kirkman (The Walking Dead, Invincible) et Millar (Kingsman, Kick-Ass, Jupiter's Legacy) est plutôt à la violence froide et impitoyable.
Tendance peu surprenante dans les Comics, beaucoup plus chez Marvel Studios - qu'on a même pu voir dans l'un des derniers Disney avec une lutte à mort fratricide et vengeresse digne d'un combat de Jedi - qui se vérifie dans cette suite des aventures du magicien à la cape rouge.
Il y a déjà eu mort de super' et de vilains dans le MCU mais souvent édulcorée ou théâtrale, l'idée n'est pas de s'y appesantir - et d'ailleurs Thor Ragnarok a montré que ce n'était en rien un prérecquis au renouvellement - le contraste est d'autant plus fort ici que la mort est plus explicite et plus violente.
Tout ce théâtre d'expérience borderline un peu macabre reste pourtant cohérent avec le matériau Marvel d'origine (du moins dans mes lointains souvenirs), il paraît simplement bien plus fantaisiste pour qui n'a jamais ouvert de comics et reçu Marvel que comme un blockbuster familial sur écran.
Donc cohérent oui mais seulement parce que les aventures d'un magicien qui voyage dans les dimensions avec ses grimoires suprèmes et autres conneries mystiques offrent de grosses possibilités pour se lâcher impunement, le "tagueule c'est magique" aura rarement trouvé aussi bonne chaussure à son pied.
Perso' j'ai apprécié le côté décomplexé du film qui se permet beaucoup de chose tout en restant franchement honnête dans la mesure ou le spectateur consent à la suspention Marvel de l'incrédulité.
Le film garde un fil avec la fresque déjà établie mais honnêtement si vous n'avez pas vu le 1 ou même peu de films Marvel vous ne serez pas réellement perdus tant l'aventure se passe "ailleurs".
En plus il est bien moins racoleur et surcôté qu'un Deadpool.
Après peut-être qu'il y a justement un peu trop de bordel au détriment d'une réelle substance, caractéristique là encore du cinéma de l'écran vert très porté sur un visuel qui d'ailleurs n'existe pas - j'ai néanmoins apprécié le spectacle - et qui n'a plus le temps pour autre chose, pas même celui de développer ses acteurs ou mieux encore d'améliorer leurs répliques claquées au sol.
Pour le mot de la fin il me semble que j'avais vu un papier de Première qui avait bien sniper le truc disant que ce nouvel opus "à l'arrivée ressemble à un super gros épisode de Rick et Morty."
Ah et tant qu'à se rendre utile et tanpis si ça fait vieux con, je n'irais pas trop voir ça avec mes gosses -10 ans, ce Doctor Strange comme je le disais a quelque peu pris des libertés avec "le blockbuster familial''.