Sauf que ça fait longtemps que la majorité de la gauche, social-démocratie notamment, a lâché les mouvements sociaux. Tu peux appeler ça une trahison, on serait d'ailleurs d'accord, mais ça fait longtemps que la gauche ne se définit plus par son soutien aux mouvements sociaux et aux classes populaires.
Bah disons que pour moi, ce que tu décris, c'est une gauche qui n'est plus de gauche. Et tant qu'à avoir un programme de droite, la droite le fait mieux et l'assume mieux. Le problème de la gauche occidentale, c'est que depuis les années 1980, et notamment depuis Milton Friedman, elle est s'est convaincu que le libéralisme et le capitalisme était une fatalité. Hors, c'était quand même les chevaux de bataille contre lesquels elles se battaient depuis plusieurs siècles (en tout cas, la gauche socialiste). Et un socialiste qui ne soutient plus le mouvement SOCIAL (à tord ou à raison), je vois plus vraiment en quoi il est socialiste...
D'un autre côté la division gauche-droite n'a plus beaucoup de sens.
Bah elle en aurait encore si on ne considérait pas le PS actuel comme un parti de gauche justement. Parce qu'il y un net clivage à partir de la gauche du PS (comprise) qui prône l'abolition du libéralisme et/ou du capitalisme (socialisme réformiste) et le reste du parti qui est soit fataliste, soit prône carrément le libéralisme. Et le pire dans tout ça, c'est que du PS à l'UMP, il ne retienne que la composante économique du libéralisme, qui est à mon sens la plus critiquable.
Mais du coup, la division gauche droite n'a pas de sens tant qu'on se réfère au barycentre de l'échiquier politique. Elle en avait jusqu'à présent parce qu'elle se basait sur des différences de valeurs, et en a toujours tant qu'on raisonne en terme de valeurs : Liberté/Egalité/Fraternité VS Travail/Famille/Patrie. Plus on va à droite et plus ces dernières prédominent et plus on va à gauche et plus les premières prédominent (égalité sociale entre autre). Les courants dit extrême- et/ou ultra- tendent à n'avoir que les valeurs de leur propre bord.
A l'extrême-droite (fasciste ou fascisant), la patrie a une place importante (nationalisme), la famille aussi (faible liberté de mœurs, société très genrée), l'absence d'égalité est prôné (collaboration de classe), la liberté est nié (culte du pouvoir fort, dictature assumée), ainsi que la fraternité (culte de la guerre).
Le plus à l'extrême-gauche : liberté de mœurs (opposition avec la notion de famille, notion de couple libre/amour libre assez répandu), travail par nécessité uniquement et non pas comme une valeur en lui-même, internationalisme voire universalisme (opposition avec l'idée de patrie), égalité sociale, et liberté (au moins dans les paroles pour les courants politiques qui on tendance à ne pas appliquer ce qu'ils disent lorsqu'ils prennent le pouvoir).
La droite a plus ou moins toujours les trois valeurs Travail/Famille/Patrie (mais moins marqué que dans le fascisme) et peut également avoir intégré certaine valeur historique de la gauche. Et réciproquement pour la gauche (dans son sens idéologique) : Liberté/Egalité/Fraternité ne veut pas dire pas de "Travail" ou de "Patrie". Mais ce qui définit surtout la gauche et la droite, c'est parmi ces idées, lesquels prennent le pas sur les autres.
Et au regard de ces valeurs, certes le PS est historiquement plus marqué par les Liberté/Egalité/Fraternité, mais elle prenne de moins en moins d'importance (le parti se droitise). Inversement, il adopte de plus en plus de valeur de droite : il est devenu nationaliste depuis un certain moment (rupture avec l'internationalisme d'autrefois) et il a renoncé à l'égalité sociale (se contentant de l'égalité des chances). Ce qui fait qu'il y a peu de différence entre le PS d'une part, et la gauche de la droite d'autre part. Pour illustrer cela, j'ai connu quelqu'un qui était au PS il y a 20 ans. Ces idées n'ont pas changé mais pour défendre les mêmes idées, il devait être à la LCR.