Ce n'est que mon avis...
Mais dans un contexte où les musulmans sont mal intégrés pour la plupart et qu'il y a aujourd'hui beaucoup de musulmans qui se sentent rejetés, ça ne peut que péter. Les catholiques ne trouvent pas "drôle" les caricatures de leur dieu comme les musulmans. C'est juste que ça commence à faire beaucoup pour un musulman si on commence à blasphémer sa religion par les caricatures et qu'on diabolise l'islam dans les médias. Ces gens là se sentent victimes et évidemment que si on en rajoute, ça pète. Il faut se mettre à leur place.
Encore une fois ce n'est que mon avis sur la raison d'une réaction plus virulente de la part de la communauté musulmane.
Je n'ai pas l'impression que tu répondes aux interrogations de
Nakei1024. Il évoque les manifestations anti-
Charlie Hebdo dans le monde, et tu parles de la situation des musulmans en France, que tu noircis beaucoup trop à mon sens.
La différence entre les ultra-catholiques, qui auraient pu manifester contre
Charlie Hebdo, et certains islamistes qui ont manifesté parfois violemment, c'est que les premiers vivent dans des pays démocratiques, où la liberté d'expression existe et où l'on tolère les opinions différentes, y compris sur la religion. S'ils sont pas contents, ils vont saisir la justice ou faire signer une pétition, pas brûler un drapeau ou tuer des gens.
Il y a eu beaucoup de manifestations, mais, à une exception près, elles ont souvent rassemblées peu de monde. Exemple : à Gaza, dirigée par le Hamas, il n'y avait que 200 manifestants. L'exception c'est la Tchétchénie, où des centaines de milliers de personnes ont manifesté à l'appel du gouverneur local. Dans ce cas, il y a clairement une volonté politique de récupération de l'évènement pour couper l'herbe sous le pieds des islamistes tchétchènes.
Pour répondre à
Nakei1024, je pense que les sociétés occidentales de tradition chrétienne sont plus tolérantes que la plupart des sociétés musulmanes sur la question des caricatures de leur Dieu ou apparenté.
Sur la tolérance, je rappelle que le sens premier de ce mot c'est "supporter", et non "accepter" comme il est passer dans le langage commun aujourd'hui.
Pour expliquer mon propos, je vais remonter le temps, et en plus ça me permettra d'exprimer mon désaccord avec d'autres interventions récentes sur un sujet semblable.
L'Islam est apparut plus de 600 après le christianisme et s'est répandu sur des territoires qui étaient jusqu'alors majoritairement chrétiens. Cela peut expliquer le fait qu'au Moyen Âge les sociétés musulmanes étaient globalement plus tolérantes que les sociétés chrétiennes. Tolérantes dans le sens de "supporter" : les chrétiens pouvaient rester chrétiens à condition qu'ils payent un impôt spécial. On les toléraient qu'à cette seule et unique condition.
Petite parenthèse : pour les sociétés chrétiennes, les plus tolérantes sont celles qui se sont installées au Levant pendant les Croisades. Les Latins étaient conscients qu'ils contrôlaient des territoires où les musulmans étaient majoritaires. Ils savaient aussi que leur position était fragile. Bref, ils avaient tout intérêt à s'attacher leurs sujets et à ne pas essayer de les convertir. Je dis ça surtout contre les idées reçues qui prétendent que les Croisés étaient des fanatiques chrétiens qui cherchaient à convertir les musulmans. Tout ça n'est qu'un ramassis de conneries.
Donc, pour revenir aux sociétés musulmanes, elles étaient plus tolérantes que les sociétés chrétiennes au Moyen Âge à condition que les sujets de confession différente s'acquitte d'un impôt spécial.
Sauf que avec le temps, les sociétés chrétiennes ont évolué, elles sont devenues plus tolérantes, et au XIXe siècle on ne peut plus dire qu'elles sont moins tolérantes que les sociétés musulmanes. Celles-ci n'ont parfois rien changé au cours des siècles. Prenons un exemple, celui de l'Empire ottoman. Au XIXe siècle, il fonctionne encore comme au Moyen Âge : les sujets de confessions différentes doivent s'acquitter d'un impôt.
À cette époque, l'Empire ottoman est depuis un siècle sur le déclin, et ne cesse de perdre du terrain dans les Balkans. Les puissances européennes interviennent dans la politique intérieure du pays, et vont essayer d'imposer à l'Empire ottoman des réformes pour améliorer le sort des chrétiens. Malheureusement, ceci ne va pas marcher, et va même avoir des conséquences graves : les sujets chrétiens, comme les Arméniens, se croyant soutenu par les grandes puissances, vont demander des réformes à des dirigeants qui refusent de changer quoi que ce soit, ce qui va encore plus les braquer. Tout ceci va conduire à une véritable catastrophe, le génocide arménien, dont on commémore cette année le centenaire.
Cet exemple montre l'intolérance et le conservatisme qui reste bien ancré encore aujourd'hui dans une partie de la population des sociétés musulmanes. Les évènements du printemps arabe l'ont aussi démontré. Je dirai même qu'il y a dans certains cas une régression, vu que les islamistes s'en prennent par exemple aux chrétiens d'Irak alors que ceux-ci n'avaient jamais aussi inquiété avant.