Pour intervenir dans le débat, je pense qu'accueillir les réfugiés et intervenir en Syrie ne sont pas opposés. Tant qu'il y aura la guerre, il y aura des réfugiés ; et il y aura des réfugiés tant qu'il y aura la guerre.
Les deux problèmes sont inextricablement liés.
Le droit d'asile a toujours existé, c'est une preuve d'humanité, et je suis choqué de voir l'attitude de certains pays comme la Hongrie : ils ont bien profité des aides de l'UE, leurs peuples n'ont pas hésité à émigrer dans d'autres pays de la communauté sans être rejetés,... Mais quand on leur demande un peu de solidarité c'est non, on ne veut accueillir personne, c'est pas dans nos traditions. J'appelle ça de l'égoïsme à l'état pur.
Pourquoi je défend l'idée d'une intervention ? Alors oui, on peut dire que les interventions occidentales d'après le 11 septembre, que ce soit en Afghanistan, en Iraq ou en Lybie, ont fait beaucoup de mal à long terme.
Mais je pense que la situation actuelle avec Daesh n'a absolument rien à voir. C'est un mouvement islamiste, terroriste et surtout illégitime. Rien à voir avec les cas cités précédemment, où il s'agissait le plus souvent de renverser des dictateurs qui étaient légitimes.
La situation me fait plus penser à celle du Mali, où l'intervention française a quand même été efficace, même si tout est loin d'être réglé.
Il y a quelques mois, j'ai lu un bon bouquin, Le piège Daech, où l'auteur montre bien que cette organisation a créé un véritable État, avec sa capitale, sa monnaie, ses lois,...
Je pense que ne pas intervenir c'est laisser cet "État" s'installer et s'ancrer durablement sur le territoire.
Le piège Daech montre que bien avant l'apparition de cette organisation, la situation était déjà explosive en Syrie et en Iraq. En gros, dans ces deux pays, deux dictateurs (Bachar el-Assad et Saddam Hussein) issus de minorités ethniques contrôlaient le pays d'une poigne de fer en laissant des miettes à la majorité de la population (sunnites en Syrie, chiites en Iraq).
En Iraq, l'intervention américaine a amené les chiites au pouvoir : ceux-ci ont fait comme au temps de Saddam Hussein, ils se sont emparés du pouvoir et n'ont rien laissé au sunnites. D'où les conflits entre les deux communautés, et Daesh en a tiré profit puisqu'ils ont récupéré le mécontentement des sunnites au point que des anciens partisans de Saddam Hussein les ont rejoint. Aujourd'hui, l'Iraq en tant que pays n'existe plus vraiment : le gouvernement légitime contrôle la partie chiite, les Kurdes sont quasi-indépendants, et la partie sunnite est aux mains de Daesh.
En Syrie, la guerre civile a aussi finit par profiter à Daesh, qui a récupéré le mécontentement des sunnites et s'est imposé comme la principale force d'opposition à Bachar el-Assad.
Actuellement, ce mouvement contrôle des territoires où une partie non-négligeable de la population lui est fidèle, et ceci ne peut que s'accentuer. Ceux qui partent, ce ne sont pas les partisans de Daesh.
Il faut voir aussi le fait que, contrairement aux dictateurs, cette organisation terroriste nous menace directement. Que nous le voulions ou non, nous sommes en guerre.