Petite intervention à propos du nucléaire, il semblerait qu'on parte dans des points de vue orientés. Sauf que ça manque pas mal de faits et de chiffres tout ça, or c'est un domaine extrêmement documenté. Je me permets donc d'apporter deux trois infos pour qu'on parte sur des faits établis. Bon, c'est long, mais j'espère que tout le monde comprendra un peu plus où on en est dans ce domaine.
Pour le moment, la majorité des scientifiques sont clairs : niveau trace carbone, c'est ce qu'il y a de mieux (voir le troisième article en bas de mon post). On semble aussi oublier que la recherche continue dans ce domaine, justement parce qu'on sait qu'il ne s'agit pas d'une source d'énergie parfaite (et il n'en existe pas de toute façon). Pour ma part, je crois que le futur sera nucléaire, tout du moins en partie. D'où vous croyez que sort le projet international de fusion nucléaire du centre de Cadarache ? (accessoirement, ils ont réussi une étape dans la fusion avec la réalisation d'un plasma. Le problème maintenant est de maîtriser la méthode et d'étudier des moyens d'exploitation viable commercialement). On aura moins de problème de déchets pour le coup, et niveau énergie, c'est bingo. Pour ces derniers, pareil, on poursuit les études pour au moins limiter leur production (avec notamment des tentatives pour améliorer les rendements niveau production d'énergie).
Un élément qui me dérange : j'ai l'impression en lisant ou écoutant les gens (au quotidien, que l'on s'entende bien) qu'ils croient qu'on a des demeurés aux manettes du nucléaire. Les ingénieurs, les scientifiques, les types qui font les simulations de catastrophe... Il y a certes des cons partout, mais là, on connaît les enjeux donc on met des sacrés cerveaux aux postes clés.
Exemple : on parle de l'ASN ? Je ne l'ai pas vu évoqué une seule fois, alors que c'est LE gendarme du nucléaire. Et c'est pas de la blague. Ils font chier tout le monde avec leurs règles hyper stricts, gouvernement et EDF compris, mais tout le monde plie devant elle. Elle est tellement sévère qu'elle prend le risque d'engendrer de la méfiance envers le nucléaire auprès de la population, qui est par ailleurs extrêmement ignorante à ce sujet (premier article en bas). Mais il faut savoir ce qu'on veut : la sûreté maximale ou pas ?
Prenons donc l'EPR où elle intervient régulièrement, car le problème n'est pas lié à la conception du projet (les ingénieurs français sont réputés, faut pas croire), mais à la conception de l'édifice : on a perdu la main d’œuvre qualifiée en France (bah oui, on a pas construit de nouvelles centrales depuis un bout de temps, ils sont partis à la retraite les types compétents), les appels d'offre ont sorti le savoir-faire de son milieu d'origine (EDF ne construit plus, tout est passé chez Bouygues...) du coup, c'est connerie sur connerie du côté construction. Et bien évidemment, l'ASN est au taquet là-dessus, car elle connait les risques. Le coup du "couvercle" qui doit être changé pour cause de fissure, c'est elle. D'où les retards à répétitions dans la construction de l'EPR.
En autre exemple, sur le fait que les centrales et lieux de stockage ne seraient plus aptes à faire face aux changements de terrains ou autres phénomènes engendrés par le climat : des travaux tout récents ont été mis en place du côté de Tricastin pour augmenter encore la sûreté. Ils ont refait les digues, en basant les normes sur les crues possibles, évidemment, mais aussi sur le risque sismique. Les nouvelles digues peuvent donc faire face non pas au le séisme le plus fort enregistré dans la région, mais à un hypothétique séisme qui serait jusqu'à 5 fois plus fort (premier article en bas)... Les scientifiques prévoient à l'avance, et heureusement, car les industriels du nucléaire ne suivraient pas s'il faut tout refaire tous les 3 ans... Il faut bien comprendre : tout est calculé et prévu au mieux, car les enjeux et les risques derrière sont connus. Et l'ASN surveille bien...
Je ne crois pas qu'on puisse observer de telles normes dans d'autres milieux. Le nucléaire a cela pour lui : oui, c'est une énergie qui, mal exploitée, peut être dangereuse (bombes atomiques, tout ça). C'est justement pour cela que les normes de sécurité sont si draconiennes. Quant à comparer Fukushima et le système nucléaire français, comme j'ai pu le voir avec la carte de Greenpeace, ça ne marche pas car il y a une multitude de facteurs à prendre en compte : leur Autorité de Sûreté Nucléaire est bien moins sévère (l'ASN française fait figure d'autorité à l'international, et est réputée pour être la plus sévère qui existe. Elle a d'ailleurs été appelée suite à la catastrophe pour intervenir au Japon), les centrales ne sont pas conçues sur le même système (tout comme l'était celle de Tchernobyl d'ailleurs, mais je m'égare) et les risques intrinsèque liés à l'environnement sont complètement différents (niveau sismique, c'est sûr qu'on joue pas dans la même cour, mais apparemment Greenpeace s'en moque...).
Pour ce qui est de la consommation de l'énergie électrique, la production est calculée régulièrement à partir de prévisions sur les années écoulés. Bien évidemment, vu que cela coûte des sous de produire, on fait au mieux pour éviter le gaspillage. La logique mercantile peut aussi servir, comme quoi. S'il y a surplus, il est souvent vendu à l'étranger. L'hydraulique est un complément en cas de manque et est extrêmement rapide à mettre en œuvre. Pourquoi ne pas l'utiliser continuellement ? Le problème, c'est que les réserves d'eau sont limitées. Il y a bien sûr un système de pompe qui permet de remonter l'eau utilisée, mais cela demande un certain pourcentage de l'énergie produite. Et on s'oriente de plus en plus vers des sécheresses répétées... Et comme le dit Aflo, beaucoup d'autres éléments environnementaux entrent en compte. L'éolien et le solaire ne sont absolument pas fiables en matière de production d'énergie (le soleil et le vent ne permettent pas de produire suffisamment et continuellement, ni de répondre à des pics de production). Ne parlons même pas de leur bilan carbone totale, le nucléaire est meilleur à ce niveau.
D'autres pistes sont à explorer : l'hydrolien, en utilisant le courant de la mer pour faire fonctionner des turbines, est prometteur. Mais là aussi, les contraintes environnementales sont grandes. Du coup, c'est difficile à mettre en place. Le stockage ? Les besoins énergétiques de nos sociétés occidentales sont immenses (et on ne parle même pas des besoins futures d'autres pays en développement) et bien évidemment, les batteries actuelles ne peuvent le faire. Et si jamais la recherche trouve, quid de la trace carbone pour créer de tels monstres ? Encore une fois, en évaluant le pour et le contre, et en prenant en compte le besoin immédiat actuel de limiter le réchauffement, le nucléaire reste la meilleure solution. Pour la production d'électricité. Et oui, car il y a bien d'autres choses à prendre en compte dans le réchauffement...
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làSacré pavé, je m'en excuse, mais j'espère avoir apporté des informations pertinentes.