Ben en fait si, certains mettaient ça au même niveau dans le sens où ils établissent un lien de causalité entre le contenu de fictions et les crimes dans le monde réel. Lien qui n'existe pas ou est même l'inverse.
Concernant le lolicon dans les mangas/animes, c'est toujours le même débat pour les séries/livres/jeux: est-ce que la fiction génère l'envie ? Ça a été tranché depuis longtemps: jouer à GTA ne créée pas des braqueurs de banques, lire Death Note ne créé pas des tueurs... En dehors d'une très faible partie de la population qui a un trouble mental l'empêchant de distinguer fiction et réalité, il n'y a pas de lien démontré. Donc ça reste juste des fictions/des dessins et ça ne sert à rien d'en faire un terrain de combat moral.
L'intégralité de ce discours est fallacieux et ce message montre la contradiction centrale : les dessins ne peuvent pas influencer des personnes mais ils peuvent apparemment apaiser les tensions sexuelles de toutes une population. On va oublier de mentionner que des communautés de gars sur internet qui malgré tout le porn auquel ils avaient accès ont radicalisés leur misogynie jusqu'à commettre des attentats.
La réalité c'est que les représentations dans la fiction existent en même temps que les évènements représentés. Quand tu regarde ton épisode de Les Experts : Perpette-les-Bains et qu'il y une séquence de course poursuite musclée, où un interrogatoire brutal, ces images existent en même temps que la brutalité policière et vont nécessairement la commenter. La fiction n'est pas un espace magique qui sépare le récit de son incarnation réelle. Son principe premier est la suspension consentie d'incrédulité, c'est-à-dire qu'elle doit être prise comme si elle était réelle alors même que c'est une invention. Sur internet on a tendance à penser ça comme une règle rigide, briser le suspension d'incrédulité serait une fiction mal racontée, mais l'effet produit est juste de révéler la nature arbitraire du récit. Ce que ça veut dire de manière très précise c'est que dans un récit parfaitement arbitraire, chaque élément devient le résultat d'un choix. Quand l'auteur de Dandadan dessine des aliens obsédé par la bite, c'est un choix a priori conscient et délibéré, il aurait pu choisir comme ce génie visionnaire qu'est Fukuchi Tsubasa et faire des alien qui veulent montrer leur technologie supérieur en dessinant des crop circle en forme de caca. A partir du moment où le récit est un choix délibéré on peut évidement remettre ce choix en question, en faire une problématique - c'est-à-dire quelque chose sur lequel on peut réfléchir.
Si vous trouvez ça trop abstrait on va utiliser un point Godwin pour illustrer, imaginez je décide de faire une bédé sur l'Allemagne des années 30, je la dessine et c'est une tranche de vie banale où il se passe rien, genre c'est des filles mignonnes qui font de la bière et mangent des saucisses. Personne ne trouverait ça étrange de se dire "mais attends, pourquoi y'a pas de nazis ?" alors même que bon habituellement dessiner des nazis c'est un peu bizarre. Parce que la rupture d'incrédulité amène de l'arbitraire, qui va immédiatement amener à questionner le récit. C'est pour ça que je mentionnais les séries policières au début, tu peux aller regarder n'importe quelle série et essayer de faire attention à chaque moment que le casier judiciaire est mentionné et la manière dont vont se comporter les personnages par la suite, ou encore la fréquence et le genre de profil à laquelle on va tenter de coller des crimes à des personnage qui n'ont rien à voir avec l'intrigue de la semaine (c'est des pauvres dans 95%). Tout ce qui va se raconter dans ce genre de série va se reproduire à l’identique dès qu'un cas de violence policière apparait dans l'espace publique, savoir qui du récit fictif ou du récit politique est l'oeuf ou la poule ne mène nulle part parce qu'on s'en fout, les deux existent en même temps, les deux se renforcent l'un l'autre sans qu'un flic précis est besoin d'aller regarder la dernière saison de NCIS : St-Etienne.
Et c'est pour ça que je suis venu à l'origine demander pourquoi une critique sur un jeune fille qui essaie de séduire un homme beaucoup plus âgé ne vient pas immédiatement parler de grooming alors que c'est exactement là que se trouve l'enjeu réel de cette représentation et que c'est ça qu'il est important de pouvoir identifier.
Pour en revenir au lolicon/shotacon, la loi qui interdit la possession d'image pédo vient du fait de vouloir protéger les enfants de l'exploitation par des mafias dans des pays qui ne les protègent pas, en interdisant leur détention/distribution. Un peu comme si tu pénalise la détention de drogue pour arrêter les trafics en coupant les revenus financier.
Donc, interdire des dessins, ça ne protège personne et ça ne sert pas à grand chose, d'où le fait que tout ce débat ne me paraît vraiment pas valoir le temps qu'on y consacre.
Incroyable de voir ces deux phrases côte à côte.
Alors la pénalisation de la drogue ça marche pas non plus et faire la comparaison avec les agressions sur des mineurs est encore plus absurde, l'écrasante majorité de ces agressions ont lieux dans un cadre privé et n'a rien à voir avec les mafia, la Japon à très longtemps eu un circuit de pornographie avec des mineurs parfaitement légal et en plus non seulement le durcissement des lois sur la présence de mineur dans ce milieu arrivent plusieurs décennies après la panique morale sur les lolicon mais en plus elle est le résultat de militants de la protection de l'enfance.
Je sais pas quoi dire sur l'étude que tu mentionnes, au-delà du fait que ce serait bien de prendre beaucoup de recul sur ce genre de chose. Il y a bien d'autres phénomènes en jeu dans le Japon d'après guerre que la censure de la pornographie. Je sais pas, peut-être la très légère amélioration de niveau de vie dans cette période aide un peu ? Il y aurait pas un tout petit déni des méfaits commis par l'armée japonais sur le régime impérial qui sont retombés sur le reste de la population une fois que les vaillants soldats de l'empereur sont retourné à la vie civile ? J'imagine qu'il n'y aucun rapport avec l'histoire très difficile avec la drogue dans cette période, tellement difficile que les lois incroyablement dures sur la drogue n'ont toujours pas bougées depuis ? C'est complétement irresponsable de même suggérer que la pornographie apaise les violences sociales, tout suggère même qu'elle se nourrie des ces mêmes violences.
Les dynamique du consentement et de la privation de consentement dans l'érotisme ne reposent pas du tout sur la base d'une pulsion de sexe violent inassouvie. Il n'y a pas de violeurs qui ont des pulsion de viols qu'on pourrait évacuer avec des mise en scène factice de viol, il y a l'acte d'agression sexuelle et c'est tout. Ce genre de connerie c'est qui a aboutit à des types arriver à leur procès pour viol dans l'affaire Mazan et se défendre en disant "je ne peut pas avoir commis de viol puisque je ne suis pas un violeur".
La démarche n'est pas une démarche de censure, c'est celle d'agir en rupture avec un récit hégémonique. Et on peut dire ce qu'on voudra, quand j’essaie d'aborder le sujet sans trop brusquer de monde, y'a pas tellement de réaction, venir proposer un discours beaucoup plus brutal et tout de suite c'est plus difficile de l'ignorer.
Edit : Tiens ça m'a échappé mais c'est quoi exactement le trouble mental qui empêche de distinguer la fiction de la réalité ?