Incendies (Denis Villeneuve, 2010) : Suite au décès de leur mère, une jeune femme et son frère jumeau prennent connaissance d'une lettre posthume adressée à leur père, qu'il croyaient disparu, et d'une autre adressée à leur frère, dont ils ignoraient l'existence. Sous le choc, ils s'embarquent dans une odyssée au Moyen-Orient pour dévoiler ces secrets de famille.
Volontairement déroutant, le film alterne entre deux timelines pour raconter la vie mouvementée de la mère des jumeaux, baladée au sein les conflits religieux d'un Moyen-Orient au bord du gouffre. On a du mal à croire que le film soit inspirée de faits réels, mais on se rend compte que les horreurs qui sont arrivées à cette femme sont justement trop cruelles pour n'être que de la fiction. La révélation finale du film laisse sans voix, comme ces jeunes gens qui voient leur monde s'écrouler.
Une puissante expérience de cinéma qui vous fera relativiser vos petits soucis quotidiens, croyez-moi.
Breaking the Waves (Lars von Trier, 1996) : Bess est une jeune fille un peu simple d'esprit, qui tombe folle amoureuse de Jan, un grand type qui travaille sur des plates-formes pétrolières. Les deux jeunes gens se marient mais Jan doit alors repartir au large pour son boulot. Bess vit particulièrement mal cette séparation, et prie Dieu qu'Il lui ramène son mari. Son vœu est exaucé, car Jan finit par revenir : victime d'un grave accident, il est paralysé...
On pourrait croire au début du film à un de ces mélodrames qui font pleurer les personnages mais où tout finit par s'arranger ; ce n'est pas le cas. Le vie de Bess, qui a un corps de femme mais l'esprit d'une enfant, est une digne tragédie puisque c'est en découvrant l'amour qu'elle va sombrer dans la spirale du malheur. Le lieu de l'action, un village perdu du nord de l’Écosse où les religieux font la loi de la communauté, rajoute à l'ambiance étrangement oppressante de ce (très) long-métrage.
Comme souvent avec Lars von Trier, le sexe tient une place relativement importante dans le récit, on est pas vraiment dans du divertissement familial.
Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? (Philippe de Chauveron, 2014) : changement complet d'ambiance, puisqu'on passe ici à du film populaire franchouillard, qui fort de ces 12 millions d'entrées s'impose comme la comédie de ces dernières années.
Je m'attendais à un navet dans la veine du cinéma de Dany Boon/Kad Merad mais le film s'avère plutôt sympa, et profite d'un sujet très porteur puisque le multiculturalisme est une donnée aujourd'hui inévitable pour chacun d'entre nous. Étant moi-même issu de l'immigration et ayant des amis de toutes les ethnies, je me suis un peu reconnu dans le message du film.
En revanche, les gags sont assénés avec la subtilité d'un bazooka, et les acteurs donnent plus l'impression de faire un one-man-show face caméra que de vraiment jouer un texte. Je comprends le succès du film, mais je ne le vois pas détrôner un Rabbi Jacob.