Un petit retour dans le passé du cinéma, direction chez les expressionnistes allemands des années 20, avec une petite vision de l’œuvre fictionnelle de
Robert Wiene,
Les Mains d'Orlac, sorti dans les salles en 1924. Ce réalisateur a été un des pionniers dans son genre, notamment à travers l’œuvre énooooooorme qu'est
Le Cabinet du Docteur Caligari (datant de 1921).
Pour le coup, le diffuseur de ces pépites cinématographiques historiques ne change pas, ce sont ces chers amis d'
ARTE qui se sont occupés de repasser la numérisation (de qualité, chapeau haut, je voulais créditer la nana qui s'en était occupée mais je ne trouve aucun crédit sur le Net) qu'ils avaient en stock, de 0h45 à 2h15, hier soir -ou aujourd'hui très tôt, ce matin, comme vous le voulez. On passera outre les changements de ratios un peu chelous et les trous dans la pellicule...
Si j'ai précisé le genre au départ, c'est bien parce qu'il y a des thématiques récurrentes qui s'imposent la fin de la der des ders chez nos ami-es germaniques, et là, au vu du synopsis (voir après ce paragraphe), on va avoir la question centrale du double "je" abordé, de manière évidente.
À cause d'un accident de train, Paul Orlac, pianiste, perd l'usage de ses deux mains. On lui en greffe alors de nouvelles qui s'avèrent être celles d'un assassin récemment exécuté. Pris de panique et d'angoisse, il va douter de son emprise sur ces mains meurtrières.
Je n'avais pas vu ce film, pas d'attente particulière, on avait vaguement parlé en cours de Caligari et là, je tombe sur ça par hasard en zappant sur Arte, j'ai décidé de m'infliger ces fatigantes 1h30 de film muet, en noir et blanc, avec une composition d'accompagnement pour ainsi dire, très stressante, qui fait grave le taff. J'ai été étonnamment surpris de la maîtrise technique des scènes du début, qui sont pour la plupart très belles, et qui contrastent en qualité avec le reste du film. J'avoue que je m'interroge sur ce qui a pu altérer à ce point la bande seulement à certains endroits et pas d'autres, et par paresse intellectuelle (et qu'après 2h15, j'étais plutôt partant pour me pieuter), je ne me suis pas renseigné sur l'histoire de la conservation de la beau-bine.
Pour en revenir un peu plus concrètement au film, d'autres plans illustrent bien le genre (notamment la scène du piano) et valorisent grandement tout le travail de lumière exécuté, inhérent à l'expressionnisme allemand. Ça traîne en longueur néanmoins au niveau de la narration, et j'accuserai ici un manque d'organisation et un problème de gestion du rythme, parce que, c'est long, mais long, à certains moments. Après, je me questionne, est-ce un point de vue personnel, qu'en tant que spectateur de 2019, je dénote trop avec le contexte et le public visé de l'époque, est-ce que je suis trop exigeant, en sachant qu'aujourd'hui, rare sont les plans qui dépassent les 5 secondes, qu'on a un cinéma très souvent en action, que les réals/techniciens prennent vraiment leur temps dans le film et pour faire le film...
Enfin voilà, quoi. Je ne saurais donner un avis fixe sur
Les Mains d'Orlac, c'est juste moins timbré que
Caligari, et sûrement plus digérable par contre. Je retiens surtout que le suspens et la conclusion m'ont surpris dans le bon sens du terme, et qu'au final, plus qu'un simple film continuateur de la lignée de l'expressionnisme, Wiene donne d'autres types de tons aux explications de la folie humaine. Bon, j'admets que ce qui me dérange toujours un peu est l'omniprésence d'une sorte de contexte clinique un peu foireux, mais de toute manière, pour l'époque ça devait faire S-F.