Drive: LA VACHE. Quand je pense à touuutes les bouses que j'ai vu au cinoche l'an dernier. Quand je pense que le seul film qui m'ait vraiment fait décoller c'était Sucker Punch (même si j'ai adoré The Artist et Hugo Cabret). Et quand je pense que je n'ai pas vu Drive.
C'est difficile de parler d'un film pareil, avec une telle empreinte, un contenu finalement mince mais une telle intensité. Drive, c'est lancinant. C'est poétique, mais d'une poésie qui lui est propre. C'est laconique, mais tellement expressif. Comme son personnage principal.
Ryan Gosling est un acteur que j'aime depuis un certain temps. Je l'avais apprécié dans La faille, mais le film ne m'avait pas laissé un sourire marquant. Je l'avais trouvé très bon dans N'oublie jamais, mais je sais que je suis un coeur d’artichaut et qu'il est facile de m'avoir sur un sujet pareil. Je l'avais adoré dans Stay qui a été pour moi le déclic: pas seulement parce que le film est énorme, mais parce que son personnage, son jeu est énorme. Après Stay, j'ai noté son nom quelque part dans ma tête, certaine qu'il avait de l'avenir. Drive en est la preuve ultime. J'ai été complètement subjuguée par son jeu, qui atteint un équilibre parfait entre son côté taciturne qui rend le personnage très mystérieux, indéchiffrable, et la palette d'émotions qu'il nous offre et qui rendent ses pensées presque palpables. Et c'est beau. Avec ce que j'avais lu du personnage, je craignais un héros bourru et peu sympathique - il n'en est rien, bien au contraire.
A ce sujet, je regrette qu'une chose: l'avoir vu en VF (pas eu le choix, malheureusement) car j'ai trouvé le doublage un peu moyen.
Le reste du casting n'est pas moins impeccable: Bryan Cranston, Ron Perlman, Christina Hendricks, Oscar Isaac (décidément, 2011 c'était aussi son année à lui!),...
Drive nous fournit la preuve qu'on peut faire un bon "thriller" (à mettre avec des guillemets car le film concoure hors-catégories, selon moi) sans donner dans la surenchère d'action. Au contraire, certains passages sont assez contemplatifs mais ne font que mettre en valeur et donner leur force aux scènes plus mouvementées. Ici, tout est bien dosé et l'émotion est bien présente. Pas d'humour mal placé (je dirais même: pas d'humour du tout, ce qui est assez rare aujourd'hui pour être salué) ou de scènes incongrues. Bref, tout est juste.
Visuellement aussi, c'est parfait. Le montage, les plans fixes sur le visage de Ryan dans le rétroviseur, les lumières crues et contrastées, les ralentis, tout est parfaitement maîtrisé. On est dans l'ambiance en quelques secondes, c'est vraiment prenant et certaines scènes sont franchement sublimes. Aucune faute de goût à déplorer (à part peut-être les titres en rose, ça m'a fait un peu halluciner). Mais y'a des scènes... bordel, la scène de l'ascenseur! Frissons parcourant l'échine assurés.
La musique, très électronique, n'était à priori pas faite pour moi. Mais j'ai adoré. Elle colle à l'ambiance nocturne du film, lui confère une intensité incroyable, c'est assez indescriptible. Les silences aussi sont très bien utilisés, souvent lourds de sens, délicieusement pesants.
Je regrette de m'être laissée si longtemps rebuter par le titre et le sujet, à priori pas très attirants, mais finalement bien éloignés de la mélancolique bleutée et électrique du film. C'est indescriptible, mais on en redemande.
Dans un autre registre, je devrais bientôt voir Crazy, Stupid, Love: Ryan Gosling, je ne te lâche plus.