The Kingdom of Dreams and Madness (Mami Sunada, 2013) : un film documentaire qui suit le parcours de Hayao Miyazaki et du studio Ghibli depuis la production de
Kaze Tachinu jusqu'à l'annonce de la retraite du réalisateur.
De gauche à droite : Hayao Miyazaki, Toshio Suzuki et Isao Takahata Immersion totale dans le quotidien du studio Ghibli, dont on saura plus tard qu'il s'agira de la dernière année en tant que studio de production de long-métrages. Si le film s'impose quelques notes historiques, l'idée n'est pas ici de retracer la carrière d'un homme mais plutôt de le suivre dans son intimité créative, de percer la bulle Ghibli pour découvrir les hommes et femmes qui ont fait tourner l'usine à rêves.
La caméra suit le Maître dans ses moindres déplacements, attendant l'occasion de le voir sortir telle ou telle réflexion sur tel ou tel sujet. Miyazaki étant semble-t-il très bavard, ça ne rate pas et on le voit donner son opinion sur toutes sortes de sujets : le sens de la vie, l'animation, le cinéma, le nucléaire, les otakus, etc. On pénètre parfois à pas feutrés dans son intimité, lorsque Miyazaki nous parle de son père, de son mariage, ou de son enfance durant la guerre.
La thématique principale du film étant de montrer le tissu de relations humaines qui se forment autour de Ghibli, énormément d'intervenants sotn convoqués parmi les collaborateurs de Miyazaki. Si tous sont clairement respectueux de l'homme -comment en irait-il autrement, il dégouline de charisme à chaque apparition- ils ne sont pas nécessairement complaisants avec lui, comme lorsque cette animatrice (le staff de Ghibli est semble-t-il très féminisé) explique que la pression exercée par le Maître oblige les employés de Ghibli à se soumettre ou à s'en aller.
Ceux qui recherchent des anecdotes de production seront aux anges, le film ne cessant de faire mousser le fan via la parole de Toshio Suzuki, producteur et communicant qui sait parfaitement comment présenter les choses sous leur jour le plus spectaculaire. J'ai personnellement beaucoup aimé la séquence où "Miya-san" et Suzuki sont à moitié hilares durant une importante réunion de production lorsqu'ils évoquent pour la première fois le nom de Hideaki Anno pour incarner le rôle principal du film, sous l’œil médusé de leurs collaborateurs.
L'image du film est sublime, le cadre du studio Ghibli étant une vraie mine d'or d'un point de vue photographique. Le lieu en lui-même est fascinant, une vraie caverne aux trésors où des objets hétéroclites s’amoncellent autour des postes de travail des artistes, en même temps que ce chat japonais se promène librement dans le studio en évitant toutefois de s'approcher trop près du petit coin en bout de salle où Miyazaki dessine ses genga, du matin au soir, selon un rythme immuable.
Ce film est un document précieux, évidemment indispensable aux amateurs des films Ghibli, qui représente un témoignage touchant et humain d'une certaine école, désormais appartenant au passé, de l'animation japonaise.
'nuff said.