Remise en ligne de la critique paru dans le sujet "vos critiques".
Soyons bien clair: le simple fait que nous nous soyons disputer durant des jours dessus prouve l'importance de cet anime. Qu'on l'aime ou non, n'importe qui s'intéressant à l'animation doit le voir pour se faire son idée. Outre le caractère innovant de l'anime, il pose aussi les bases d'un questionnement sur l'humain particulièrement intéressant, que l'on soit d'accord ou non. Donc, Eva est à voir. Pour autant, il se compose toutefois de trois parties différentes aux multiples avantages et défauts.
1-(de l'épisode 1 à 14): une phase de mecha classique.
Durant ce moment, l'anime nous présente à l'aide d'une animation certes conventionnelle mais efficace un univers futuriste et apocalyptique, dans un Japon marqué par les cataclysmes et la guerre contre les Anges. Cette ambiance générale est vraiment un des atouts majeurs de la série: son monde captivant tout bon fan de Sf contribue à une immersion complète du spectateur dans des scènes d'action majestueuses et stressantes, s'appuyant sur une bande son à couper le souffle. Evangelion plus qu'aucun autre anime sait comment nous tenir en haleine et faire monter le suspens et la pression jusqu'à la confrontation finale. De plus, le mystère ambiant autour de Nerv et des Anges participent à créer un mystère, une intrigue qui poussent à continuer de regarder.
Toutefois, cette partie souffre d'une certaine répétitivité: chaque épisode possède une structure de narration similaire et prévisible, ce qui fait que l'on avance pas vraiment dans l'histoire. Cette partie sert à nous familiariser avec les personnages: or, quel que soit la version, le doublage est un échec. Non seulement, cela crée une distance avec le personnage, mais cela accentue leurs défauts. Or, dans cette partie, on peut accuser la majorité d'entre eux de n'être là que pour le fan service, qui résume en plus l'humour de la série. Cet marque de fabrique Gainax décrédibilise des personnages comme Rei que nous sommes censés prendre au sérieux. Ajoutée une certaine forme apparente de manque de développement des personnages, et vous obtenez la faiblesse de l'anime: des êtres fades et sans reliefs, auquel on ne s'attache pas.
Je n'y compte pas Shinji. Il est bien complexe que ça.
2-(épisode 15 à 24): tout devient sombre.
L'épisode 19 est pour moi le meilleur épisode de la série. Il marque l'apogée de la véritable réflexion qu'apporte le personnage de Shinji: devoir ou non se battre et au nom de quoi. La série en effet se recentre sur son histoire, et l'ensemble se complexifie avec l'introduction d'un conflit plus secret derrière la lutte contre les Anges. L'aspect action prend une tournure plus désespérée mais laisse aussi un peu de place pour un côté enquête où règne une paranoïa et la peur malsaine du complot. Le mystère est particulièrement fort, et la série développe des thèmes plus philosophiques et plus matures: la limite entre bien et mal cesse petit à petit d'exister comme le prouve le personnage du commandent Ikari. La série perd son côté manichéen pour offrir un point de vue sombre sur un combat de moins en moins glorieux et ou la méfiance règne...
Avec ce tournant, les personnages perdent leur côté fan service au profit d'un développement décent...enfin presque: tous personnages souffrent tous d'un conflit avec un de leur parents. La première fois avec Shinji marche, les autres fois non: appliquer encore et encore la même formule avec des manières différentes, ce n'est pas développer ces personnages qui demeurent pour la plupart, vides, donc toujours aussi peu attachants. Bien sûr, on peut analyser leur comportement antérieur en fonction des révélations, mais mis à part pour Asuka, aucun indice ou signe de tel traumatisme n'était visible, conférant encore une fois une artificialité au personnages. D'autant plus que certains révèlent leur véritable but: exposer au milieu de nul part des phrases de morale évidente. Au lieu de nous montrer, l'anime explique avec une certaine lourdeur: aucun effort n'est fait pour que l'on ne s'aperçoivent pas qu'au milieu d'une scène intense, une maxime cassant le rythme vient d'être déclamer. L'anime accumule aussi les scènes "métaphoriques", qui si elles ne sont pas inutiles, perdent de leur efficacité par des choix artistiques douteux: encore une fois, le fan service tue toutes formes de sérieux.
Mais, le cas Shinji est à part.
3-(épisode 25 et 26): une conclusion qui fait réfléchir.
On reproche à cette fin d'être peu claire: ce défaut n'est pas justifié, l'ensemble se tient parfaitement comme conclusion de l'anime même si là encore, on explique plutôt que montrer. mais à l'inverse de la phase précédente, ce choix se justifie par le haut niveau philosophique de la réflexion, qui nécessite d'entrer au sein des délibérations des consciences des personnages. C'est un passage fondamental, qui amène le spectateur à s'interroger sur la nature humaine. Une légère tension reste présente, mais dans l'ensemble, Evangelion dans ces derniers épisodes quittent le domaine de l'animation et de la narration pour vraiment discuter avec nous.
Mais là encore, des défauts se produisent. Déjà, le message diffusé a déjà été matraqué tout le long de l'anime: nous ne faisons que le ré-entendre de manière plus claire et précise, mais cela n'enlève rien à la redondance. De plus, on en arrive à un autre défaut des personnages que souligne la répétition: quel que soient les événements, les personnages n'apprennent jamais rien. Une leçon découverte dans un épisode sera oubliée dans le précédent. Pire des événements se déroulant dans la première partie sont volontairement négligés, en particuliers pour faire remonter le traumatismes d'Asuka. Là encore, on garde un sentiment d'artificiel, augmenté par la rapidité à laquelle Shinji finit par être convaincu, comme presque tous les personnages de la série d'ailler: après deux épisode entiers d'exposition de théories, il lui faut pas même 20 secondes pour en finir avec sa dépression et finir l'anime souriant.
En parlant de dépression, parlons de Shinji.
4- Je dois avouer, que j'apprécie et déteste ce personnage à la fois. Enlevons son côté geignard le temps de cet analyse: on se rend très vite compte que les problèmes auxquels il doit faire face ne se résument pas à juste une dépression. Il y a d'abord son rapport à la guerre, au combat, au fait qu'il ne veut pas être un soldat. SE fond dans cela un conflit des générations, le seul aborder de manière correct, où le commandent Ikari incarne à la fois le supérieur détesté et le père à tuer. Ces deux aspects là, sont justes excellents et délivrent la seule véritable relation de cet anime, entre un père autoritaire et son fils devenant homme, entre un général ambitieux et un soldat désabusé par l'horreur. Tout simplement géniale...
Alors pourquoi tout rassembler sous la prétendue dépression de Shinji qui se manifeste par son insociabilité? Et puis d'ailleurs quel insociabilité? Tout au plus de la timidité, mais certainement du rejet totale de l'autre. La vraie dépressive est Asuka, dont la situation contraste avec le caractère faux de cet aspect de Shinji. On ne s'étonnera d'ailleurs pas que ce point est toujours dit, jamais montré. Et lorsque la série veut à tous prix se concentrer sur cette "dépression", on perd du coup tout rapport avec ce qui a été fait précédemment pour que l'argument tienne. C'est d'ailleurs ce qui gâche en partie la fin, qui du coup, s'appuie sur du vide. De plus, si j'y rajoute les gémissements incessants du bonhomme, et là, il parait juste se créer des faux problèmes qui cachent les vrais.
Shinji est intéressant, et même appréciable. Mais en se trompant sur la nature de ce qu'elle a elle même fabriquer, la série passe à côté de tout un champs de réflexion qui pour heureusement, atteins son apogée à l'épisode 18 et 19. Mais le mal est fait, et Shinji perd notre attachement, là encore, à cause du caractère artificiel des personnages, véritable plaie de l'anime.
5 (et dernier): un facteur très personnel.
Je serais brève: j'ajoute qu'un autre facteur m'a déplu, c'est le message philosophique de l'anime valorisant l'ultra subjectivité de l'être et de la vérité. Pousser cette réflexion à l'extrême, vous obtenez des résultats désastreux. Mais le but de l'anime est plus de lancer a conversation je suppose, ce en quoi je trouve sa démarche intéressante et originale qui nous conduit à questionner et à réfléchir sur l'anime.
Conclusion: Neon Genesis Evangelion est une histoire excellente, nous invitant à penser par nous même et, à partir de cet univers apocalyptique métaphorique, à toucher du doigt la philosophie et la question de l'être et du bonheur. Mais, à cause d'un doublage lamentable et de personnages absolument artificiels et ratés, n'éveillant aucun attachement, la série est tirée vers le bas et se perd dans les méandres de sa propre réflexion par une méconnaissance de ses propres protagonistes. Du coup un si grand potentiel, une si grande matière à débattre se retrouve contrainte par la forme des choses à n'être qu'un bon anime, et non le chef d'oeuvre qu'il prétend être et qu'il aurait dû être.
7/10
Meilleur moment: l'opening, l'épisode 11 et surtout, l'épisode 19
Meilleur personnage: le commandent Ikari.
Merci pour votre attention.