Bah, moi aussi je conçois l'animation jap comme un art à part entière
ce que tu ressens à propos de l'animation est transposable au sujet du cinéma. On voit tous les jours des sutdios ayant les dents lognues sortir merdes sur merdes, mais ça ne les empêche pas non plus de sortir des projets parfois étonnants, ou des blockbuster de grande qualité.
Gonzo à l'heure actuelle pourrait être comparé à une major de type Warner bros, en terme de puissance. Mais Gonzo n'a pas la respectbilité acquise par les ans. Warner Bros produit un max de merdes, mais en définitive quand un bon réalisateur arrive, il est capable d'achever un chef-d'oeuvre, sans trahir les exigences commerciales de la filiale (et je ne parle pas des Kubrick et Eastwood qui ont carte blanche).
J'ajouterai que dans le cadre de Gonzo, ce sera probablement encore plus facile parce que le cahier des charges en ce qui concerne l'animation, est un peu moins contraignant, notamment en terme de "politiquement correct" (idéologie donc). C'est ce qui permet à Gonzo de pondre des séries très commerciales mais très impressionnantes (Gankutsuou toujours désolé Gemini
: le mélange est quand même étonnant non ?). Gonzo ne force pas les gens qui bossent pour lui : ils cherchent des gens capables de leur rapporter un max, mais après ils les laissent assez libres quant à la réalisation (je parle des animés destinés à un public d'ados et plus).
Contredis-moi si je me trompe, j'ai l'impression en te lisant que tu conçois un marché à deux vitesses, la première comme animation "d'auteurs" (même pas indépendants : il n'y a que Shinkai que ait pu l'être au début), la seconde comme empire des studios.
Ce n'est pas utopiste de croire que l'animation est un art, je le pense absolument, mais à mon sens il est très difficile de créer une ligne de démarcation entre nullité commerciale et art "pur", puisque c'est le même support. Quant à la préoccupation commerciale, elle est essentielle, tout le cinéma en tient compte, l'animation aussi. Les "auteurs" eux-mêmes ne conçoivent pas des oeuvres pour qu'elles soient maudites.
Ce n'est pas la liberté qu'on accorde à un réalisateur qui compte : certains réalisateurs sont faits pour travailler sous la contrainte, c'est même là qu'ils sont les meilleurs parfois (Maeda chez Gonzo), parce qu'ils possèdent un talent particulier pour ça, qu'ils ont besoin d'un cadre rigide afin d'avoir quelque chose contre quoi lutter / avec quoi jouer. Et si tu les laisses tout seuls, ils feront peut-être une bouse ; et pour d'autre c'est l'inverse.
Enfin, je suppose que tu reconnais à Rintaro, Miyazaki, Kawajiri, etc. le statut d'artistes. Pourtant eux-mêmes ont été formés à l'époque atroce des séries manufacturées à 200 à l'heure, et ils ont commencé depuis tout en bas en tant qu'animateurs anonymes dans les plus gros studios qui soient, et les plus "capitalistes". Ce n'est qu'au fil de leur carrière qu'ils ont pu dicter leurs exigences, parce qu'ils ont acquis de la notoriété. Je ne vois pas pourquoi Gonzo serait à isoler des autres studios, qui ont beaucoup plus d'animés à leur actif, et qui ont tous commis un nombre incalculable de merdes. Tout studio a des exigences commerciales, même Ghibli, qui bénéficie d'une aura bienveillante à cause de ses héros poilus. Je ne vois que le Studio 4°C qui soit capable de tout oser, et qui est le seul d'ailleurs à être respecté pour ça... parce qu'il table sur un public d'intellos comme nous, ou d'artistes exaltés.
Aucun studio ne cherche à faire de l'art. Le directeur est un PDG payé pour rentabiliser. C'est l'équipe en charge d'un animé qui fait tout, avec ou sans l'aide des studios.
Bien entendu, selon la puissance de l'équipe en question il y a plus ou moins de pression. Ce n'est pas dur d'attendre des chefs-d'oeuvre de Madhouse : la boîte appartient à ceux qui font ses films...
Pour ce qui est de notre approche des dessins animés on n'a pas la même façon de penser ; je ne cherche pas vraiment d'oeuvres qui me "touchent", je cherche plutôt des oeuvres qui me surprennent et qui me montrent ce dont est capable le support animé, quand bien même je n'aimerais pas. Je regarde plus les dessins animés avec un oeil curieux. Bien entendu, si en plus je peux verser une petite larme ou trembler d'émotion, je ne dis pas non, mais c'est accessoire
.
Concernant les animés capables de radicalement modifier notre façon de penser, je n'y crois pas particulièrement, parce que l'aniamtion est un support populaire dont la vocation première est de divertir. Les génies dans ce domaine sont ceux capables d'infléchir à tel point les exigences du divertissement, qu'ils en font un art (qui peut occasionnellement bouleverser notre façon de penser, tu n'as pas tort non plus). Mais des animés comme ça, je suis sûr que tu pourrais les compter sur les doigts de Django... je veux parler des séries TV (au cinéma c'est encore autre chose).
En général, je regarde toujours le nom des membres de l'équipe en charge du dessin animé, et après je regarde le nom du studio. Puis je me fais ma petite évaluation en croisant les données ; bien sûr, ce sont généralement toujours les mêmes qui bossent pour les mêmes boîtes...
Et parfois, le changement de studio ne change en rien la médiocrité : Witch hunter robin / Ergo proxy.
J'espère qu'on ne va pas se fâcher là-dessus, ça n'en vaut pas la peine, et je ne cherche pas à te convaincre, ton point de vue me plaît aussi, et je suis capable d'en user moi-même.
En tout cas je tiens à te remercier pour ce sujet parce que ça me passionne vraiment, Gonzo est effectivement un monstre étonnant, mi-commercial, mi-????