Spec Ops The Line que je visualisais comme un FPS réaliste avec un scénar. Ben ça n’était pas absolument pas ça. Pas un FPS pour commencer puisqu’il s’agissait d’un TPS extrêmement ressemblant à Gears of War par exemple. Emplacement des touches, actions possibles, tout y est identique sauf la carrure du personnage qu’on doit planquer derrière un muret. Il est dommage de voir que le genre a tendance à énormément repomper sur ce jeu depuis sa sortie. Même s’il a apporté son lot d’apports utiles, il serait peut être temps depuis 2007 de se décoller un peu des mécaniques qu’il a presque rendues obligatoires. Pour autant dans Spec Ops ça reste très efficace même si j’y ai retrouvé LE problème récurrent au genre, les moments où le personnage se met en mode *je fais n’importe quoi alors qu’on me canarde*. Concrètement le protagoniste ne veut pas se coller à la paroi qui pourrait le sauver d’une mort imminente.
Je le pensais réaliste, que ce soit dans le gameplay ou même l’histoire après quelques révélations il ne l’est pas vraiment. Gameplay puisqu’il faut pas mal de balles avant de crever, de même que certains ennemis sont toujours debout après 6 coups de lance-grenade bien placés (c’était peut être un boss ceci dit). Mais aussi et surtout au niveau de l’histoire. Sans vous spoiler (je ne pense pas qu’il y ait ici quelqu’un qui compte faire un jour ce jeu mais sait-on jamais), il arrive un moment où l’histoire devient totalement WTFesque, surréaliste, on vous fait croire que c’est le produit de votre imagination…
Dernier point, le jeu aurait selon les critiques une bonne histoire (notez la transition de fou). Je pense qu’il y a tromperie sur la marchandise. Ce n’est pas l’histoire qui est bonne, c’est la façon dont elle est narrée et représentée. En soit mis à part les rebondissements de fin qui sortent vraiment de nulle part (et de fait pas mal foutus), le tout est surtout prétexte à mitrailler. Mission de reconnaissance à Dubaï suite à une coupure totale de la ville par des tempêtes de sable. Arrivé sur place on se rend compte que le FBI et l’armée américaine lutte l’un contre l’autre pour la domination de la ville. Je parlais de narration, celle-ci est excellente, vraiment. Pour vous expliquer, si le jeu est dirigiste dans la façon dont on doit se déplacer dans des couloirs, il l’est beaucoup moins sur la façon dont les événements s’enchaînent. Il arrive en effet que le jeu fasse une pause pour vous poser une question, à vous d’y répondre, vos relations avec vos coéquipiers changera grandement. Par exemple il arrive un moment où l’on vous propose d’utiliser une arme dévastatrice parce que vous êtes dans le pétrin. Vous choisissez de galérer avec vos 30 pauvres munitions contre des dizaines de soldats ou utilisez l’arme ? La réponse saute aux yeux, mais voilà qu’après on se rend compte qu’il y avait des civils dans le groupe bombardé. Et Spec Ops n’hésite pas à vous montrer l’ampleur des dégâts, mère avec son enfant dans les bras calcinés par votre faute. Concrètement j’ai regretté au cours de ma première partie absolument tous mes choix. Qu’ils me semblent légitimes, justes, ils finissaient toujours par être regrettés, et le personnage que vous dirigez vous le fait bien comprendre en se remémorant ce que vous l’avez fait faire. Il y a une véritable force insufflée par cette idée, c’est juste génial.
En dehors de ces trois points, il est également à noter que l’OST est excellente du début à la fin. Pour vous dire c’est peut être une des meilleures que j’ai pus écouter. Chaque musique colle totalement à l’action, elles sont bien mises en avant, se renouvellent, on a mêmes des chansons car une radio diffuse ces tubes (un peu à la manière de Fallout 3. Enorme d’entendre Bad Boys alors que vous trucidez une dizaine d’ennemis
). Les voix anglaises sont convaincantes. Le jeu dans son support console est aussi plutôt beau, quelques textures mises à part (mais ça je m’en fous un peu).
Plus largement je dirai que ce jeu est une critique des pratiques de l’armée américaine, aussi bien à l’heure actuelle qu’au Vietnam. Vous contrôlez une soldat américain, l’ennemi est américain et pas une énième fois je ne sais quel groupement russe ou afghan. Plus qu’une armée, vous vous affrontez vous-même aux travers de vos choix. Cette façon de peindre les familles de civils déchirées par les guerres, l’utilisation d’armes dévastatrices, les viols, meurtres injustifiés, le tout me donnait une étrange impression de rétrospective de ce qu’a pu faire l’armée jusqu’à aujourd’hui, cachant sans cesse les dommages provoqués via une désinformation qui perdure. Il y a une désacralisation de l’image du soldat héros et protecteur. Et puis le thème d’intro, hymne américaine désynchronisée et dissonante qui part en live, si ce n’est pas un message, je ne comprends pas. Rien que pour ce parti pris Spec Ops The Line est à mon avis un jeu à essayer.