Je n'ai pas vu de topic semblable ici, n'hésitez pas à le déplacer si je me suis fourvoyé. Je sais qu'il existe un topic a priori similaire
ici, mais ce dernier traite de la japanimation en général. J'estime préférable d'en discuter dans un topic à part pour éviter de parasiter les débats et que ça parte dans tous les sens.
Il y a beaucoup à dire alors j'essaierai d'exposer mes pensées de façon claire. N'hésitez surtout pas à me critiquer et proposer votre propre opinion.
1) Les cibles du marchéJe choisis des mots volontairement économiques parce que c'est de ça qu'on parle aujourd'hui : du commerce. Quel est le marché de la japanime en France ? Aucune idée. Ça peut paraître démentiel dans la mesure où aujourd'hui on fait des sondages pour tout mais il n'y aucune étude possible sur le potentiel du marché de la japanimation en France. Peut-être les éditeurs en des camemberts dans leurs manches mais pourquoi ne pas les communiquer. On aurait vite tendance à devenir paranoïaque et dire que l'absence de chiffres permet à tous ceux qui le souhaitent de ne voir dans les otak' que des ados boutonneux en crise identitaire et déconnectés de la réalité. Ça ferait tâche de déclarer que de futurs (ou actuels) ingénieurs, médecins... regardent des japoniaiseries. Mais je suis peut-être parano effectivement.
Le seul chiffre - ou plutôt nombre - somme toute impressionnant est celui-ci : 14 millions. 14 millions de mangas vendus en France chaque année. Cela fait de notre pays le deuxième marché mondial de ce genre de publications, derrière le Japon bien sûr mais devant les États-Unis ! Je pense aussi qu'estimer que la population du manga et des animes n'est pas une estimation grossière. Mais alors combien de lecteurs ? On n'achète pas qu'un manga par an. D'un autre côté, il y a le prêt (à la bibliothèque ou entre amis) et le scantrad. Les éditeurs disent qu'il faut doubler voire tripler les ventes d'un livre pour connaître le nombre réel de lecteurs. On doit parfois multiplier ce nombre par 5 dans le cas des BDs. Combien pour les mangas ? Je pense souvent au nombre de 10 millions mais je vois peut-être trop gros. Quoiqu'il en soit, peu importe comment on regarde les choses, ce n'est pas un marché de niches.
2) HistoireCette partie sera assez courte, tout le monde ici je pense la connais. Le club Do', malgré l'image exécrable qu'il a pu donner à la japanimation pour les raisons que l'on connait a fait énormément. Les chaînes - notamment les toutes nouvelles chaînes privées - doivent créer des programmes jeunesse à prix coûtant. Les animes japonais sont à l'époque un choix parfait. Problème : des séries destinées aux adolescents sont diffusées tôt le matin à des gamins de moins 10 ans. Les politiques se déchaînent pour critiquer leur violence (critique légitime, le public visé n'était pas le bon). Double problème, les éditions françaises s'auto-censurent et doublent un peu n'importe comment et coupent des pans de scénario entiers. Résultat : le tout ne veut plus rien dire et on peut critiquer allégrement la stupidité.
Il n'empêche que toute une génération a été nourrie au sein d'AB. Plus tard, ils se sont tournés vers le fansub, convertis les plus jeunes et lancés une dynamique qui n'a s'est arrêté qu'il y a peu. Mais c'est plus qu'un phénomène de mode aujourd'hui, c'est une part culturelle.
3) L'image de la japanimeLongtemps elle a été mauvaise. Encore aujourd'hui, nombre de politiques - et pas seulement Segolène Royal - et de journalistes regardent d'un mauvais œil les "japoniaiseries". La haine remonte au club Do' et relève aussi d'une incompréhension culturelle. Pour les occidentaux, les dessins animés sont pour les gosses, ce n'est pas forcément le cas des animes. Après il faut relativiser, les animes n'ont pas très bonne presse au Japon non plus. Il n'empêche que le fiel a un goût amer.
Les choses changent petit à petit. Même Télérama s'est découvert un peu avec Monster. Gankutsuou a été diffusé dans un musée à l'occasion d'une exposition.
4) Prix et politique éditorialeLa multiplication des chaînes avec la TNT offre un plus grand espace de diffusion possible encore largement sous exploité. C'est en bonne voie, mais trop lentement. Je ne pense pas faire une annonce fracassante en disant qu'une bonne part de l'avenir de la japanime en France passe par la diffusion sur les chaînes de télé et les revenus publicitaires qui vont avec.
Peu de gens peuvent investir autant dans des séries en DVD. 50 € pour une série de 26 épisodes me semblent une limite mais c'est malheureusement une limite basse dans la plupart des cas. Et pour nombre des séries que j'ai vues, je n'ai pas envie d'en posséder les DVDs.
Tant qu'il n'y aura pas une alternative raisonnable au fansub, pas de salut. Et l'affaire Goldorak n'a pas vraiment aidé.
ConclusionJe suis pour le développement du marché de la japanime en France. Des VF de qualité, de bonnes éditions DVD à des prix raisonnables et une image de marque enfin restaurée. Ce ne sera pas facile mais je suis persuadé que le poids du public finira par l'emporter. Peut-on enfin espérer que les diffusions télévisées ait une visibilité ?