En ce moment, je lis le premier tome (chapitres 1 à 46) de
Au bord de l'eau, de Shi Nai'an, qui est l'un des "quatre romans classiques de la littérature chinoise". Je suis certain que Shadow l'a dans sa bibliothèque ~
Je me le suis surtout procuré par curiosité, vu que je touchais pas mal aux romans historiques japonais (des enquêtes, principalement) ces derniers temps, et que plus ceux-ci sont anciens, plus on distingue à quel point les habitudes japonaises sont héritées de la culture chinoise.
Bref, moi, je n'en savais rien, et au fil de mes achats, je suis tombé sur Au bord de l'eau.
Honnêtement, le début m'a paru très indigeste. C'est un peu comme la première fois que j'ai ouvert une vieille édition de
Gargantua (pardonnez ma référence bidon, en plus Gargantua, c'était pire, avec du vieux françois et tout et tout ~), les bonhommes causent bizarrement, les préfaces sont interminables (50 pages environs, l'histoire de l'édition du bouquin, je m'en fiche un peu personnellement... j'imagine que ce n'est pas le cas de tout le monde, mais bon !) et on met un temps fou à s'adapter à l'ambiance et à prendre goût à l'histoire.
Parce qu'effectivement, après une centaine de pages où j'avais l'impression qu'on me parlait de la vie de protagonistes sans intérêt (en mode accéléré en plus), il se trouve que l'auteur commence à narrer l'épopée de personnages un peu plus intéressants. Apparemment, on va suivre ainsi 108 protagonistes malmenés par l'existence et le côté administratif de l'empire, forcés de "se cacher dans l'herbe", formule amusante qui consiste à embrasser la vie de bandit.
Ce qui me plaît là-dedans, c'est qu'on a là une oeuvre qui sert de références à énormément de mes centres d'intérêts actuels. Je pense bien entendu à
Suikoden qui est une adaptation vidéoludique du concept de cette histoire, voire même à
Saint Seiya Hadès qui reprend les 108 étoiles sous lesquelles sont nés les héros du roman pour construire les antagonistes de l'armée ennemie (des exemples, en fouinant un peu, on devrait pouvoir en trouver bien d'autres ~).
De plus, j'avais dans l'idée de masteriser une partie de jeu de rôle à Qin, les Royaumes Combattants sous peu. Ce n'est pas ma motivation principale, mais ça joue. Détail assez amusant : les descriptions vestimentaires sont toujours plus ou moins à rallonge, pleines de détails et de point-virgules. La première fois, c'est un peu troublant.
Il portait sur sa tête un bonnet de crêpe, à la mode des Thang. Son vêtement se composait d’une robe violette à dragons brodés ; sa ceinture était une belle écharpe, sur laquelle on découvrait une foule d’emblèmes, signes caractéristiques de ses grades dans l’ordre civil et dans l’ordre militaire ; il avait sur sa robe, à dragons brodés, un petit manteau sans manches, d’un magnifique tissu, qui descendait jusqu’à la ceinture ; sa chaussure consistait en une paire de bottines, ornées de petites pierres précieuses ; on avait brodé sur chacune un phénix, aux ailes déployées.
Et encore ici, il s'agit d'un petit exemple. Parfois, c'est tout une demi-page qui s'emploie à décrire l'habit du bonhomme ~
Sinon, il y a un décalage évident avec "nos valeurs modernes". Et vas-y qu'il te trucide, te bastonne à tour de bras, te brûle ta maison, ta famille, tes amis, mais hé ! C'est encore un bon gars ! Respectueux de ses "frères aînés", honorable dans ses engagements et fidèle à l'empereur. Pareil pour les "méchants", qui font des crasses pas possibles mais on leur en veut pas, ils ne font que suivre les ordres !
Du coup, forcément, je ne ressens qu'à moitié cette espèce de "noblesse de cœur" qu'on est censé associer aux personnages. Le côté "brute pataude truculente", je l'ai bien perçu par contre. Les noms dont se traitent les gens entre eux sont... impayables ~
La première fois que j'en ai lu un interpeller l'autre de la façon suivante :
"Vil pûtassier violeur de ta mère !", j'en suis resté comme deux ronds de flan. Surtout que ça continue à s'injurier joyeusement, avec des chapelets d'insanités toutes les deux pages (pour l'un des personnages en tout cas).
En tout cas, c'est une lecture plutôt vivante, qui n'ennuie pas (tant qu'elle reste dans le vif du sujet en tout cas), et dont la construction me paraît plutôt intelligente. Tous ces personnages évoqués voient leurs destins se croiser, de près ou de loin, et l'on sent qu'à un moment ou un autre, ils se retrouveront tous comme prévu pour former leur vilaine bande de brigands ~