Carbone Modifié, cycle Takeshi Kovacs, tome 1
Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois. C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête : un riche magnat veut élucider sa propre mort. La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ?
(source : Babelio)Amis du polar noir à la sauce cyberpunk, ce livre est fait pour vous
Parce que notre protagoniste est loin d'être un modèle de vertu, parce que le monde dans lequel il évolue est plutôt éthiquement discutable, parce que les personnes qui le régissent sont pourries jusqu'à la moëlle, parce que les personnages qu'on croise ne sont jamais tout noir ou tout blanc (bon, peut être à 1 ou 2 exceptions près), on a là un récit plutôt soigné et bien ficelé.
L'humanité a évolué, on a enfermé "l'âme" dans un composé métallique. Le corps n'est désormais plus que relayé à l'état d'accessoire. Vous voyez où je veux en venir?
La mort telle qu'on la connaît est denrée rare, quasiment toujours remplacée par des dégâts organiques, mais le vieillissement de "l'âme" perdure.
Le changement de corps (d'enveloppe) révèle des inégalités sociales très marquées, les riches pouvant même se permettre des sauvegardes à distances et des enveloppes perfectionnées. Le rêve de la vie éternelle ou presque semble être atteint pour une élite.
Les voyages entre les planètes ne sont plus un problème de temps mais de transfert de données.
Bref, le corps et l'âme sont devenus des produits.
Et même si le livre, en tous cas le premier tome, ne pose pas clairement les réflexions, elles sont induites, et les réflexions commencent à se creuser doucement.
Dans l'ensemble, c'est bien écrit, on est pas dans de la SF trop compliquée, une fois les bases acquises on surfe sur le livre et on profite de l'histoire, qui est plutôt prenante et bien écrite.
En parallèle de l'enquête, on découvre le background de certains personnages, qui mérite d'être approfondi pour certains. Je compte sur les 2 autres tomes pour creuser tout ça.
Mais malheureusement il y a un
mais, qui m'a hanté pendant ma lecture : la comparaison avec
l'adaptation la série Netflix, qui est une des rares pépites de la plateforme, il faut bien le dire.
Je me permet un glissement sur la série. Car non, je n'appelle pas ça une adaptation. Ils ont pris les personnages (en tous cas les noms), les lieux, l'histoire dans son résumé le plus strict (genre 3 lignes), et ont tout changé. Pour donner quelque chose de génial, et c'est peut être ça le gros défaut, c'est tellement transformé que parfois on ne reconnaît même plus l'histoire, et sûrement pour le bien du format série. Je vais prendre un exemple facile et pas trop spoilant : le protagoniste, Takeshi Kovacs.
Alors que dans le livre il est plutôt froid, calculateur, sympathique mais beaucoup dans la réflexion, un peu dans le remords mais sans plus, la série Netflix l'a transformé en bombe humaine, plus dans l'impulsion que dans la réflexion (sans être un gros teubé qui fonce droit sur tout non plus) et surtout dépressif voir suicidaire. Ce qui le rend plus attachant (l'acteur qui le joue dans la saison 1 aide aussi, faut se rendre à l'évidence :3 ). D'ailleurs la série est plus dans l'émotion que la réflexion, ce qui donne des moments très forts . Et même si les grandes qualités de la série sont absentes du livre (ou presque, Bay City cette claque visuelle <3 ) ses défauts n'appartiennent qu'à elle, et ça c'est une très bonne chose.
Quand je parle de la série, je parle de la saison 1, la 2 étant une sombre suite dont l'intérêt est proche du néant, le casting un peu foireux, le scénario qui s'attarde sur des trucs osef et qui passe à côté de ce qui aurait été très cool, et les décors digne d'une série B. Si vous voulez voir un truc plus proche des livres dirigez vous vers le film d'animation Resleeved, de très bonne facture et avec un bon scénar.
Bref, mon cerveau ayant été conditionné par cette saison 1 et ses qualités, j'ai une impression mitigée. Mais ça vient du comparatif.
Car c'est une bonne lecture, les événements se déroulent de manière assez logique mais pas prémâchée, certains chapitres sont un peu perturbant dans leur écriture, mais ça colle au ressenti à l'instant T du protagoniste, puisque la narration est à la 1° personne.
Au final, malgré cet arrière goût un peu bizarre provoqué par la série, c'est un bon bouquin dont j'ai plutôt hâte de connaître la suite.