Bioshock Infinite (PS3) : un jeu qui restera dans les mémoires pour le bad buzz à retardement dont il fut l'objet l'an dernier. Auréolé de critiques dithyrambiques à sa sortie, le jeu se présentait comme un des prétendants sérieux au titre de GOTY avant que tout ce beau monde ne retourne sa veste et ne se mette à fracasser le jeu par-derrière. On se souvient du cas insolite de ce gros site américain qui avait gratifié le jeu d'un joli 9/10 à sa sortie, pour après se désavouer et donner un 4/10.
Pour ma part le jeu ne mérite aucun des deux extrêmes, il se place à exacte équidistance des deux.
Le jeu se présente comme un FPS linéaire mâtiné d'aventure, une grosse partie du jeu consistant à fouiller les moindres recoins de la map pour grappiller quelques sous servant à acheter des upgrades pour les armes et les Toniques.
Car il y a un twist : en plus de ses armes le joueur peut utiliser des super-pouvoirs aux effets variés permettant de tuer les mobs de manière relativement créative. Globalement le jeu est fun à jouer, l'exploration est vivement encouragée grâce aux décors superbes et à l'ambiance steampunk très travaillée. Fini en mode normal en deux soirées et demi, le jeu n'a pas posé de grosses difficultés d'autant que les morts ne sont pas vraiment pénalisées - dans ce mode tout du moins.
Le bébé de Ken Levine s'est fait remplir à cause de son scénario, une critique juste puisque que le jeu est très narratif et pas uniquement par les dialogues (les environnement traversés racontent leur propre histoire silencieuse). Et lorsqu'un jeu nous impose une narration, soit par le dialogue soit par la contemplation de décors signifiants, alors cela devient un critère de jugement aussi valide que le sacro-saint gameplay.
Si la promesse d'un univers steampunk agrémenté de fantastique et de discours politiques et sociaux sur l'Amérique a tout du cocktail gagnant, le récit fait rapidement intervenir un plot-device ultra-casse-gueule,
à savoir les dimensions parallèles. L'échafaudage se maintient en place tout le long du jeu et de très belle manière ; l'alchimie fonctionne entre les deux personnages principaux et les mystères s'accumulent au fil de l'aventure, accrochant le joueur. Mais lorsque vient le moment de répondre à toutes les interrogations, le scénario rate la marche et trébuche en renversant tout le plateau. Le dénouement fait peut-être sens dans le monde du jeu mais ne tient pas la route conceptuellement, ce qui menace d'invalider presque tout ce que le titre avait réussi à construire.
Une fin amère pour un jeu globalement excellent, riche et accrocheur, à recommander d'urgence aux fans d'univers steampunk dont ce jeu se fait dès aujourd’hui l'ambassadeur.