Oh, ça me fait vraiment plaisir que si cites le Roi et l'Oiseau Megadrive. Pour moi, cela fait vraiment partie des chef d'oeuvres de l'animation. La preuve en est que je l'ai vu (et rerererevu) quand j'étais petite, je l'aimais beaucoup et maintenant, il me touche toujours autant.
Les dialogues, de Prévert comme tu le dis, sont magnifiques, simples mais poétiques, bien rythmé. Ils donnent vraiment un ton au film, entre simplicité et profondeur. Grâce à Prévert, le cinéaste gagne en densité narrative. C’est avec lui qu’il atteint ce parfait équilibre entre la satire, l’humour et l’émotion. Il y a un véritable jeu sur la langue, qui peut être très drôle, notamment de la part du personnage de l’Oiseau et également très satirique (caricature du langage du pouvoir, du langage bureaucratique). Ce qui nous amène au fait que, de manière générale, mine de rien, le film pose des problèmes intéressants liés à la question du pouvoir, de l’oppression, de la modernité.
Ce qui est aussi sympa, c’est que le film fourmille de références culturelles très diverses. J’avais fait un rapide travail là-dessus et c’est vraiment dense. Et c’est aussi ce qui participe au caractère intemporel du film, ce sont des choses qu’on ne peut voir et comprendre que plus vieux. Ce sont aussi bien des références picturales (avec des détournements de représentations royales de Rigaud (LA représentation célèbre de Louis XIV), Velázquez etc.), cinématographiques (on peut voir une référence à Metropolis de Lang, un clin d’œil aux Temps Modernes de Chaplin), littéraires (un clin d’œil à Ubu Roi de Jarry).
Enfin, pour la japanophiles que vous êtes, il est bon à savoir que Le Roi et l’Oiseau a inspiré Miyazaki et Takahata. Le film présente une certaine manière d’animer et surtout de penser l’animation qui a fait échos aux deux artistes. Pour la petite anecdote, Takahata est initialement diplômé de littérature et il change de voie lorsqu'il découvre, à travers le film, les possibilités visuelles et formelles offertes par l'animation. On trouve quelques références directes dans les œuvres des deux, l’exemple le plus frappant étant les robots présents dans Le Chateau dans le Ciel qui sont un écho au robot de la fin du film.
Donc bref (ou pas), je vous invite à le visionner, il est grave bien.