on a mieux fait fasse à la grippe que si on avait rien fait.
Je suis convaincu du contraire, et ma conviction se renforce au fur et à mesure que le soufflé se dégonfle.
D'une part, les pays qui, comme la Pologne, ont strictement refusé les vaccins ou qui n'ont pas fait de campagne de propagande particulière n'ont pas eu à souffrir d'hécatombes, à ce que je sache. La grippe n'a pas été bien différente des années précédentes. La saison froide n'est pas encore terminée dans notre hémisphère, il est peut-être encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais tout laisse à penser qu'elle n'aura rien eu d'exceptionnel.
D'autre part, avec la force que donne le recul, on ne peut être que révolté par les décisions prises par les autorités. Outre les énormes contrats passés avec l'industrie pharmaceutique dans des conditions jugées déjà à l'époque comme très douteuses, la population a été prise comme cobaye à double titre : sur les effets des vaccins qu'on lui administre, et sur sa capacité à accepter le prétexte sanitaire à l'autoritarisme de l'État. À ce titre, avec la force que donne le recul, on ne peut être qu'effrayé : au début, il était bien question de rendre la vaccination obligatoire (un peu comme on avait rendu obligatoire l'enfermement des volailles "libres" il y a quelques temps, malgré l'absurdité d'une telle démarche). Le personnel sanitaire a été réquisitionné pour s'occuper des centres, changeant le modus operandi habituel en matière de vaccination. Le gouvernement a finalement reculé sur bien des points, mais nous n'oublierons pas que l'intention y était.
Enfin, ne négligeons pas le climat de paranoïa généralisée résultant des campagnes de propagande, où à chaque fois que l'on croise une personne et qu'on a l'audace de faire entendre un reniflement ou une quinte de toux, on a droit à un inquisiteur « t'as pas la grippe, j'espère ? » Au final, ce sera peut-être la seule trace empirique que tout un chacun retiendra de cet épisode.