Bon, j’ai enfin vu la bête. Ça me paraît difficile de coucher par écrit mes impressions à chaud sur un film pareil, mais on va s’efforcer de relever le défi.
Aaah, Anno… Forcément, je connaissais déjà la propension au trolling du bonhomme, mais je pense pouvoir affirmer sans prendre trop de risques que, quelles que soient vos attentes, celles-ci seront balayées sans ménagement après les premières minutes.
Le film prend un virage à 180 degrés par rapport à l’opus précédent : aux développements tous azimuts succède un rythme plus contemplatif et un scénario épuré, plus Shinji-centré que jamais. Tous les repères volent en éclats
après ce bond en avant de 14 ans ; le long-métrage exacerbe le sentiment de solitude, d’isolement, d’incompréhension, avec un Shinji désemparé lâché dans un monde qu’il ne connaît pas et dont les habitants, ses anciens camarades, ne le reconnaissent plus
; le garçon comme le spectateur sont comme écrasés par les décors imposants et cauchemardesques, ce paysage défiguré que seules des oxymores pourraient tenter de qualifier. Le travail sur le visuel est phénoménal et permet de mieux faire passer la pilule quant à l’omniprésence de la 3D.
En tout cas le film est d’une cruauté sans nom : de nouveaux éléments et personnages sans cesse jetés au visage, mais jamais le temps de les approfondir ; à peine fait-on (re)connaissance avec l’équipage du Wunder qu’on nous propulse dans
les ruines de la Nerv et ses quatre misérables membres.
Q est autant avare en explications qu’en dialogues ; ça ne plaira pas à tout le monde, mais en ce qui me concerne, ce primat du vide, du silence et des informations cryptiques participe pour beaucoup à l’ambiance très spéciale de l’opus. Ça vaut moins pour le dernier quart, tellement bourré de nouveaux concepts et aux enjeux tellement incompréhensibles qu’il en devient indigeste - pour un premier visionnage en tout cas.
Une fois n’est pas coutume, je me demande où Anno compte nous emmener.
La haine viscérale qui se développe pour Shinji depuis le film précédent est trop incohérente (Misato !) pour être le simple fruit du Near-Third Impact
; le long-métrage m’a semblé parcouru de meta et, plus que jamais, ce message à l’otaku, ce « descends de ton robot et viens découvrir la vie ». Mais pour mettre le doigt dessus il faudrait que je revoie tout ça, puisque, ce n’est pas une surprise, ça va demander de nombreux visionnages (et
Final) pour être appréhendé correctement.
Au passage, la preview du dernier film est un troll de compétition
.
TL;DR : J'ai pas tout compris mais j'ai kiffé. Fascinant.