Titre: Katawa Shoujo
Studio: Four Leafs Studio
Durée: Moyenne (20-30 heures)
*Présentation: Katawa Shoujo est un OELVN (Original English Language Visual Novel) amateur sorti début 2012. Sa création remonte à une idée lancée sur 4chan en 2007 autour de concept arts, qui a menée à la création la même année de Four Leafs Studio. Le jeu est bien sûr très populaire sur 4chan mais a aussi été pas mal discuté à travers le reste du net, à cause de sa provenance et de l'originalité de son thème.
Il s'agit d'un bishoujo game assez classique dans sa conception: le chapitre 1 est la route commune qui au travers de nombreux choix permet d'accéder à la route (chapitres 2, 3 et 4) de l'une des cinq héroïnes.
Présentation des personnages et de l'histoire plus en détail
sur le site ou plus bas.
Le jeu y est disponible gratuitement en anglais et en français, sur Windows, Mac et Linux.
*Synopsis: Hisao Nakai vivait jusqu'à sa dernière année de lycée une vie normale. Alors que la fille qu'il aime est sur le point de se déclarer, il est victime d'une crise cardiaque. Il apprend qu'il est atteint d'une arythmie cardiaque, problème incurable qui va nécessiter d'importants changements dans sa vie. Après plusieurs mois à l'hôpital, il entre à Yamaku, lycée spécialisé dans l'accueil d'handicapés physiques...*Avis:"Bon mais avec pas mal de défauts", c'est un peu ce que je pense en ressortant de Katawa Shoujo. Pour une production amateur, qui plus est aux origines 4chaniennes, Katawa Shoujo est un jeu de très bonne facture qui évite pas mal d'écueils mais reste en deçà de ce qu'il aurait pu être.
Le jeu est loin d'être moche, et n'est pas mal écrit (en terme de style), malgré l'inégalité des routes du fait des différents écrivains.
On voit que c'est écrit par des occidentaux pour des occidentaux. Non pas par le contexte: on est au Japon, et il n'y a aucune faute de culture dans le visual novel. Plutôt par les personnages: on évite les stéréotypes trop japonisants et on obtient, de façon je trouve assez subtile, des personnages qui sont adaptés au public otaku occidental, et qui du coup ont tout pour plaire. Le fait que ce soit écrit non seulement par des occidentaux mais par des types de 4chan, des gens qui ont les même références culturelles et des schémas de pensées similaires à leurs lecteurs, engendre une certaine identification avec le récit.
Bien que très classique, le jeu est porté par son setting original et intéressant. Notons d'ailleurs que le traitement potentiellement casse-gueule du sujet du handicap évite toute faute de goût - ce qui n'était pas donné vu d'où sort le jeu. C'est aussi pourtant une source de déception, puisque le handicap a rarement une grande importance dans l'histoire. Dans certaines routes (Rin) c'est tout à fait dans la logique du personnage, dans d'autres (Emi et Hanako en particulier) on aurait aimé que cela soit un peu plus traité.
Dernier écueil qu'on évite, c'est celui du larmoyant à l'excès et du retournement improbable, comme on en voit dans les jeux de Key ou autres.
Ça ne cherche pas à en faire des tonnes et du coup ça s'en sort de façon honorable.
Globalement, c'est un jeu agréable à jouer, plein de qualités et plein de défauts, qui traite de façon plaisante pas mal de choses, rempli d'une ambiance particulière à ce type de VN qui fait qu'on pardonne les défauts de rythme, de construction, de thèmes abordés trop superficiellement.
Allez, pour ce qui est des routes en particulier.
J'ai commencé par
Hanako, me doutant que c'est sur elle que me mèneraient mes premiers choix.
Hanako est l'archétype de la fille terriblement timide et introvertie, effet renforcé par les brûlures qui couvrent tout son coté droit et qui attirent inévitablement l'attention, et le traumatisme lié à ces blessures. En découle forcément la volonté de s'en rapprocher et de la protéger.
Tout cet aspect est franchement bien traité, de même que son passé: c'est en fait plus ou moins la seule route où apparaît l'idée du traumatisme à surmonter, allant de pair avec une ouverture aux autres. Je n'en dirais pas plus pour éviter le spoil.
Le problème de cette route, c'est qu'elle est bien trop courte. Les chapitres sont déséquilibrés et la fin expédiée trop vite, ce qui est regrettable.
Personnellement, je trouve que la route de
Rin est la meilleure de toute. Essentiellement parce que c'est la seule des cinq à essayer de faire quelque chose d'un peu "différent". Ça ne plaira probablement pas à tous, mais j'ai vraiment aimé.
Rin a une personnalité un peu masculine, elle est souvent dans ses rêves, et prompte à lâcher des phrases absurdes ou des pointes acerbes. Amputée des deux bras, elle peint avec ses jambes. Sa personnalité fait que son handicap lui est totalement naturel et accepté, et du coup n'a aucune importance dans l'histoire. Ce sur quoi on va plutôt se concentrer, c'est son coté artiste.
Sans être sans défauts, cette route est bien construite et possède son lot de drama et de moments forts, complètement satisfaisante pour ma part.
Après, route d'
Emi.
Bien qu'elle soit proche de Rin, Emi a une personnalité complètement différente. Fonceuse, joyeuse, athlète, elle incarne l'archétype "genki/cute". Ayant perdu ses jambes dans un accident, elle a elle aussi un traumatisme à surmonter pour certaines raisons.
Je n'ai pas beaucoup aimé cette route qui, malgré la présence d'éléments intéressants, n'a pas vraiment réussi à m'intéresser. J'ai souvent vu le même retour: faute peut-être à une écriture pas incroyable ou un personnage pas susceptible de plaire, toujours est-il que cette route n'est pas une grande réussite.
La route de
Shizune avait beaucoup pour être vraiment bien, pourtant elle s'avéra une déception. Manipulatrice et compétitive, Shizune a une personnalité trop rationnelle et exigeante pour bien faire, point qui aurait pu être mieux exploité, bien mieux qu'il ne l'a été. Le fait qu'elle soit sourd-muette et donc en permanence accompagnée de sa traductrice, Misha, est un autre point très intéressant et traité de façon plus satisfaisante. Une route sympathique, suffisamment longue et bien remplie, mais sans accomplissement majeur: au bout du compte, on a pas vraiment l'impression d'avoir tellement progressé - à part pour ce qui concerne Misha, personnage au moins voire plus important que Shizune ici.
La route de
Lilly est probablement la meilleure des quatre routes "plus classiques" que celles de Rin, parce qu'elle propose une romance vraiment intéressante et accomplit ce qu'on attend du jeu. Lilly est grande, blonde, polie, mais aussi un peu espiègle, et a ses propres problèmes. Le fait qu'elle soit aveugle depuis sa naissance en fait encore un handicap accepté et géré, dont on voit les limitations qu'il entraîne mais qui n'a pas un rôle crucial à jouer. Une route rondement menée, même si encore une fois ses défauts existent.
Il y'aurait encore un certain nombre de choses à dire et des thèmes que je n'ai pas abordés, mais je ne vais pas m'étendre plus longuement. Je vous encourage à tester une route, celle de Lilly peut-être, ou au moins le chapitre 1, pour vous faire une idée.
Dieu qu'il est long ce post, et pourtant je suis sûr d'avoir oublié des trucs que je voulais dire