Deus Ex Mankind Divided (PS4) : il y a deux ans sur ce topic je disais que
Human Revolution ne m'avait pas laissé un grand souvenir, mais avec le recul je pense qu'à l'époque où j'y ai joué j'étais trop jeune et trop bête pour pleinement comprendre ce que ce jeu essayait de faire. Aujourd'hui je suis bien plus réceptif à ce genre de proposition de gameplay, surtout dans une industrie AAA où les jeux d’infiltration ont disparu en même temps que MGS.
Mankind Divided se déroule deux ans après les événements de
Human Revolution et la vidéo de douze minutes qui retrace le scénario du premier jeu n'est pas de trop pour se rappeler de quoi il en retourne. Adam Jensen a "miraculeusement" survécu et est désormais agent d'Interpol au sein d'une section anti-terroriste
appelée la Section 9 chargée d'arrêter les nombreux malfrats qui cherchent à déstabiliser le monde déjà fragilisé par la fracture entre la population augmentée et le reste du monde qui leur applique une politique de ségrégation. La caste des augmentés, autrefois fortunée et privilégiée, est désormais considérée comme des parias et est fortement discriminée.
La première chose qui m'a interpellé dans ce
Deus Ex c'est la qualité de l'écriture, qui est détaillée et profonde comme doit l'être un récit de SF compétent. Les dialogues, les livres et journaux, les décors de manière générale, même les descriptions dans les menus ; il y a de la narration partout, on peut s'arrêter à tout moment et trouver quelque chose à lire. Il est donc d'autant plus dommage que la trame principale, uniquement concentrée sur la question du "racisme" anti-augmenté, ne décolle jamais vraiment et passe à côté de ce qui faisait l'intérêt de son prédécesseur.
Niveau gameplay on retrouve ce mélange entre FPS et infiltration, avec la possibilité d'aborder chaque situation de plusieurs façons. Les objectifs en eux-mêmes sont peu variés (aller du point A au point B ) mais il y a presque toujours des chemins alternatifs ouverts pour ceux qui ont la curiosité d'aller fouiner dans l'environnement. Le level design est d'ailleurs une des grandes forces du titre, avec cette idée d'un univers concentré et dense, vertical et interconnecté, où on tombe sur un nouveau truc à faire tous les dix mètres. Une bonne manière de prendre le contrepied des mondes dits ouverts mais remplis de vide actuellement à la mode (*tousse*FFXV*tousse*).
Le seul souci que j'ai eu au niveau de l'équilibrage c'est que le jeu favorise clairement l’infiltration, et donne de meilleures récompenses à celui qui joue avec finesse. Sauf que ces récompenses ne servent à rien, puisque celui qui joue infiltration n'a justement pas besoin de meilleur armes, munitions et autres ! De même les nouvelles augmentations expérimentales sont presque toutes orientées combat, ce qui va à l'encontre de l'esprit du jeu et paraît inutile. J'ai terminé le jeu avec une quinzaine de points Praxis non dépensés, ce qui est stupide ; quel est l'intérêt d'incarner un cyborg armé jusqu'aux dents si le jeu favorise clairement celui qui se contente de se cacher dans les conduits de ventilation ? C'est presque un soulagement quand on se fait repérer et qu'on peut enfin mettre ses compétences à l'emploi.
Malheureusement, même un jeu aux bases aussi solides que
Deus Ex peut se faire pourrir par l'infection Square-Enix qui a
plombé le développement avec des décisions marketing stupides (un mode free-to-play incorporé à un jeu premium) et une histoire découpée en morceaux pour faire une suite, qui comme on le sait n'arrivera probablement pas de sitôt. Dommage pour l'ami Jensen, qui n'avait jamais rien demandé... 7,5/10