Voilàà ! La séance s'est très bien passée. Je vous livre ici plus qu'un compte-rendu, carrément une version rédigée des premiers évènements de ce scénario - la première journée. Et là je vais me coucher, le reste viendra demain.
Quelques points au clair d'abord :
- désolé pour les lourdeurs de style, etc. Je suis pas écrivain et au final, j'ai été obligé d'expliquer plein de petits trucs et ça patauge un peu.
- à l'avenir, je vous laisse fermer gentillement les yeux sur les quelques incohérences que vous pourrez trouver. C'est pas évident, dans une affaire comme celle-là, que tout marche à la perfection. Ouais bon, ça veut dire que je suis pas un MJ exceptionnel, quoi...
- je n'ai presque pas décrit les PJ. Ils n'étaient que 2 à cette séance (Zankaze et Senelcar). Ils présenteront eux-mêmes leurs persos en temps et en heure mais pour l'instant, je me contente de vous dire que le premier est un magus chasseur de vampires (Craig Ramsay) au compte de l'Association, et le second un magus de la famille bien reconnue des Morbois, qui gère le territoire de Lyon.
- pour situer, pour les nasuversiens : ça se passe en 2011, cad environ 15 ans après KnK, TH et FSN. On est en True End d'UBW (la fin du film), et pour TH je ne suis pas encore sûr mais probablement True End Arcueid.
Quelques années après la fin de FSN, il y a eu un conflit entre Shirou/Tohsaka et Zouken, à propos de Sakura. Ce qu'il s'est passé alors n'est pas détaillé, mais en gros : Zouken a disparu, et Sakura est morte. Ce qui laisse Shirou frappé d'une certaine amertume. (Il est très probable que lui ainsi que Tohsaka interviennent dans les scénarios de guerre du Graal à venir)
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http://www.megaupload.com/?d=0BRXXCBJLes données que j'ai confiées aux joueurs (imprimées à la taille 1/2), en PDF ici. En gros, une liste des victimes avec les détails connus des meurtres, et la liste des magi résidant à Lyon. La première liste est possédée par Craig Ramsay, et a été récupérée par des agents de l'Association sur le corps de l'Exécuteur mort, Fabio Gabriele ; l'autre liste appartient à Morbois qui, en tant qu'administrateur du territoire autour de Lyon, est informé des magi vivant près de lui.
- la séance a duré environ 8h et in game, ça s'étale sur quelques jours. Là, je n'ai mis que le premier jour, mais le reste devrait aller nettement plus vite.
- tous les lieux cités existent vraiment. Si vous voulez vous amuser à suivre tout ça, Google Maps est votre ami.
- promis, le reste sera plus intéressant, avec quelques petites révélations. Là, c'est de la mise en route !
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Lyon, le 29 octobre 2011, 16h environ.Une barbe de quelques jours, des vêtements qui avaient connus des temps meilleurs, une odeur de whiskey tenace : de toute évidence, Craig Ramsay s'éloignait sensiblement de l'image de professionalisme à laquelle François de Morbois s'était attendu. Sans laisser paraître son étonnement et en espérant que ses compétences s'avèrent plus concluantes, il laissa le chasseur de vampires entrer et le salua froidement.
Le terme d' « appartement » était bien faible pour décrire le lieu. Un immeuble entier du sixième arrondissement de Lyon dont les étages avaient été réunis, aux mains des Morbois depuis une trentaine d'années. Si l'ensemble restait modeste face au manoir de la famille à l'extérieur de la ville, c'était sans nul doute une propriété qui sortait de l'ordinaire.
Quelques minutes de plus et les deux hommes s'étaient attablés dans ce qui semblait être une pièce de réception, et étalaient déjà devant deux les divers documents dont ils disposaient pour l'heure. Un butin plutôt maigre, en réalité ; leur principal atout, c'était ces fiches succinctes laissées à Ramsay par son employeur, arrachées au cadavre encore fumant de Gabriele.
« Résumons », attaqua Ramsay. Une voix rauque, pressée, légèrement irritée. « Le 20 octobre 2011, premier cas : un vieil homme, ce M. Lenicraux, est retrouvé mort et vidé de son sang chez lui, près du Musée des Beaux-Arts. Le lendemain, arrive Fabio Gabriele, Exécuteur de l'Eglise. Quelques jours passent, les meurtres continuent ; le 27, le cadavre de Gabriele est retrouvé. Le même jour, votre père, M. Louis de Morbois, disparaît. Ce qui fait de vous, au moins à titre temporaire, le magus en charge de la région de Lyon. Dès lors, vous contactez l'Association et deux jours plus tard, me voici. Actuellement, nous en sommes donc à sept meurtres... non, huit, en comptant celui d'hier, que Gabriele n'a évidemment pas pu répertorier. »
Craig leva brièvement les yeux, pour constater que l'évocation de la disparition tragique de son père laissait son interlocuteur parfaitement indifférent. Pas étonnant, après tout – on disait de Louis qu'il était un magus unique, brillant et tyrannique ; nul doute que son fils avait dû subir les affres d'une déception à l'échelle de ce génie.
« Je vais être très clair, Morbois. On m'impose de collaborer avec vous – une histoire de
Magic Crest qui ne vous a pas été intégralement transmis, si j'ai bien compris. Je m'en fous. Si vous pouvez m'être utile, eh bien, soit ; tout ce que je vous demande, c'est de ne pas me gêner. »
« Nous sommes bien d'accord. Par où comptez-vous commencer ? »
« Un petit passage sur chacun des lieux de crime. On va voir si ce Fabio Gabriele a bien fait son boulot. »
Sur ce, il se leva brusquement, rassembla les papiers qu'il rangea précieusement, et sortit. Pris de court, François termina de se préparer et le rejoignit quelques minutes plus tard : un contretemps mineur que Ramsay semblait déjà voir comme un boulet au pied. Un taxi les attendait juste devant l'immeuble ; sans plus tarder, ils se rendirent au 5, rue du Bât d'Argent, domicile de Lenicraux.
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Feu Jean-Pierre Lenicraux, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Lyon, avait accumulé au cours de sa longue vie une collection incroyablement éclectique. Art moderne et classique, reliques antiques ou moyenâgeuse, tout semblait l'avoir intéressé. Des possessions qui n'avaient pourtant que peu de valeur aux yeux des deux magi – nul
Mystic Code perdu, nulle
Arme conceptuelle oubliée n'ornait ses rayons. N'ayant rien découvert de bien probant en interrogeant les collègues du vieil homme, Craig et François avaient décidé d'entendre ce que sa voisine Cécile Danton pouvait bien leur apprendre, puis de passer à la suite. Le meurtre datait après tout d'une dizaine de jours.
Dès que la jeune fille ouvrit la porte, cependant, Morbois comprit qu'elle avait été sous l'effet d'une suggestion hypnotique. Il interrompit immédiatement le semblent de discussion que le chasseur avait commencé à établir avec elle.
«
Absolute verbo : quod memoria loquitur. »
Il n'était pas nécessaire d'être un spécialiste de l'hypnose pour soumettre un être humain normal. Les compétences de Morbois en la matière étaient même plutôt médiocres. Mais Danton n'était pas dotée du moindre circuit magique, ni donc d'un quelconque don de résistance ; le sort fut d'une efficacité redoutable.
« Vers vingt-deux heures quinze, j'ai entendu la sonnette de M. Lenicraux », commença à réciter Danton d'une voix monocorde, le regard dans le vide. « Il reçoit souvent des visiteurs mais à cette heure-ci, c'était inhabituel. J'ai entendu la porte s'ouvrir et l'étranger a prononcé, ʺvous savez ce que je chercheʺ. Et puis... »
La bouche à moitié ouverte, moins concernée que jamais, Cécile s'était arrêtée en plein milieu de la phrase, sans aucune volonté apparente de terminer. Un noir total, que François interpréta comme un indice supplémentaire. Apparemment, elle n'avait jamais rencontré le fameux visiteur ; l'hypnose était-elle directement véhiculée par cette fameuse voix... ?
Voyant qu'ils ne pourraient plus rien obtenir d'elle, les magi la congédièrent en prenant soin de ne lui laisser aucun souvenir de la visite. En procédant de même avec le second crime, ils apprirent que le meurtrier de Marc Monges avait prononcé quelques mots d'une voix clairement masculine avant de faire sa besogne. Un détail que le témoin, Bruno Descarri, n'avait pas jugé suffisamment sérieux pour le confier à la police ; un détail qui faisait cependant furieusement penser à une incantation magique.
Après avoir dîné dans un restaurant proche, Ramsay et Morbois décidèrent de leurs plans pour la nuit. Le chasseur s'en alla patrouiller seul les rues du sixième arrondissement, espérant trouver quelque chose ; un espoir qui n'était pas tout à fait vain, étant donné que la plupart des victimes y avaient été retrouvées, de surcroit tuées pendant la nuit. De son côté, Morbois rentra chez lui et envoya dans tout le quartier ses familiers – des pigeons, aussi idiots qu'invisibles dans ce paysage urbain. Tandis qu'il triait mentalement les différentes informations qu'il recevait d'eux via la Perception Partagée, il continua ce qu'il avait commencé avant l'arrivée de Ramsay : il fouilla méthodiquement et froidement les appartements de son père, cherchant un journal, une lettre, n'importe quoi qui pourrait le relier aux derniers évènements.
Ces derniers temps, Louis de Morbois avait été plus irascible et renfermé que jamais vis-à-vis de son fils. Il s'était impliqué dans une affaire extérieure qui lui volait la majeure partie de son temps, et n'était guère sorti de chez lui que pour aller chercher un certain artéfact tout droit venu d'Espagne dont il n'avait pour ainsi dire rien dévoilé à François. Ce dernier en apprit un peu plus : apparemment, son père s'était vivement intéressé au rituel de la Guerre du Graal, ce combat barbare qui avait lieu fréquemment dans la ville japonaise de Fuyuki. Aucun mot ne mentionnait la fameuse relique reçue il y a quelques jours ; d'autre part, l'objet en lui-même n'était nulle part. François s'y était attendu : au jour de la disparition de Louis, il avait retrouvé son domicile sens dessus dessous, fouillé sans ménagement. Il s'apprétait à se plonger dans un livre d'histoire qui pourrait peut-être le renseigner sur cette guerre, parfois surnommée Heaven's Feel comme la Troisième Magie, lorsqu'il perçut par les yeux de ses familiers qu'il se passait quelque chose.
Ramsay avait repéré deux hommes au comportement suspect, qui un peu au hasard, se déplaçaient lentement vers la Saône. A ce stade, ils n'avaient en fait plus rien d'humain : le chasseur avait trouvé sans ambiguïté possible des goules, ces morts-vivants que créent généralement les vampires en mordant leurs proies. Il les suivit avec une discrétion professionnelle, bien qu'inutile. Alors que leur nombre était monté à quatre, les goule s'engagèrent sur le pont Morand ; paradoxalement, ce n'est qu'ici que Ramsay put enfin les affronter ainsi qu'il l'entendait : à l'abri des regards indiscrets. Profitant d'une petite minute de solitude sur laquelle il espérait pouvoir compter, il avala une gorgée d'une flasque de whiskey qu'il gardait toujours sur lui, et sortit son arme.
Ce n'était en apparence que la poignée et la garde d'une épée ; mais lorsqu'il la mit en contact avec sa paume, tatouée d'une marque bien spéciale, la lame apparut, comme extraite de l'intérieur de sa main. Si en apparence le processus rappelait la lame de prana qu'utilisaient les Exécuteurs pour leurs
Black Keys, l'un et l'autre était fondamentalement différent – l'arme était purement et simplement arrachée à une semi-réalité proche, une autre dimension où elle existait à l'état de concept.
Ramsay disparut purement et simplement, pour réapparaître en plein milieu de l'étrange groupe. Supportant tant bien que mal l'intense douleur que cette magie lui avait coûté, il empoigna son épée à deux mains et commença à trancher dans le vif. Le combat tourna rapidement au massacre, et bientôt les goules partaient en fumée, dispersées par un vent invisible. Alors qu'il rangeait son arme, son téléphone portable sonna.
« C'est moi. François de Morbois. J'ai vu ce qu'il s'est passé ; mes familiers sont à la recherches d'autres goules. J'en ai trouvé quelques-unes, mais elles ne se sont pas regroupées... A vous de voir, mais je ne crois pas que ça vaille le coup d'aller les chasser, dispersées comme elles sont. »
« Prévenez-moi s'il y a du nouveau. »
Une réponse simple, laconique, immédiate. Ramsay raccrocha.
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