Voilà, nous y sommes ! Comme la première partie, c'est pas franchement bien écrit, mais c'est pas le but.
De toute façon je saurais guère faire mieux !Vous avez là tout le reste de la séance.
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30 octobre, environ 19hUne longue journée à passer en revue toutes les autres scènes de crime, à fouiner à la morgue et au commissariat avaient apporté leur lot de nouveautés. Bien malgré lui, Ramsay dut admettre que l'aide que lui apportait Morbois était précieuse : sa spécialité était une magie d'illusion puissante, basée sur les dessins qu'il traçait sur le carnet qui lui servait de
Mystic Code. Couplée à l'hypnose, elle lui donnait virtuellement accès à n'importe quel lieu – faux papiers et persuasion de qualité ouvraient toutes les portes.
Presque toutes les pistes semblaient mener vers un cas de vampirisme : les goules, le sang pris aux victimes, les mutilations diverses... pourtant il y avait de quoi être surpris avec ce que les deux magi avaient trouvé aujourd'hui. D'une part, le corps de Lisa Minkov portait clairement la marque d'une attaque liée à la magie ; d'autre part, les photographies de la voiture d'Anne-Sophie Kagome, au volant de laquelle elle était morte, laissaient comprendre qu'elle était entrée en collision avec quelque chose d'énorme. Pourquoi un vampire prendrait-il la peine d'user de telles méthodes pour parvenir à ses fins ? Les autres cas ne révélèrent rien de particulier, si ce n'est un point commun à plusieurs morts : un certain intérêt pour l'art et l'histoire.
Cette nuit-là, Morbois et Ramsay s'organisèrent de la même façon que la précédente ; c'est aux alentours de minuit qu'eut lieu le premier véritable contact avec l'ennemi. Craig avait commencé à déployer lui-même quelques familiers, des corbeaux, et c'est eux qui l'informèrent de ce qu'il était entrain de se passer.
A quelques rues à peine de sa position, une nouvelle agression avait eu lieu.
Le chasseur se mit à courir. Lorsqu'il arriva sur le lieu que ses corbeaux lui avaient signalé, il y trouva un homme déjà mort et exsangue, et aperçut une silhouette qui s'éloignait rapidement. Délaissant le cadavre et toute forme de discrétion, Ramsay fonça. Il utilisait la rune Uruz pour augmenter ses aptitudes physiques et avait déjà atteint une vitesse qui égalait celle des meilleurs sprinteurs mondiaux ; pourtant la distance entre sa proie et lui-même ne réduisait pas...
Quelques instants encore et la silhouette avait sauté au-dessus des grilles du Parc Tête-d'Or. Usant à nouveau de la magie dimensionnelle propre à sa famille, Ramsay se téléporta directement de l'autre côté et força encore le pas. Il se retrouva confronté à un comité d'accueil inattendu. Son adversaire – une jeune fille aux cheveux grisâtres et sales, manifestement vampire – avait cessé de fuir et l'attendait, entourée de quatre goules.
Les morts-vivants chargèrent. Ramsay prit le temps d'avaler une lampée de whiskey, saisit fermement son épée, et avança lui aussi.
«
Weft Alter : Concealment ! »
Le grésillement caractéristique du sort l'enveloppa. Une magie qui nécessitait beaucoup de concentration pour être réellement efficace, mais qui réduisait au maximum le temps du combat : Ramsay ne prenait même plus d'esquiver les coups, qui ne faisaient que le traverser sans causer de dégâts. En quelques secondes, il eut fini de massacrer les quatre morts-vivants sans même cesser de progresser, au point qu'il était déjà arrivé face à son ennemie.
La lame de Morglay s'illumina brièvement. La rune Sowilo était éveillée. Ramsay frappa.
Un bras coupé. La vampire, prise de court, émit un cri de surprise plus que de douleur. En un instant, ce qui avait été pensé comme une embuscade sécuritaire devint une défaite évidente. Ce chasseur de vampire était visiblement d'une autre trempe que l'Exécuteur qui l'avait précédé ; pour la première fois, la meurtrière se sentit en danger.
Elle s'enfuit. A travers le parc, puis à nouveau dans les rues de Lyon et jusqu'à la Saône. Ramsay était sur ses talons, mais cette poursuite était d'une toute autre nature que la précédente. Face à la vitesse hallucinante qu'avait atteint la vampire, Uruz ne suffisait pas ; Ramsay était contraint d'utiliser à répétition
Weft Alter • Swift pour continuer à suivre. Une douleur de plus en plus dévorante commençait à se développer en lui, mais le jeu en valait la chandelle.
Un effort qui pourtant devait s'avérer inutile. Alors que Craig gagnait peu à peu du terrain, la vampire fit appel à un atout commun à tous ceux de sa race : une vingtaine de familiers divers apparurent à ses côtés. Bêtes sauvages, oiseaux de toutes sortes de formes, ils formèrent un mur noir et infranchissable.
Le souffle rendu court par l'utilisation prolongée de la magie dimensionnelle, Ramsay fut contraint d'abandonner la poursuite et d'affronter cette marée animale : au moins, l'occasion lui était donnée d'amputer son adversaire d'une aide précieuse.
Affronter une vingtaine de créatures à la fois n'était pas chose aisée, même pour un chasseur de vampires professionnel. Usant et abusant de
Weft Alter, frappant de part et d'autre avec la vicacité d'une bête blessée, Ramsay se battit longuement et finit par sortir vainqueur de l'affrontement. Une dizaine de minutes plus tard, il émergeait d'une montagne de corps qui déjà partaient en fumée ; il était couvert de blessures, mais aucune n'était véritablement sérieuse. Serrant les dents, il s'adossa à un mur et commença à se soigner.
De son côté, Morbois avait à nouveau été témoin du combat via ses pigeons. Inquiet du tour que prenaient les évènements, il avait été à demi soulagé de voir que la vampire avait été prise en chasse par un nouvel intervenant : un homme en soutane, les mains chargées de Black Keys, courant sur les toits. Ca ne plaisait pas du tout à François, et ça ne serait pas non plus du goût de son partenaire ; mais au moins, on évitait le risque que la vampire assiste ses familiers pour se débarrasser de Craig.
L'Exécuteur n'eut pas beaucoup plus de succès que Ramsay : bientôt il fut distancé. Il tourna en rond pendant près d'une heure, visiblement frustré, avant de rentrer à une petite église proche où il était basé. Quant à la vampire, après s'être engouffrée dans une petite impasse sombre, elle avait tout bonnement disparu.
~
Il était presque deux heures du matin lorsque Craig arriva à l'appartement minable dans lequel il vivait depuis deux jours, dans le cinquième arrondissement. Un logement fourni par l'Association. A peine était-il arrivé que son téléphone sonnait une nouvelle fois.
« C'est encore moi, François. Pendant que vous vous battiez, j'ai trouvé quelques petites choses qui devraient vous intéresser. Je ne sais pas exactement en quoi ça nous avance, mais je suis presque sûr que ça concerne notre affaire. Avez-vous déjà entendu parler de la Guerre du Graal ? »
Un soupir épuisé, suivi d'une réponse vague et inintéressée. Morbois enchaina.
« Apparemment, mon père s'apprêtait à y participer. Si j'ai bien compris, les magi qui rejoignent la Guerre utilisent des reliques anciennes pour invoquer des héros particuliers. Il y a peu, mon père avait reçu un artefact venu d'Espagne, qu'il traitait avec beaucoup de précaution et ne m'a pas même laissé voir. »
« Quel rapport avec les meurtres ? »
« J'y viens. La nuit où mon père a disparu, j'ai retrouvé notre appartement fouillé et complètement retourné. Bien sûr, l'objet n'était plus là. Vous avez vu comme moi qu'une partie des victimes retrouvées auraient pu avoir un rapport avec de telles reliques... de plus, plusieurs d'entre elles étaient des connaissances des Morbois. Je crois que mon père avait caché son propre artéfact, et que notre vampire essaye de s'en emparer. »
Ramsay fronça les sourcils et commença à éplucher de nouveau les différentes informations qu'il possédait sur les meurtres. C'était une théorie un peu osée, mais elle se tenait. Elle expliquait sans mal qu'un vampire prenne la peine de se révéler en restant trop longtemps et trop visiblement au même endroit.
Il allait répondre quand un détail attira alors son attention.
Marc Monges, tué le 22. Un riverain révèle avoir entendu des incantations d'une voix masculine. La vampire qu'il avait combattu était incontestablement une fille.
Et là : Anne-Sophie Kagome et Antoine De Myssiliane, morts d'un côté et de l'autre de Lyon, à moins d'une demi-heure d'intervalle...
« Bordel... Morbois. »
« Pardon ? »
Ramsay inspira profondément, espérant se tromper mais n'osant trop y croire.
« Ils sont deux. »
La nuit s'acheva sans qu'ils ne sortent de chez eux, même lorsqu'ils apprirent qu'un meurtre supplémentaire avait eu lieu. Selon François qui l'avait vu via les yeux de ses familiers, la vampire avait empalé un homme sur la fontaine des Terreaux, en laissant un message gravé dans la chair :
Ty jsi další. Quelques mots de tchèque qui signifiaient « Tu es le suivant ».
Les deux hommes avaient passé ensuite de longues heures à travailler ensemble par téléphone. La nuit avait été riche en découvertes ; de plus, en revenant près du Parc après son combat, Ramsay avait mit la main sur un morceau de manteau qu'il avait arraché à la vampire en lui coupant le bras. Un habit dans lequel le chasseur avait trouvé une carte magnétique d'hôtel ; le seul qui correspondait dans cette zone se trouvait place Charles Hernu. Malheureusement, il était pratiquement impensable que leur ennemie revienne à cet endroit sachant que sa cache avait été découverte.
Lorsque le matin se leva et quand il fut temps, l'un et l'autres contactèrent tous ceux qui pouvaient leur communiquer la moindre information utile.
Morbois fit jouer ses quelques relations à la Clock Tower pour obtenir des informations sur la Heaven's Feel. Laborieusement, il commença à en comprendre les différents rouages – sept Masters, autant de Servants, des Sceaux de Commande, deux semaines de bataille sans merci. Bien que le rituel soit assez peu connu même dans la communauté des magi, certains semblaient prêts à tout pour pouvoir participer.
De son côté, Ramsay avait engagé quelques recherches centrées sur la République Tchèque. Un événement troublant s'y était déroulé il y a de cela deux mois à peine : l'un des vingt-sept Apôtres y était mort. Ce qui voulait donc dire qu'un nouveau sorcier ou vampire avait récupéré ses pouvoirs. Une coincidence pour le moins inquiétante...
Les deux hommes consacrèrent le reste de leur journée à passer des appels aux quatre coins du globe ; une fois certains que tout ceux qu'ils pouvaient engager s'étaient attelé à leur nouvelle tâche, ils prirent un peu de repos, récupérant le temps de sommeil qu'ils avaient perdu la nuit dernière.
Avant que la troisième nuit ne tombe, Ramsay s'était à tout hasard introduit dans la chambre d'hôtel, au profit du numéro de charme convenable qu'il avait fait à la réceptionniste ; mais il n'y avait rien trouvé de bien intéressant. Lorsqu'il commença à faire sombre, il reprit ses rondes tandis que François recommençait sa surveillance.
Cette fois, ce fut François de Morbois qui repéra une activité anormale, aux alentours de 23h. Il avait repéré le signe d'un affrontement au nord de la Croix-Rousse, dans le quatrième arrondissement. Prévenu, Ramsay accourut ; Morbois lui-même décida de se rendre sur place. Lorsque le chasseur arriva place Croix-Rousse, quelques minutes plus tard, il constata que les rares passants semblaient indifférents au combat qui avait lieu. Il confirma alors ce que François avait intuité avec Cécile Danton : la vampire était dotée d'une aptitude d'hypnose par la parole, une Mystic Voice qui forçait tout ceux qui ne pouvaient y résister à s'écarter de l'endroit et à oublier ce qu'ils avaient entendu.
Ramsay se fit discret dans un premier temps pour observer la scène. La vampire était entrain d'affronter un homme de haute stature, cheveux et barbe gris, le regard dur ; un homme qui n'avait rien à voir avec le frêle Exécuteur que Morbois avait repéré la veille. Il était accompagné d'une créature incertaine – une bête d'un rouge puissant, intense, dont les contours changeaient sans cesse. Tantôt licorne, tantôt humanoïde, elle se transformait à loisir et c'était elle en réalité qui se battait contre la jeune vampire.
« Il s'appelle Vladimir de Noveski », précisa Morbois qui était en route et avait pris la peine de se munir lui-même d'un téléphone portable dont il savait tout juste se servir. « C'est un des magus résidant à Lyon, spécialisé dans la magie des familiers. Je ne sais pas trop ce qu'il... »
Ramsay avait raccroché. Il venait d'écraser un cafard sur le mur devant lui, qui était – il en était presque certain – un familier. Simultanément, il observa que le magus, après avoir gagné du terrain peu à peu face à son adversaire, était maintenant en fuite. Ramsay sortit de sa cachette et commença à courir.
Alors qu'il s'enfonçait dans la Rue du Mail, Noveski disparut peu à peu. Aux yeux de Morbois, qui venait juste d'arriver, c'était clairement une illusion : au moins le magus n'était pas doué de téléportation. Son familier rougeâtre continua de faire barrage à la vampire pendant quelques instants, la blessant même ; puis il disparut en son tour. Déboussolée, la vampire se donna quelques instants pour reprendre ses esprits, puis s'engagea apparemment au hasard dans une rue adjacente. Ramsay voulut la filer mais à peine avait-il fait quelques pas supplémentaires dans sa direction qu'elle se retourna.
Craig prit le temps de boire à sa flasque fétiche, dégaina son épée, et se prépara au combat ; son ennemie avait régénéré le bras perdu la fois précédente, et ne semblait nullement handicapée par la blessure tout juste reçue.
Soudain l'un et l'autres chargèrent. La vingtaine de mètres qui les séparait fut couverte en une fraction de seconde. La vitesse aberrante de la vampire était son principal avantage, et elle cherchait apparemment une victoire en un coup ; c'était sans compter l'étalage de pouvoirs dont avait fait usage Craig Ramsay. La Morglay vibrait de pouvoir, assoiffée de vengeance et marquée de la rune activée Sowilo. Avant d'avoir pu causer le moindre dommage, la vampire était empalée, le coeur percé d'une épée sacrée.
Il semblait tout à fait impossible qu'elle sorte vivante de cet affrontement. Et pourtant...
~
Morbois s'était arrêté devant la rue du Mail, ne souhaitant pas interférer avec le combat qui s'était amorcé. Assis sur un banc, il s'efforçait de calmer le rythme de son coeur, de reprendre sa respiration, et de percevoir au mieux les différentes auras proches. Avec l'aide de ses familiers, il tentait de retrouver la trace de Noveski ou au moins d'éviter de subir lui-même une embuscade. Quelques instants plus tard, il vit effectivement Noveski venir à lui d'une rue sur sa gauche.
Il était redevenu visible et son familier l'accompagnait. Sans aucune forme de sommation, il le lança à l'attaque. Morbois tenta un tir de Gandr, mais la magie d'attaque n'avait jamais été sa spécialité ; il ne fallut qu'une fraction de seconde pour qu'il comprenne sa défaite. La créature avait esquivé et s'était jetée sur lui, sous une forme où elle était dotée de bras et de tentacules pour l'emprisonner. En un instant, il devint incapable de bouger ou même de parler.
Sa conscience sombra.
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Alors qu'il était certain d'avoir gagné, Ramsay avait été violemment repoussé. Un impact terrifiant l'avait projecté à plusieurs mètres, répandant pierres et poussières dans toute la rue. Lui-même n'avait pas été sérieusement blessé, mais il lui fallu quelques instants pour se relever et comprendre la situation.
C'était une petite ruelle particulièrement étroite, où l'éclairage public faisait défaut. Au milieu des ombres, un nouvel arrivant venait d'apparaître, dégageant un prana sans commune mesure avec la vampire qui venait de se faire empaler, et qu'il trainait derrière lui. Craig sentit une pointe de terreur en lui. Il en était certain – c'était un vampire, et c'était un des vingt-sept.
Un rire se leva des décombres. C'était un rire calme, caverneux ; un rire sombre, malsain, qui n'était synonyme d'aucune joie.
Une silhouette émergea. Celle d'un petit homme chauve, à la peau grise, ridées, antique. Des yeux blanchâtres, inhumains. Une légère odeur de pourriture s'était répandue dans l'air.
« Qui êtes-vous ? » demanda Ramsay d'une voix forte, pointant l'inconnu de sa lame, bien qu'il connaisse déjà la réponse – il avait entendu son nom très récemment, lorsque Morbois avait parlé de la Guerre du Graal.
« Une question que je te retournerai volontiers, chasseur », dit-il d'une voix lente, se délectant de chaque mot. « Je suis Makiri Zouken ; peut-être sais-tu déjà que je remplace l'ex-dix-neuvième Apôtre Originel. Et ma jeune apprentie ici présente se nomme Kyoumi. Il semblerait qu'elle vous ait causé quelques soucis, n'est-ce pas ? »
Ramsay acquiesça. Zouken afficha un sourire bienveillant qui jurait horriblement avec son apparence détestable, et continua à parler d'une voix rocailleuse, pleine de menaces.
« J'en suis profondément désolé. Kyoumi et moi-même partiront dès ce soir ; nous ne reviendront pas. Il n'y aura plus de meurtres. Sous ces conditions, je suis certain que vous saurez garder le silence sur ma présence en ces lieux, n'est-ce pas ? »
Ramsay jaugea le magus du regard. Etait-il sérieux ? Il était étonnant que le vieil homme accepte de le laisser partir sans rien de plus qu'un accord sans valeur ; mais s'il y avait un quelconque moyen pour éviter le combat, il fallait l'accepter.
« Nous verrons », dit-il sans se décontenancer. « Je représente Morbois, le magus en charge de la région, et je ne peux tolérer qu'un vampire marche et tue librement ici. J'ose espérer que vous tiendrez parole très précisément. »
Zouken afficha un dernier sourire aussi calme que déplaisant. Déjà ses contours et ceux de Kyoumi s'effaçaient, comme si l'ombre les dévorait. Quelques secondes plus tard, Craig était seul dans la ruelle.
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Il fallut plusieurs heures à Ramsay pour ranimer Morbois, qu'il avait trouvé évanoui et seul près d'un banc. A son arrivée, il avait vu Noveski qui s'éloignait au plus vite possible, manifestement grièvement blessé, mais avait renoncé à le poursuivre. Pour ce qu'il avait pu comprendre, Zouken avait laissé aux partenaires un petit cadeau d'adieu en arrachant François aux griffes du familier ennemi... sans pour autant prendre la peine de tuer complètement Noveski.
Lorsque Morbois fut à peu près en état de se déplacer, Ramsay et lui se rendirent à la propriété de Vladimir de Noveski, dans le cinquième arrondissement, s'apprêtant à moitié à devoir le combattre. Le magus avait de sérieux comptes à rendre et Craig commençait à penser qu'il était probablement impliqué lui aussi dans les meurtres récents – ce qui s'était passé ces derniers jours s'avérait être une véritable bataille à la relique.
Usant de son autorité en tant que maitre du territoire de Lyon, sous le motif de cette attaque sans sommation, Morbois entra dans la propriété malgré les divers kekkai. Vladimir était absent, cependant ; aux côtés de Ramsay, Morbois fouilla minutieusement la demeure de Noveski. La fouille fut vaine, cependant ; les deux magi terminèrent en une demi-heure et sortirent de la maison. Les compétences de Noveski étant ce qu'elles étaient, les kekkai qui entouraient sa maison bloquaient toute communication avec les familiers. Ce n'est donc qu'à la sortie que Morbois apprit que ses oiseaux avaient retrouvé leur proie.
Plus ou moins soigné de ce qu'il avait reçu la nuit dernière, il marchait à grands pas, un sac de voyage à la main. Très concentré, il semblait stressé mais également en proie à une intense excitation. En un instant, Morbois comprit que Noveski avait gagné – il avait trouvé le fameux artéfact de Louis. L'endroit vers lequel il se dirigeait ne laissait pas de doute. Il fonçait vers la gare de Perrache ; à peine fut-il arrivé qu'il prit un train en direction de Saint-Etienne.
De leur côté, Morbois et Ramsay arrivèrent à la gare une dizaine de minutes plus tard, demandèrent un billet identique et prirent leur mal en patience en attendant que le train suivant arrive. Ils étaient capables de savoir si Noveski descendait à une station ou non, grâce à quelques familiers judicieusement placés entre deux wagons, mais guère plus.
Noveski finit effectivement par descendre à une petite station entre Lyon et Saint-Etienne. Il était attendu sur place par un chauffeur, et prit la route, en pleine campagne. A travers les yeux de ses oiseaux, Morbois avait commencé à mémoriser précisément le chemin que suivait Noveski, tandis que lui-même était monté dans le train suivant avec Ramsay.
Ce qui s'annonçait comme une traque difficile tourna court, avant même que les deux hommes ne descendent du train.
Le trajet de Noveski le fit passer à travers un petit bois. Alors que la voiture en atteignait le point le plus ombragé, elle fut stoppée nette. Là où elle aurait dû être fumait un cratère d'une vingtaine de mètres de diamètre. Les arbres proches avaient été réduits à l'état de troncs grisâtres et desséchés. De la voiture, il ne restait que quelques ruines noircies, qui semblaient brûlées mais qui étaient froides comme la neige. Il ne restait plus rien de Noveski ni de son chauffeur.
A quelques mètres de là, sous un arbre, un vieux magus et vampire souriait, contemplant l'objet qu'il avait arraché au mort – une rapière de très belle facture. L'arme précieuse d'un héros redoutable. Cet atout à la main, Zouken savait que la victoire lui serait pratiquement acquise.
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De retour à Lyon, François de Morbois et Craig Ramsay retrouvèrent le corps de Louis à partir d'indications que Zouken leur avait ironiquement transmises. Ils découvrirent une petite cavité cachées dans un des tunnels du métro A, entre les stations Foch et Hôtel de Ville ; celle-ci, exigüe et plongée dans le noir complet, ne contenait guère que Louis, enchaîné, démembré, mutilé. Le magus avait apparemment rencontré bien plus redoutable que lui-même en la personne de Makiri Zouken, mais il fallait saluer la résistance d'un homme qui n'avait visiblement jamais livré le secret de la cachette de la rapière à son tortionnaire.
A peine entré, François fut saisi par la douleur intense qui s'était répandu dans son bras. Le fragment de Magic Crest que son père portait encore s'était illuminé et disparaissait peu à peu, comme évaporé, pour réapparaître sur le bras du fils. Le transfert dura quelques minutes ; un processus somme toute rapide étant donné de la difficulté qu'il aurait dû y avoir à transplanter un Crest d'un mort à un vivant âgé de vingt-quatre ans. Une efficacité qu'il fallait imputer aux aptitudes prodigieuses de Louis de Morbois.
Lorsque ce fut fini, François se rendit alors compte que le Crest n'était pas la seule chose que son père lui avait légué. Partagé entre excitation et appréhension, il contempla les trois Sceaux de Commande rouges qui étaient apparus sur le dos de sa main. Il était l'un des sept Masters de la prochaine Heaven's Feel.
« Monsieur Ramsay », annonça-t-il sans quitter sa main des yeux. « Je crois que nous allons prolonger votre contrat. »
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Voilà voilà ! Il reste quelques zones d'ombre dans cette enquête parce que tout n'a pas été trouvé. Les joueurs remarqueront aussi que j'ai légèrement modifié ou omis quelques détails, c'est volontaire. (le principal étant j'imagine l'infiltration chez l'Exécuteur, qui s'était finalement avérée complètement inutile)
Si vous voulez des détails, demandez donc. Par contre, comme je le disais la dernière fois, ne m'en voulez pas pour les quelques incohérences, genre "pourquoi Kyoumi n'a pas balancé tous ses familiers dès son premier combat contre Ramsay ?". C'est comme ça, on va dire qu'elle est un peu conne sur les bords.
Deux trois précisions, tant que j'y pense :
- l'une des magie que maîtrisait Noveski permettait d'extraire les souvenirs d'un être humain, causant en contrepartie sa mort. Il fallait aussi avoir l'accord de la cible, mais évidemment, avec l'hypnose...
Bref, certains morts sont dus à lui (les "causes inconnues"). Meurtres qu'il a ensuite déguisés pour faire croire à une attaque de vampire. (D'ailleurs, le "you're next !" de Kyoumi était dédié à Noveski plutôt qu'à Ramsay...)
- sur les origines de Kyoumi : ben, on sait que les Makiri avaient il y a fort longtemps des terres en Europe de l'Est... J'ai décidé qu'il en avait eu notamment en République Tchèque. Il s'y terrait donc depuis quelques années. Après être devenu un Apôtre, il a eu besoin de se préparer un acolyte suffisamment puissant. La méthode a été brutale : il a capturé des individus dotés de circuits magiques et les a jeté dans une fosse à vers. Une seule fille a survécu trois jours de suite ; il en a fait son disciple, une vampire, et lui a donné le nom de Matou Kyoumi.
- notez que les morts par perte de sang ont lieu exactement toutes les deux nuits...
- au fait, le Pont Morand sur lequel étaient les goules au moment de leur combat, au début, contre Ramsay. Ben, il se trouve qu'il est pile entre les stations Hôtel de Ville et Foch du métro A. En d'autre terme, le mouvement des zombies n'était pas totalement erratique, ils étaient guidés par la "caverne" creusée là-bas.
- Zouken y était depuis le début, mais il ne faisait presque rien.
- les victimes tuées par Kyoumi sont Lenicraux, Dupond, Myssiliane et Taylor. Les autres ont été tuées par Vladimir. La blessure magique causée à Lisa et le "truc" percuté par Kagome sont une seule et même chose : le familier rougeâtre de Noveski.
- au passage, évidemment, cette couleur rouge est la même que les familiers de Touko de KnK. J'ai décidé qu'elle était caractéristique des familiers créés directement par le mage, et non invoqués ou contrôlés. D'une certaine manière, le familier de Noveski était son Mystic Code.