Shin Megami Tensei Devil Summoner - Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army (PS3) : sans doute un des jeux avec le nom le plus long auquel j'ai joué. Ce jeu PS2 a fait l'objet d'une sortie sur le PStore américain de la PS3, idéal pour ceux qui veulent découvrir ce titre extrêmement rare.
Depuis les temps anciens, le Japon fait l'objet de menaces surnaturelles provenant du Monde Sombre, une réalité alternative dans laquelle vivent démons et autres créatures étranges. Pour garantir l'équilibre entre les deux mondes, le Japon peut compter sur des exorcistes d'un genre spécial, les Devil Summoners, capables de pénétrer dans le monde sombre et de contrôler la puissance des démons. Ces Devil Summoners, célèbres dans le monde entier parmi les initiés aux arts obscurs, portent tous le même nom depuis des siècles : Raidou Kuzunoha...
L'histoire du jeu se déroule an l'an Taishô 20, une uchronie qui mélange le Japon du début du XXe siècle avec celui des années 30. On y incarne Raidou Kuzunoha XIV, le personnage le mieux designé de toute l'histoire du JRPG, qui vient d'être intronisé Devil Summoner. Il sera supervisé par le Yatagarasu, une sorte d'agence secrète qui fait le lien entre le gouvernement japonais et les Devil Summoners. Pour mener à bien sa mission, il intègre une agence de détective privé située dans la Capitale afin de rester au plus près des mystères liés aux démons. D'abord assez routinier, le boulot deviendra plus intéressant lorsque Raidou enquêtera sur l'enlèvement d'une jeune fille de bonne famille par des militaires renégats. Ce sera le début d'une longue aventure aux enjeux qui transcendent l'espace et le temps...Dans la galaxie des jeux SMT,
Raidou 1 se situe à l'extrémité d'une des branches historiques de la saga, les jeux
Devil Summoner ayant commencé à sortir à la fin des années 90 sur Saturn (pendant que le premier
Persona sortait sur Playstation). Ce jeu apporte toutefois des changements importants au coeur même du gamplay de la série, puisque il ne s'agit pas d'un RPG au tour-par-tour et encore moins d'une dungeaon crawler ; dans Raidou les combats se déroulent en temps réel.
Alors certes on n'est pas dans du jeu d'action à la
Kingdom Hearts, mais plutôt dans du temps réel fortement contrôlé à la
Tales of. Les combats sont déclenchés aléatoirement, et se déroulent dans une arène très étroite où Raidou peut frapper avec son sabre, tirer au pistolet et parer. Bien évidemment, Raidou peut invoquer un démon qui se battra à ses côtés, contrôlé par une IA à laquelle on peut donner des ordres très précis.
SMT oblige, les démons peuvent être fusionnés via un système complexe, mais beaucoup moins complet que celui de
Persona 3 sorti la même année. Le combat est plutôt chiant au début du jeu, mais devient un peu plus intéressant en fin de jeu lorsqu'il s'agit d'exploiter à fond les possibilités offertes (faiblesses élémentaires, altérations d'états...). La principale erreur de game design qui le rend le jeu laborieux est l’impossibilité de fusionner les démons librement : il faut d'abord remplir leur jauge de "loyauté", ce qui oblige à des séances de grind agaçantes. Notons également le nombre hallucinant d'aller-retours dans ce jeu qui ne contient qu’une seule boutique et une seul point de fusion dans toute la carte. En revanche, le jeu est littéralement BOURRÉ de secrets et de petites quêtes annexes qui donnent largement de quoi faire.
En vérité le véritable intérêt du jeu tient dans son univers, inédit dans le JRPG, qui reprend le Japon des années 30. Des problématiques telles que l'ouverture politique du Japon ou la modernisation du pays sont abordées sans toutefois verser dans le commentaire, se contentant de s'ajouter au décor. Le scénario proprement dit est plutôt étoffé et intéressant, et utilise à peu près tous les éléments à sa disposition : démons, fantômes, dimensions parallèles, malédictions, voyages temporels, morts-vivants, monstres, androïdes, voyages spatiaux, robots géants (!!!) le tout dans une forme de jeu d'aventure-enquête où il s'agira pour notre détective-exorciste de discuter avec tout le monde et de réunir des informations pour progresser.
L'ambiance sonore et musicale, signée par le Maître Shôji Meguro (
Persona 3/4,
SMT Nocturne,
Catherine...) et d'une incroyable qualité et justifie à elle seule l'intérêt du titre. Mélangeant des sonorités jazz et rock, avec l'alchimie qu'on lui connaît, l'OST donne un vrai cachet à un jeu autrement entièrement muet.
En définitive,
Raidou Kuzunoha blablabla fait un peu peur à cause de son gameplay suranné et de son aspect JRPG de niche exigeant, et même s'il répond à ces qualificatifs il s'avère bien plus abouti et intéressant qu'il n'y paraît grâce à son travail d'écriture et surtout son emballage visuel et sonore. Le jeu est tout à fait digne de la saga SMT pour ce qui est de la durée de vie (~45h pour tout voir) mais même si j'y ai passé un excellent moment, je ne peux décemment le conseiller à quiconque en raison de son game system obtus, si ce n'est aux fans de SMT qui savent de quoi il retourne.
J'espère qu'Atlus permettra la sortie sur PS3 de la suite des aventures de Raidou, aux gameplay paraît-il amélioré.
Mon seul regret et de ne pas y avoir joué il y a six mois, j'aurais pu en faire une critique en bonne et du forme
sur la BDD...