Je suis allé le voir aujourd'hui avec une amie au ciné et on a été tous les deux assez mitigés. J'aimerais juste jeter une pierre sur les voix françaises, je sais que c'est enfoncer une porte ouverte mais je trouve que regarder un film d'animation japonais en français, c'est toujours autant une honte envers l'original. Ce n'est clairement pas la faute aux acteurs qui restent en réalité très corrects, c'est juste que l'animation japonaises en général ne convient pas aux voix française, j'ai ri comme un con dans la salle (bon pas fort, mais assez pour que la nana devant s'en rende compte) dans la scène la plus "tragique" du film, tellement les voix ne me semblaient pas naturelles. Soit, parenthèse fermée mais si vous pouvez le regarder en VO, faites le.
Ceux qui n'ont pas vu le film, allez y sans regardez une seule BO ou lire un avis (comme celui qui va suivre) qui risque de vous spoiler la chose, je pense que c'est beaucoup plus intéressant.
Maintenant concernant le film, j'y suis ainsi allé les yeux fermés en ayant vu aucune BO ni aucun synopsis, j'ai été assez surpris à certains moments et beaucoup de points m'ont frappé. Ce film transpire la période d'après guerre, à se demander si il a vraiment pu être réalisé par Goro alors que c'est un thème qui aurait parfaitement pu convenir à Miyazaki (oublions ici la pression du papa sur le fils). Je ne me demande pas si les débats étudiants ne sont pas aussi liés un ancien souvenir de Miyazaki, ça m'a en tous cas rappelé cette envie d'être engagé, comme lorsqu'il a réalisé Horus Prince du soleil. Ça m'a aussi fait penser à un de ces textes où il racontait que les études étaient le lieu nécessaire pour s'enrichir avant de rentrer dans le monde du travail, je trouve que la maison en est une représentation assez frappante.
Parfois j'ai même eu l'impression d'un croisement entre du Miyazaki et du Takahata, le premier dans de nombreux plans, comme celui de la découverte de la maison étudiante, cette folie, cette atmosphère qui semble presque fantastique, et avec un plan qui part du bas vers le haut m'a énormément fait penser à ces autres films. La maison est de base très typique de ce qu'aurait pu créer Miyazaki. Puis il y a aussi un manque d'univers folklorique ou d'un autre monde, et aussi une envie de faire une peinture plus slice of life, comme il en a été dans Umi ga Kikoeru, se rapprochant de Takahata sans l'être. Ça reste une manière intéressante de rester dans le registre du studio sans pour autant faire comme les deux maîtres du studio.
Pas mal de choses restent intéressantes sur le fond, par exemple j'ai cru un instant que le véritable thématique du film ait pu être un véritable amour frère/sœur. Mon amie m'a dit que ça n'aurait jamais pu convenir à l'ambiance familiale des productions du studio mais pourtant ça pose une base originale qui m'a paru à la fois surprenante, et si bien produite par la suite, qui aurait pu être aussi géniale.
Visuellement la chose ne casse pas vraiment des briques, ça reste dans la veine de la qualité Ghibli mais il manque tout de même une touche particulière, comme les autres avant moi l'ont dit. Le seul moment un peu intéressant, c'est la "course" à la fin avec la sorte de voiturette qui est plutôt bien animée.
Concernant certains points abordés ici :
Ajoutez à ça un arrière-goût définitivement très nostalgique : sur le CD, sur les principes et les valeurs véhiculées (de façon très manichéenne d'ailleurs... mais peu importe !)
Comment ça manichéenne ?
le sujet de l'amour fraternel est traité avec tellement de tact qu'on ne peut y voir le moindre rapport avec le fantasme otaku pourtant si répandu.
Là je suis complètement contre, désolé mais tu me sembles totalement à coté de la plaque (sans méchanceté). Ce n'est absolument pas un fantasme otaku mais c'est bien plus une histoire concernant la suprématie de l'amour. C'est présenté de manière légère mais pourtant le fond de la pensée de la chose est très profonde (comme pas mal de Ghibli d'ailleurs). Déjà ça ne pourrait pas l'être par le personnages même de l'héroïne qui n'y correspond pas du tout, mais aussi car cet amour varie tout au long de l’œuvre au lieu de n'être qu'une continuité. Il faut d'ailleurs rappeler les deux moments assez fort, dont l'un correspond d'ailleurs à une des scènes que tu n'as pas très bien compris Roukcha. Le premier c'est quand ils se quittent devant le train, je ne sais pas où mais cette scène est identique à un autre animé que j'ai vu. Ici Umi avoue son amour, ce n'est pas seulement une déclaration mais bien une envie de se délier de la chaîne du sang pour se laisser aller dans leur amour. Mais le garçon ne rentre pas dans le train, elle se fait rejeter et prouve ainsi l'impossibilité d'une telle relation alors même que les deux s'aiment, c'est d'autant plus fort que c'est le gars lui-même qui refuse. La seconde scène correspond à celle où elle pleure dans les bras de sa mère, là elle se délie elle-même totalement des liens du sang, si elle pleure c'est car elle voit que son amour peut aboutir mais au fond d'elle-même elle a compris que bien qu'il y aurait pu avoir des liens de sang, elle l'aurait toujours autant aimé. C'est un mélange étrange de bonheur et de tristesse. Cette idée de relation est fortement bien foutue, car elle prouve que le lien de sang ne peut rien valoir si l'on n'a pas vécu dans le même cadre familiale, c'est osé et encore en avance dans notre temps, même si ce n'est pas vraiment développé.
Et deuxième interrogation, à quelle moment le garçon apprend qui est son vrai père ? Quand l'ami des deux papas sur le bateau lui explique qui est son père il n'est pas surpris du tout. Alors quand l'a-t-il appris? On le voit au téléphone avant avec son père adoptif, mais en même tant on ne le voit pas avoir de révélation. On-t-il choisit de ne pas montrer le moment ou il l'apprend ? Je trouve ça étrange et dommage. Vous avez compris un peu plus que moi?
Oui j'ai aussi été frappé dans cette scène, si le dialogue donné par son père laisse penser que le fils ne sait rien, ça laisse tout de même un doute. On peut penser qu'il a en fait été prévenu avant, sinon franchement c'est une statue le mec, et quand bien même il l'a été, il reste tout de même de marbre. C'est assez étrange, mais c'est pas non plus la première fois qu'il y a une incohérence pas trop flag dans le film, c'était aussi le cas pour Arriety.
Le machisme qu'on peut déceler dans certaines situations (les femmes à la cuisine !) est tempéré par quelques détails qui le relèguent à l'état de simple portrait de l'époque.
Tu tempères tes propos mais je pense que de base cette idée est ridicule, penser que Miyazaki puisse faire une œuvre machiste, c'est juste se mettre le doigt dans l’œil (il a une énorme admiration pour les femmes en général et surtout pour sa mère qui l'a élevé lui et ses frères). C'est juste un portrait d'époque, encore maintenant c'est habituel on voit des femmes être sur des tâches ménagères, c'est juste que malheureusement c'est comme ça. Mais ce n'est pas la première fois que je trouve que l'on peut penser ça, je pense juste que Miyazaki a vouloir trop idéaliser les femmes en a fait l'inverse. Par exemple avec les femmes des forges de Mononoke, c'est pareil. Dans Conan, le fils du futur, on ne voit pratiquement aucune femme. Mais est-ce que ce n'est pas pour que la seule femme vraiment représentée soit celle, qui par son propre désir, change dans le bon sens ? Pour faire preuve d'une certaine sensibilité ? Je pense que l'ensemble des œuvres de Miyazaki sont axées vers le respect unilatérale de la femme en tant que personne indépendante et semblable, du point de vue des action, voir même plus en fait, à l'homme.