Dragon Quest XI - Les Combattants de la Destinée (PS4) :
Dernier épisode date de la série des DQ, ce jeu revient sur grand écran avec une sortie multiplateforme et internationale, traduisant des ambitions de Square-Enix d'amener la vénérable série à un maximum de monde. Comme beaucoup j'ai découvert la franchise avec DQVIII sur PS2 qui fut pour moi une claque et reste un de mes meilleurs souvenirs de JRPG. Et le point le plus positif de DQXI c'est qu'il s'agit du jeu le plus proche de DQVIII, le surpassant dans certains domaines mais pas dans certains autres.
L'histoire est d'une simplicité toute propre à la série ; elle est peut-être même encore plus dépouillée, directe et évidente que la plupart des autres jeux de la franchise. On se réveille un matin et le héros silencieux, au terme d'un évènement banal, découvre qu'il est le héros chargé de sauver le Monde des ténèbres et de rétablir l'équilibre de l'univers, rien que ça. Du coup le mec prend sa bite et son couteau et part chez le roi du patelin pour lui signifier que bon c'est le Héros et que voilà quoi. Sauf que le roi décrète que si le Héros est apparu, ben ça veut dire que le Ténèbres aussi, donc que le Héros est responsable des calamités à venir. Et notre protagoniste de se faire enfermer dans le geôles du château tandis que les sbires du roi partent incendier son village natal. Aidé par un brigand lui aussi emprisonné, le Héros parvient à s'échapper pour débuter son aventure, qui le mènera aux confins de l'espace et du temps...
Comment traiter autrement de ce jeu qu'en disant "Bah c'est DQ quoi". On retrouve le traditionnel cycle "ville-donjon" avec pour chaque nouvelle étape un mini-arc de scénario plus ou moins lié à la quête principale et qui sera l'occasion d'un moment de rigolade ou au contraire d'émotion. Vaste et varié, le monde de DQXI est toutefois assez étriqué dans le design, les différentes zones explorables se résumant à des couloirs où il est impossible de se perdre. L'abondance de feux de camps Darksoulsiens un peu partout rend d'ailleurs l'exploration quasiment inutile puisque l'on peu se téléporter n'importe quand, n'importe où sans pénalité aucune. Cela fluidifie le rythme du jeu, assez rapide et plaisant, mais retire le côté aventure que l'on avait connu avec certains autres titres.
Pour tout le reste le jeu est proprement inattaquable. L'Unreal Engine 4 fait des merveilles et on pense avec un sourire goguenard aux pontes de Square qui nous avaient vendu le Luminous Engine comme la panacée alors que leurs voisins de paliers ont rendu une meilleure copie avec un moteur bien plus bon marché. A noter toutefois une performance moyenne sur PS4 basique, avec chutes de framerate occasionnelle et surtout temps de chargement longuets, véritable plaie du jeu vidéo moderne sur console. Les combats proposent désormais un système où les personnages agissent dès que leur action est sélectionnée, ce qui donne plus de contrôle au joueur, et la variété des armes et aptitudes permet de build chacun de ses personnages de manière individuelle, grâce notamment au système d'Hexagramme vaguement similaire aux Spheriers/Permis/Crystarium de Final Fantasy, mais avec la possibilité de respec ses points quasiment gratuitement, ce qui encourage l'expérimentation.
Le point qui m'a le plus plu peut-être c'est le crafing ; exit l'Alchimarmite et bienvenue à la Transforge, qui permet de créer des pièces d'équipement via un mini jeu dont la maîtrise augmentera les performances de chaque item au-delà de ces capacités ordinaires. La recherche des recettes, puis des ingrédients, puis la forge en elle-même devient vite addictive au point de rendre les magasins complètement obsolètes. En revanche, le jeu a également viré le système de Tension des épisodes précédents pour le remplacer par le très inférieur système d'Hypertonique, lequel autorise des actions spéciales si le(s) personnage(s) entrent en état super-sayien en combat. Un système aléatoire et donc pratiquement inutilisable, rappelant un peu à quel point les Limites de FFIX étaient nazes par rapport à celles de FFVII et FFVIII.
L'autre déception majeure est musique, dans une instrumentation MIDI inacceptable en 2018 surtout lorsque tout le monde est encore sur le cul depuis l'OST symphonique de la version occidentale de DQVIII. La version internationale de DQXI fait pourtant des efforts avec un double anglais (nul à chier) et une traduction française irréprochable ; mais l'absence de musique symphonique reste un affront, une balafre sur ce jeu pourtant si réussi - seul les joueurs PC peuvent essayer de sauver les meubles avec un mod qui rajoute la "bonne" musique par-dessus le jeu, parce que oui il existe bien une version symphonique de l'OST mais Square ne l'a pas incluse d'office, pourquoi me demandez-vous, parce qu'ils sont incompétents bien sûr.
Reste que DQXI est un excellent JRPG, un maxi best-of de la série qui trouve le bon dosage entre tradition revendiquée et modernité nécessaire. Mais maintenant ce qu'il faut vraiment, c'est reprendre le même moteur et les mêmes systèmes de combats pour nous faire le vrai remake de DQVIII que tout le monde attend. A bon entendeur.
(platiné en mode Normal en 122h)
https://www.youtube.com/watch?v=vH9du8eyrE0