Les racines sont en fait beaucoup plus profondes. C'est un reste du confucianisme, qui est très, très vivace encore au Japon, et plus généralement en Extrême Orient de l'est (Japon, Corées, Chine, sous certaines formes en Mongolie).
Il y a une double logique de respect et de sacrifice héritée du confucianisme.
D'un côté, il y a le respect pour le supérieur (hiérarchique, par l'âge, par les liens de parenté, par l'ancienneté dans l'entreprise etc.) qui peut pousser notamment à des situations très problématiques de silence dans des entreprises, notamment lorsqu'un employé doit présenter de mauvaises nouvelles à un supérieur hiérarchique (certains préfèrent se taire dans ces cas-là, ou amoindrir la gravité de la situation, ce qui a valu au Japon d'être extrêmement touché par la crise de 2008).
Et d'un autre côté, on attend du supérieur qu'il traite bien celui qui lui est inférieur, parfois avec une forme de sacrifice. On pense évidemment aux kyouiku mama mais le phénomène est bien plus large. Il touche par exemple la vie en entreprise, marquée par une forme de paternalisme, de familisme qui vire parfois à une organisation clanique.
Bref, dans la société japonaise, tout cela mène à un sorte d'interdiction de la pensée négative. D'ailleurs, lorsque l'on entend ou que l'on regarde les japonais échanger, on remarque qu'ils sont dans l’acquiescement constant, y compris lorsqu'ils sont en désaccord. Désaccord qu'ils ne manifesteront pas, ou qu'ils manifesteront davantage par du silence que par une remarque acerbe.
En tout cas, c'est aussi le moment je pense de rappeler que l'industrie de l'animation (comme celle du manga) est une industrie vraiment à part au Japon. Si les gens qui y travaillent sont vus comme des marginaux et des parias, c'est notamment parce que l'industrie respecte beaucoup moins que toutes les autres les usages et codes de la société, là où il y a partout au Japon un culte de la loyauté à l'entreprise et où le mythe de l'emploi à vie était encore omniprésent. Jusqu'à la crise de 2008, en tout cas.