Nioh (PS4)La première chose qu'il faut comprendre lorsque l'on parle de Nioh, c'est que parler de
Nioh ne consiste pas à parler de
Nioh. Parler de
Nioh, c'est parler de
Dark Souls. De la même manière que, pour reprendre les mots d'un vieux sage amateur de takoyaki brûlants,
Rahxephon est une réécriture de
Evangelion,
Nioh est une réécriture de
Dark Souls, une version alternative du jeu de From Software, le petit frère de
Bloodborne dont il aurait pris tous les gènes récessifs tel un Liquid Snake qui aurait regardé trop de films de Akira Kurosawa.
Au tournant du XVIIe siècle, l'empire britannique
mène la guerre contre l'Espagne pour la domination du monde. Ce qui n'est pas marqué dans les livres d'histoires, c'est que le carburant de ce conflit est d'ordre mystique ; les pierres d'Amrita sont recherchées par les alchimistes européens pour leurs propriétés magiques. Pour trouver ces pierres, l'Empire envoie des corsaires à travers le monde, parmi lesquels le pirate William Adams. Ce dernier finit par apprendre la vérité sur la nature de l'Amrita et est emprisonné à Londres. Il découvre alors que l'alchimiste Edward Kelley va se rendre au Zipangu (un archipel d'îles volcaniques à l'Est de le Chine) afin de mettre la main sur un gigantesque gisement d'Amrita. Une fois évadé, William se rend également au Zipangu à a poursuite de Kelley ; il y découvre une civilisation étrange, à la mythologie riche et aux techniques de combats originales. Et surtout, un pays en guerre : les armées du seigneur Ieyasu Tokugawa marchent sur les forces loyales au clan Toyotomi afin de se disputer le contrôle total du Zipangu lors de la bataille de Sekigahara...
Le scénario de
Nioh rappelle beaucoup les travaux de Koei Tecmo dans les genre historique, les trucs genre Sengoku Muso et autres bêtises où les grandes dates de l'histoire du Zipangu sont ponctuées de beaux gosses et d'effets spéciaux. L'ajout d'un aspect mystique avec des Yokai et autres monstres fait lui penser à des films de séries B du genre
47 rônin avec même le gaijin de service pour faire croire aux blancs qu'ils se sentent invités à participer. Globalement j'ai plutôt apprécié l'existence de cette l'histoire, mais le problème est qu'elle est racontée un peu n'importe comment. Sans doute dans une volonté d'imiter le dépouillement des Souls,
Nioh choisit de ne pas perdre de temps avec de l'exposition, ce qui rend des scènes bizarres où les personnages parlent de choses très importantes mais inconnues du spectateur qui n'aurait pas révisé ses chroniques de la fin de période Sengoku. Il faut néanmoins saluer l'effort du lore, avec des descriptions d'objets à rallonge qui expliquent précisément le origines et les méthodes de fabrication de l'épée pourrie que vous venez de ramassez sur le mob que vous venez de buter, et autres joyeusetés.
Pareillement la direction artistique est je trouve assez réussie, sobre sans être banale, avec un chara-designs stylisé mais pas ridicule et un bestiaire intéressant quoique trop peu varié. Les graphismes sont quelconques, mais ont salue l'idée de proposer sur PS4 le choix entre une meilleure résolution ou un framerate plus stable, choix qui est assez vite fait par ailleurs.
A niveau du gameplay, les principales différences entre Nioh et Dark Souls sont de trois ordres.
Pour commencer il y a le
système de loot qui gouverne l'essentiel du jeu. Inspiré par Diablo et autres hack'n'slash, le jeu est noyé sous une tonne de loot classés par rareté, dont chaque item est doté de caractéristiques différentes tant et si bien que deux épées identiques peuvent avoir des particularités très différentes. Contrairement aux Souls où le loot est fixe et ne change jamais, Nioh propose un système totalement aléatoire où un mob à la con peut lâcher un item très rare, et où un boss peut au contraire vomir un tas d'item inutile. Pour compenser cet aspect le jeu propose un système de forge élaboré où il est possible donc de forger des items, de les acheter et de les vendre, de les démanteler pour récupérer des matériaux qui peuvent eux-même être forgés, de reforger des item pour modifier leurs caractéristiques, de les redessiner pour modifier leur look ou des fusionner pour maintenir l'utilité des items de niveau faible. Un système assez complet mais très mal expliqué par le jeu qui oblige à consulter le tutorial d'ExServ pour y comprendre quelques chose.
L'autre aspect important est le
chapitrage des missions, puisque contrairement aux Souls il ne s'agit pas de parcourir un vaste monde interconnecté mais des niveaux beaucoup plus proches d'un jeu vidéo à l'ancienne. Ces niveaux sont inégaux dans leur intérêt mais les meilleurs d'entre eux sont très réussis, avec un level-design qui s'inspire des Souls avec tout le délire à base de raccourcis, de passages secrets et autres. A vrai dire j'aime assez cette manière de procéder, qui permet de au jeu de varier ses approches (une mission qui demande de parcourir un niveau dans le sens inverse où on l'a parcouru lors d'une mission précédente) et d'éviter les maladresses d'un
Dark Souls II en termes de cohérence géographique.
Le troisième point, crucial, réside dans la
gestion de l'endurance qui gouverne les combats. Comme dans
Bloodborne, il n'y a pas de bouclier donc les options défensives résident dans l'esquive ou la parade. Simplement, dans
Nioh l'endurance (ou le Ki pour être plus précis, puisque le jeu utilise le terme d'Endurance pour autre chose) descend très vite et ne permet pas de faire des combos à rallonge. Il existe néanmoins un système permettant, selon un timing précis, de récupérer toute son endurance par simple pression d'un bouton, ce qui permet de maintenir la pression. Toutefois ce système vient avec ses limites ; si toute l'endurance est épuisée le jour se retrouve vulnérable quelques secondes, et un coup porté résulte alors en un "stun" qui ouvre la voir à un genre d'attaque viscérale à la
Bloodborne. Ce qui est génial, c'est que les ennemis sont soumis à la même règle, et que le jeu montre leur barre d'endurance en même temps que leur barre de Ki (idée fabuleuse). Les combats consistent le plus souvent à bait l'ennemi pour le forcer à se fatiguer, ou alors à porter des coups dans leur garde pour la briser et forcer son avantage. Cela les combats particulièrement tendus et techniques, et peut-être plus intéressants conceptuellement que les roulades et les sacs à PV de chez From Software.
Une telle technicité dans les combats a néanmoins un prix, le jeu ne propose que cinq types d'armes de bases, et deux types de "magies".
Le
katana qui est une arme équilibrée et efficace pour les parade et les ripostes. Mais cela demande un timing précis, donc j'ai vite abandonné.
Le
double katana qui est rapide, économe en endurance et efficace pour bloquer les coups ennemis, mais peu puissant.
La
lance, qui permet de rester à distance et de gérer plusieurs ennemis, mais fonctionne mal dans les espaces confinés.
Le
kusarigama, qui a la meilleure portée et peut attirer les ennemis, mais dont l'usage requiert de la technique.
Et enfin, ma favorite :
La
hache, qui présente l'extrême avantage de ne pas pas pouvoir être interrompue par la plupart des attaques ennemies ; il suffit de frapper comme un forcené débile pour faire fondre la barre de vie ou de Ki de l'adversaire. Autant dire que cette arme a rapidement trouvé ma préférence.
Pour les accros aux Souls qui commencent à avoir un sérieux symptôme de manque,
Nioh est une excellente alternative. Le jeu est parfois injuste au début avec des boss bullshit (Hino-Ema, salope) mais par la suite cela devient vraiment fun avec des possibilités de build variés et une grande liberté laissée au joueur dans son approche des situations, quitte à cheeser (Talimans Paresseux) ou à exploiter (les revenants qui droppent leur équipement, jamais vu un truc aussi craqué). Heureusement que j'y ai joué avant la fin de l'année car cela permet à
Nioh de se hisser directement dans mon top 3 de l'année, quelque part entre
Persona 5 et
Battlefield 1 Nier Automata.