@GTZ, faisant partie de ceux ayant chaudement recommandé la série, je me sens concernée quand tu dis en avoir
beaucoup attendu avant d'être déçu. Le début semble t'avoir transcendé (la mise en place du contexte, des personnages, de la romance... donc) avant que tu ne décroches.
Je suis donc curieuse de savoir ce que tu attendais précisément du titre ? Un développement plus approfondi des personnages auxquels tu reprocherais leur superficialité ? Autant je te rejoins sur le classicisme, autant je trouve un peu exagéré de trouver la série terne et lui reprocher un manque de fraîcheur ! Surtout que la thématique traitée reste assez stable tout du long : les tourments de l'adolescence (amoureux, amicaux, familiaux). Le début de l'histoire ne prétend à rien de complexe ou de sophistiqué, on sait dès le départ que ça sera simple et sobre, sans pathos et fioritures, que les drames seront traités aussi légèrement que dans la vie réelle. Car oui, les drames qui nous frappent, on en fait pas des maladies, on s'en remet. Tu sembles retenir le fait que Futaba ait embelli, mais il n'y a pas qu'elle, tout le groupe évolue et retrouve ses marques, et l'intrigue est centrée autour du passé de Kou et ce qui l'empêche d'avancer.
Le deuil a été traité avec éloquence, l'état d'esprit de Kou est criant de vérité. On ne va pas au fond des choses avec des grosses questions existentielles (ce n'est pas de cet âge non plus) et on ne verse pas dans le négativisme inhérent aux récits plus profonds. Tu parles de niaiserie, je parlerai de pureté.
Le personnage de Kou est blessé par la vie, on le voit traîner son existence comme un fardeau, il est assez torturé pour qu'on rajoute à tout ça une descente aux enfers avec un groupe malveillant. Le fait que ses "potes nocturnes" aient été survolés est à mon sens loin d'être un défaut, ça aurait alourdi le récit (vu que tu reproches les lourdeurs). Ils n'étaient là que pour souligner qu'il se réfugiait dans le vide, le non-sentiment et les fréquentations superficielles. Se considérant comme un raté, et traînant randomly sans attaches.
Pour ce qui est du triangle amoureux, il reste l'un des moins lourds et pathétiques que le
shojo ait fait, le fait que tu ne trouves pas tant d'exemples pour affirmer qu'il y a tellement mieux en atteste. Il a été très secondaire aux autres thèmes que sont le deuil, la recherche de soi et le passage à l'âge adulte. Tu n'es peut-être pas le public visé, et tu es lassé par ces histoires d'adolescents paumés, je peux concevoir, mais tacler ainsi un titre qui ne prétendait pas à autre chose, ça me peine un peu. Surtout que ça n'a à aucun moment manqué de justesse et ça décrivait avec simplicité la relation entre deux amies craquant pour le même garçon, en évitant de nous servir de la rivalité et de l'animosité pour "pimenter" l'intrigue, ce n'est pas du divertissement bête et méchant, mais une fresque de l'amitié entre deux adolescentes. En quoi ça alourdit le récit de développer une amitié aux dépens d'un conflit amoureux ? Au contraire, c'est pile dans ce que raconte Ao Haru Ride.
Etant une fan inconditionnelle de Bokura ga Ita qui transcende le
shojo, je trouve cette comparaison très peu pertinente. Si on devait comparer à tort et à travers tout ce qui est publié en tant que
shojo, on n'est pas sortis de l'auberge. Ces deux titres n'ont ni le même thème, ni les mêmes ambitions. Bokura ga Ita n'est pas une romance scolaire, ce n'est même pas une romance pure, c'est une histoire de vie, qui s'étale sur plusieurs années. L'histoire est très différente pour simplifier ça à un simple "Bokura ga Ita, c'est plus intéressant.", d'abord parce que l'intérêt que tu soulignes dépend de la sensibilité et non pas de la qualité intrinsèque du récit (justesse, développement...). Le personnage de Kou ne peut pas être aussi complexe que Yano, parce que les deux n'ont pas le même passé, n'ont pas la même personnalité et ne traversent pas les mêmes tourments. Là où Yano offre un potentiel de complexité énorme dans le
contexte, le potentiel dramatique du passé de Kou est moindre, pas parce que Yuki Obata maîtrise mieux son histoire que Sakisaka Io, mais parce que les directions prises par les deux histoires sont différentes. Yuki Obata nous raconte un drame, Sakisaka Io nous raconte l'adolescence. Kou est quelqu'un que tu as pu croiser à ton lycée, Yano est quelqu'un comme on en croise rarement, le sort s'acharnant contre lui dans une mesure bien moins courante. En bref, aucune des deux auteures n'a manqué de justesse dans sa narration.
J'ai le sentiment que ta déception tient du fait que t'avais l'impression d'être trompé sur la marchandise (après, je peux me tromper) et c'est dommage. Tu en aurais probablement gardé un souvenir plus agréable et un avis moins sévère si tu avais abordé le récit comme du tranches de vie, avec ses moments d'ennui comme ses moments intenses, au lieu d'en attendre du drame et de l'action. Si c'est l'aspect technique qui t'a refroidi, tu devrais te tourner vers le manga où les graphismes restent stables. (Qu'entends-tu par mise en scène soft, d'ailleurs ? Les mises en scène restent régulières avec cette ambiance que Sakisaka réussit à dégager, il n'y a pas de fracture nette, l'écriture est fluide quand-même).
Enfin, je blablate mais il n'en reste pas moins que je trouve ton avis intéressant, surtout que tu sembles regarder du shojo tous les 29 Février et ne pas en avoir saturé. Cela dit, Ao Haru Ride reste un titre très honnête dans ce qu'il propose, on peut y être sensible ou s'ennuyer ferme, mais c'est tristounet d'être mécontent de ne pas avoir eu ce qu'on attendait de quelque chose qui n'a jamais prétendu à ces attentes.