Bon, sans surprise, je ne rejoins pas Deluxe Fan par rapport à Joker Game. Notamment sur certains passages :
Cette ambiguïté passe en premier lieu par le contexte, et la manière avec laquelle Joker Game mêle réalité et fiction sans jamais dresser de barrière claire entre les deux. L’anime utilise énormément de marqueurs historiques, mais en aucun cas il ne les livre tels quels aux spectateurs. Chaque facteur historique est présenté tel un élément de l’intrigue, et semble découler naturellement du scénario. Joker Game n’a aucune intention documentaire, et laisse le soin au public de parfaire ses connaissances en Histoire par ses propres moyens, pour mieux ensuite profiter du récit en lui-même.
C'est loin d'être une qualité pour moi. En sommes, pour le contexte historique, c'est "débrouillez-vous". Ce refus de contextualiser a grandement facilité mon désintérêt pour les différentes intrigues.
Tout cela ressort d’une volonté pour Joker Game de rester dans le flou, de ne jamais dévoiler toutes ses cartes au grand jour comme dans le jeu de poker qui donne son titre à la série. On le voit également dans la narration de l’anime, qui pulvérise les conventions du genre. Pas d’intrigue continue, des épisodes individuels racontés dans le désordre chronologique ; des personnages évanescents, dont on ne connait même pas le nom et aux personnalités interchangeables tout comme leur physique. Dans tous ses éléments Joker Game se veut insaisissable, ectoplasmique. Les espions disparaissent aussitôt qu’ils sont introduits, ils sont impliqués dans certains des évènements les plus importants du XXe siècle mais on déjà que leurs efforts ne mèneront à rien dans le grand ordre des choses, puisque le Japon finira par perdre la guerre. Et pourtant chacun d’entre eux est présenté sous son meilleur jour, tel un héros.
Pareil. Pour moi c'est un problème ça aussi. Pour reprendre ta métaphore, devant Joker Game, je me considère comme un spectateur. Le scénario fait de moi un joueur qui a perdu. On ne peut pas savoir ce que cette ambigüité cache et on voit les espions et Yuki dans la perspective du perdant. Ce qui est intéressant avec ce genre d'anime, c'est d'avoir la démarche et la conclusion. On a la démarche (la critique de l'armée japonaise et de ses codes), mais pas la conclusion (ok ils obtiennent tout un tas d'infos mais ça mène à quoi ? Au final qu'a ressenti le soldat du début qui a dû changer plus ou moins radicalement ? Là aussi, on a juste la fin).
Pour commencer, le choix de la narration épisodique est très intéressant puisqu’il permet à la série d’expérimenter à chaque épisode, et surtout de varier les contextes et les ambiances. La période des années 40 est tellement riche et si rare, on ne peut pas blâmer la série de vouloir en montrer le plus possible quitte à rester parfois en surface. Certains épisodes sont forcément moins à la hauteur que le reste, mais de manière générale la série se maintient à un haut niveau d’écriture et chaque segment est d’une grande densité, qui fait de chaque épisode une vraie petite œuvre à part entière.
C'est de loin le plus gros défaut de l'anime pour moi. Je préfère une intrigue qui va approfondir à fond un sujet quitte à négliger le reste plutôt qu'un contenu superficiel partout. C'est paradoxal, parce qu'on a tout vu sans rien voir.
Du coup l'ambigüité et l'originalité que tu vantes dans ta critique sont surtout dû à (ce que je vois comme) des défauts. Oui Joker Game est original dans le sens où chaque épisode ou presque est une oeuvre à part entière. En même temps c'est parce qu'il n'y a aucune continuité et une vulgarisation du contexte historique. Tu dis également que Joker Game ne se veut pas aussi linéaire que d'autres animes. Par rapport au scénario (si on peut appeler ça comme ça), sans doute. Par contre, les conclusions des épisodes amènent toujours au même point. J'en ai toujours tiré les mêmes enseignements. Et ça, c'est linéaire.
C'est bien pour ça que j'ai du mal avec les arguments en faveur de cet anime. Ce qui fait son soi-disant charme peut s'apparenter à des défauts importants. Trop paradoxal à mon goût et cette originalité n'a, pour ma part, rien de séduisant. Surtout quand il s'agit de faire un éloge ad nauseam d'un personnage.
Pire encore, l'absence de continuité et le contexte très pauvre se font au prix d'une critique martelée encore et encore sans originalité dans la méthode :
Le super espion a toujours un coup d'avance sur l'ennemi naïf ou l'espion étranger inférieur. Méchant code d'honneur. J'exagère un peu bien sûr, mais grosso modo on suit ce plan là du début à la fin.
Et... c'est tout. Tout cela est sacrifié pour un contenu scénaristique assez pauvre.