Sans vouloir te froisser dans ta fade ironie, le but de mon propos n'était pas spécifiquement de souligner quels étaient les défauts (bien que j'en énonce un, le principal à mon sens, à savoir le manque d'envergure, mot qui visiblement n'a pas été compris) mais surtout de mettre l'accent (d'où sa situation en seconde partie de phrase) sur la complaisance du public. Car non, au risque de te décevoir, il n'y avait absolument rien de profond dans mon propos, simplement une observation d'ordre général destinée à lancer le débat.
C'est un petit peu vain de critiquer un propos sur ce qu'il n'a pas spécialement voulu énoncer et de faire immédiatement l'amalgame entre utiliser des mots qui possèdent un sens et vacuité.
Cependant, je me rends bien compte que ce que j'entendais par ce manque d'envergure n'était pas clair, aussi mon propos n'était manifestement pas adapté. Pour clarifier un petit peu, je dirais que le manque d'envergure se situe à deux niveaux : dans sa mise en scène d'une part, dans sa capacité à interroger le réel de l'autre.
Pour la mise en scène, même le plus grand défenseur de SNK ne pourra, je pense, affirmer que l'anime ne souffre pas de sa mise en scène scolaire et peu adaptée au propos. Le côté gore prononcé est un moyen extrêmement artificiel de susciter le tragique chez le spectateur. L'anime n'y arrive d'ailleurs qu'à grand renfort d'effets pathétiques (de mémoire, le retour de l'expédition notamment) qui se prennent tellement au sérieux qu'ils frisent le mauvais goût et le grotesque. Nous sommes très loin de la subtilité de la mise en scène du tragique dans d'autres animes, Lain en tête, qui restera en matière de maîtrise tragique de la mise en scène, un des exemples à mon sens les plus aboutis.
Pour la capacité à interroger le réel, la "dénonciation" d'une certaine société et de ses mécanismes me paraît quelque peu de l'ordre des références christiques dans Eva : c'est méta et ça fait bien. En l'occurrence, ça me paraît surtout très vide, à savoir la convocation de grandes questions avec l'étiquette "philosophique". Le manque de respiration, de recul entre l'oeuvre en elle-même et sa réalisation me pousse à considérer, à l'échelle qui m'est connue (l'anime donc), que ces questions sont principalement présentes pour faire valoir une profondeur de forme.
On retrouvait à vrai dire le même problème dans Death Note (et dans Guilty Crown dans une moindre mesure). Dans DN, on veut interroger la question du bien et du mal. Cependant, le questionnement me paraît caduc tant il est replié sur lui-même, sans évoluer clairement vers la question de la réalisation, du devoir et de la responsabilité. Pour prendre un autre manga pas moins célèbre et célébré, Monster me paraît largement plus intéressant dans son approche des questions morales.