Je me sens un peu seul ; dans mon esprit, il y avait eu des propositions plus précoces l'année passée. Soit ! Je me lance donc pour mon bilan 2015.
Cette année 2015 fut assez perturbante, de mon point de vue. Il faut dire qu’elle ne fut honnêtement pas mauvaise, mais je vois, surpris, tout autour de moi, de nombreuses personnes désemparées devant l’apparente insipidité de ce cru. Je ne crois pas faire de mystères en avouant y avoir trouvé mon compte, et cette sélection ne souffrira en aucun cas de la comparaison avec l’année passée. Retour donc sur l’année des grands retours.
Je ne pouvais pas commencer sans évoquer Yurikuma Arashi. Cette série, ce style. Et cette fin ! Encore aujourd’hui, les exclamations grotesques et malheureuses de Lulu, les colères timides de Kureha ou encore l’amour sans faille de Ginko résonnent dans ma tête. Sans aucun doute, il s’agit du phénomène le plus marquant de l’année pour moi. Phénomène qui m’aura par ailleurs permis de découvrir l’univers d’Ikuhara, véritable révélation. Et si sans doute Silver Link, studio à la charge de cette adaptation, n’a pas été à la hauteur de l’ambition du personnage, Yurikuma Arashi n’en reste pas moins une série forte, puissante dans son symbolisme poussé à son paroxysme, qui marque les esprits et signe le retour d’Ikuhara dans le monde de l’animation.
Autre grand retour de personnages dans la série The Perfect Insider, avec Kanbe Mamoru, qui avait plus ou moins disparu de l’imaginaire collectif suite au fort controversé Elfen Lied. Il signe ici avec les musiques de Kenji Kawai une enquête extrêmement sympathique, pour une série qui trouve son public, entre discours philosophique et meurtre sanglant.
Une série aura également fait parlé d’elle: c’est PunchLine. Le jeune studio Mappa aux commandes d’un anime pour otaku osé dans son concept… qui s’avère finalement la plus grande tromperie de l’année. Car ici, pas vraiment d’ecchi aguicheur comme le synopsis pouvait le laisser penser, mais une série au scénario fort, qui témoigne bien de cette tendance qu’ont désormais les productions à se reposer davantage sur les scénaristes que sur les réalisateurs. En effet, Kotaro Uchikoshi, connu pour sa série Zero Escape, dont la conclusion semble arriver de manière imminente, se fait fidèle à sa réputation. Le scénario d’une densité exemplaire porte à lui seul la série, pour une conclusion explosive et éclatante. Une vraie bonne surprise de cette année.
Autre série particulièrement marquante, Ninja Slayer n’aura pas fait l’unanimité, loin de là. Mais difficile de résister bien longtemps, tant la qualité de la série vient submerger le spectateur: ces tons, ces couleurs, ces textures et le retour - enfin ! - du 4:3. Sans aucun doute le petit frère d'Inferno Cop, Ninja Slayer est bien plus abouti dans son concept et son identité, et prouve que Trigger est capable de sortir une série d’animation digne de ses ambitions, l’animation en moins.
Mais 2015, c’est aussi un retour pour certains grands studios. Je veux tout d’abord parler du bien connu KyoAni, qui avait effrayé beaucoup de monde depuis 2013, avec Free! tout d’abord, en s’éloignant de son public habituel, puis avec les anecdotiques Beyond the Boundary et Amagi Brilliant Park. C’est enfin au printemps 2015 que le studio se réveille, avec Sound Euphonium, une comédie dramatique en milieu scolaire, qui aura permis de renouer avec le public d’antan, tant par la qualité de son animation que par la qualité de sa mise en scène et de ses personnages. Sans doute une des vraies bonnes réussites de l’année, il ne reste plus qu’à espérer que la suite soit au même niveau ; le réalisateur aura l’occasion de faire ses preuves de nouveau avec la prochaine série du studio, à paraître tout début 2016.
Tout en parlant de grand retour, il faudra également évoquer Bones, de retour en forme cette année, avec Kekkai Sensen, qui a conquis de très nombreux spectateurs, avec une ambiance survoltée, et un univers absolument décalé. La série, bien que très courte, et ayant certes souffert d’une fin un peu brouillonne, possède cependant une forte personnalité, qui en fait un des piliers majeurs de cette année 2015. Bones se sera de nouveau illustré par ailleurs en fin d’année avec le sur-dense Concrete Revolutio, qui propose un véritable numéro de jonglage mental, tant par son scénario extrêmement compact que par son rythme d’énonciation dantesque et ses immanquables flashforwards.
Grand retour enfin pour Lupin, série absolument emblématique de l’animation japonaise, avec une nouvelle itération, profondément inspirée de la première série, mais qui présente néanmoins un discours adulte, qui associé aux personnages inoubliables de la franchise et à une esthétique superbe, en font une valeur sûre dans le paysage de la japanime. Et si l’on aura pu regretter l’adaptation précédente de Yamamoto Sayo en 2012, qui fut sublime sur tous les points, il serait malvenu de cracher sur un divertissement de très grande qualité, qui renoue avec des recettes ancestrales pourtant avec une vigueur et une fraîcheur résolument modernes.
Que dire de plus ? J’aurais pu évoquer tant d’autres séries. Il y a eu l’excellent Ushio to Tora, mais également la dernière série de chez feu Manglobe, Gangsta, le retour de Junjou Romantica après des années d’absence et enfin One Punch Man qui a mobilisé une grande part des fans d’animation. L’année 2015 fut riche, et il est évident que j’espère voir 2016 aussi palpitante.
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