Je suis du côté de Gally pour ma part.
La série nous montre la vie quotidienne de ses personnages non pas pour créer du drama pour le simple effet de créer du drama. C'est pas gratuit comme dans la plupart des séries.
On nous montre le trauma de Holden pour nous faire comprendre les limites du personnage. Il agit comme un enfant : il a trouvé un jouet, s'éclate avec, fier de lui, mais il s'avère que c'est une boite d'allumettes qui finit par lui péter à la gueule avant qu'enfin il saisisse que ce n'est pas un jeu. C'est pas gratuit. Sa psyché est ce qui lance la réaction en chaîne et modifie la vie de tous les autres personnages.
Carr ne se serait jamais éloignée de son mentor s'il n'avait pas été là par exemple et tout ce qu'elle vit en privé dans la deuxième saison est un processus de détermination de soi. La liberté de la serveuse est ce à quoi elle aspire avant de se rendre compte que c'est du vent et que ce n'est définitivement pas ce semblant de liberté qu'elle souhaite.
Il en va de même avec Tench dont la vie perso vole en éclat parce qu'il a été investi de la mission de babysitter Holden. Il aurait pu prendre le temps de s'occuper de sa famille si on ne lui avait pas expressément demander ça.
Mais quoiqu'il en soit, la saison 2 comme le dit Aflo est une saison de transition, on ne sait pas encore où la nouvelle détermination de Carr ou le bordel dans la vie de Tench vont mener. Mais la réaction en chaîne va probablement continuer sa course, de concert avec l'évolution psychologique des personnages.
Je reviens un chouya sur Kemper et Manson. Vous avez remarqué (si vous avez regardé son interview) à quel point le personnage de Kemper est sympathique et l'est encore plus que dans la série ?
Perso, je trouve fascinant que ce type ait masteurisé l'art de paraître inoffensif pour la société. Tout dans son discours et son attitude fait baisser la garde au point de presque nous faire accepter les atrocités qu'il a perpétré comme des fatalités. C'est assez extraordinaire (et flippant). Mais ce que je trouve encore plus fou, c'est le choix délibéré dans la série de lui donner une aura plus imposante (lenteur du langage, machiavélisme latent etc.) pour créer de manière très subtile une distanciation avec le personnage et nous "protéger" de son discours. Le personnage de Manson, qu'il soit fictionnel ou réel, n'a pas ce traitement là, lui. Il est entièrement fidèle à l'original, un hippie complètement timbré, pour lequel l'empathie ne se crée que dans un auditoire déjà affaibli mentalement.
Bref, tout ça pour dire que d'après moi, la série ne lance pas gratuitement des éléments pour le bien d'un quelconque ressort scénaristique et me semble savoir exactement ce qu'elle veut ainsi que comment y parvenir sans perdre le spectateur ou le prendre pour un con. Encore une fois, c'est un équilibre assez dingue qu'ils me semblent avoir trouvé.
Après pour la morosité ambiante, bah, j'ai envie de dire que l'imbrication de leurs vies privées et de leur travail y joue pour beaucoup, ouaip. Ça me choque pas perso, j'ai vu plus suffocant comme ambiance. Dans The Leftovers par exemple.