Spectre (Sam Mandes, 2015) : Deuxième film James Bond consécutif pour le réalisateur Sam Mendes, qui avait accouché avec Skyfall du plus gros succès de la franchise ever ; on imagine assez bien à quel point Sony Pictures a dû lui graisser la patte pour qu'il rempile, malgré le souhait qu'il avait exprimé alors d'en rester là avec la franchise. De là dire qu'il y a mis de la mauvaise volonté avec ce film, il n'y a qu'un pas que l'on est tenté de franchir en sortant de la salle.
L’intrigue prend la suite de Skyfall avec Bond qui part en mission sur un ordre posthume de M. En remontant la piste il découvre que tous les méchants qu’il a affronté depuis Casino Royale étaient en fait liés à une même organisation, le Spectre…
Cette volonté de relier tous les épisodes de la saga depuis le reboot a toujours parcouru l’esprit des producteurs britanniques de la franchise, obsédés par les énormes succès des grosses sagas américaines type Marvel et consorts. Le souci c’est qu’il n’y a jamais eu de travail d’écriture en amont qui justifierait une continuité. Autant Casino Royale et Quantum of Solace pouvaient être retconnés sans trop de souci, mais quel rapport avec Skyfall, qui justement avait laissé de côté cet aspect méta ? C’est d’autant plus vrai que le méchant de Spectre, incarné par un Christoph Waltz transparent, n’est qu’un succédané du méchant de Skyfall ; mêmes motivations, mêmes objectifs, mêmes méthodes, même « parenté » avec l’agent 007.
Le scénario souffre d’une inflation touristique, avec un Bond globe-trotter qui change le lieu de l’action toutes les vingt minutes, interdisant au film de se poser pour raconter quelque chose. Il en résulte des transitions abruptes et des séquences à la limite de l’absurde comme celle du train ultra-luxueux en plein désert africain. A côté de ça, la scène d’ouverture au Mexique impressionne avec notamment un plan-séquence virtuose ; et les toutes dernières minutes du film, bien que suivant une séquence finale assez insipide, laissent le spectateur partir sur une note correcte.
Spectre n'est finalement qu'un film d’action qui se prend les pieds dans le tapis d’un récit écrit maladroitement. On est sans aucun doute arrivés au bout de ce que cette méta-intrigue pouvait produire, tout comme il est peut-être temps pour Daniel Craig de raccrocher le costume de 007, devenu trop petit pour lui.