Je vais réagir aux deux sujets présentés si dessus, soit la commémoration de Verdun et la légitimité ou non du 49.3:
-Concernant Verdun, je suis en effet pour une commémoration de l'événement, mais non pour célébrer des "héros" ou des "tueurs": la première guerre mondiale est une des plus grandes débilités du XXème siècle, un conflit né de mentalités dépassées et archaïques qui, ignorant tout de l'avancée des technologies, ont envoyés des millers de personnes à la boucherie non pour défendre des idéaux, mais des principes impérialistes dépassés. Verdun en est un des meilleurs exemples: le but de cette bataille n'était non pas de gagner du terrain ou de percer les lignes ennemies, mais plutôt, et je cite, "de saigner à blanc" l'armée rivale, soit purement et simplement tuer le plus de gens possibles dans un terrain limité. À ce titre, pour moi, le soldat est avant tout une victime comme une autre, et c'est en cela qu'il faut se souvenir de ce qui s'est passé. Tout autre interprétation, à mes yeux, sent bon la récupération politique, ce qui est monnaie courante avec la première guerre mondiale. Et au passage, Pitucho, le principe des "vainqueurs écrivent toujours l'histoire" est une vaste fumisterie qui ne s'applique que dans le cas extrême de la seconde guerre mondiale: de nombreuses défaites au contraire ont développés, en particulier au XVIIIème et XIXème siècles, des sentiments nationalistes et le début d'une historiographie propre dans de nombreuses populations pourtant vaincues et annexées. L'histoire n'est pas un bloc monolithique sur lequel tout le monde est d'accord: il s'agit d'une construction progressive toujours remise en question et qui change au court du temps avec les découvertes archéologiques ou les réinterprétations.
-Quant à la question du 49.3....et bien, non justement, ça n'atteint pas la séparation des pouvoirs, puisque l'existence même de cette mesure fait partie du système des contre pouvoirs. Il s'agit en effet d'un moyen pour l'exécutif de passer en force sur le législatif, tout comme le législatif a théoriquement les capacités en contrepartie de faire démissionner l'exécutif. Ce système fonctionnerait si par exemple, comme USA, le gouvernement était confronté à une chambre opposé à lui et qu'une loi décisive, disons la réglementation des armes à feu par exemple, nécessiterait impérativement de passer puisqu'il s'agit d'une nécessité réelle approuvée par une majorité. Mais le problème en France, c'est que cette mesure a totalement perdu de son utilité suite à l'instauration du quinquennat: maintenant que les mandats des députés et celui de la présidence sont parallèles, l'assemblé demeure forcément du même bord que celui du président. Une situation qui la transforme en chambre d'enregistrement à mes yeux, et qui fait donc passer le recours au 49.3 pour un recours absolument non nécessaire, voire antidémocratique, puisque sans aucun risque pour le gouvernement. Donc là encore, si je ne m'oppose pas à l'existence même de cette clause, son état actuel est en assez insupportable, et son utilisation répétée par le gouvernement Valls alors que l'assemblée est techniquement dirigée par une majorité de son bord politique, prouve la déliquescence depuis plusieurs années d'un législatif résumé à servir de potiche.