Time Hollow sur DS : encore un bon ptit Visual Novel/point&click sans prétentions.
Time Hollow ou
Les caves du temps en français (j’y ai joué en anglais vu que les deux versions sont disponibles sur le jeu car il paraît que la traduction française est très mauvaise, truffée de fautes et donc pas toujours facile à comprendre – RAS en ce qui concerne la version anglaise en tout cas.)
Je précise au passage que le jeu n’est pas sorti en France, mais il est disponible dans d’autres pays francophones (Canada, Suisse et Belgique notamment).
De quoi ça parle, déjà ?
En fait, vous incarnez Ethan Kairos (le nom de chaque personnage du jeu est lié à un chiffre ou au temps) qui se réveille un beau matin (le jour de ses 17 ans) et découvre que ses parents ont disparus depuis des années alors qu’ils étaient encore là la veille, et que c’est désormais son oncle qui l’élève. Il trouve alors un étrange stylo et un mot des plus énigmatiques. Ce qui est troublant, c’est qu’il a le souvenir à la fois de la vie qu’il a menée avec ses parents et de celle avec son oncle, où ses parents sont morts dans un accident douze années plus tôt. Très vite, Ethan découvre que le stylo lui permet en fait, lorsqu’il a réuni suffisamment d’éléments-clé, de faire un trou dans le temps et de modifier certaines choses dans le passé pour changer le futur (ou plutôt le présent, mais bref, vous avez compris), mais surtout, qu’il n’est pas le seul à pouvoir le faire. De là part toute l’histoire : Ethan veut sauver ses parents, mais il ne peut que modifier le passé des « flashs » qu’il reçoit. Il rencontre ainsi une fille énigmatique, Kori, qui ne semble pas affectée par les altérations du temps. De fil en aiguille, il lui faudra réparer plusieurs situations catastrophiques apparemment sans liens entre elles pour remonter à la source : la mort de ses parents.
Le jeu est assez simple d’utilisation : c’est un point&click basique. Le gameplay est donc assez simple. On peut se déplacer par rapport à une map de la ville et se rendre dans certains endroits précis en quelques clicks. Pas d’utilisation folle du stylet ici, sauf peut-être pour dessiner les cercles donnant sur le passé.
Autant le dire tout de suite : le jeu peut se montrer assez répétitif et se montre somme toute assez linéaire et dirigiste, car on est très guidé par les pensées d’Ethan. Souvent pour trouver des éléments, il vous faudra interroger des gens ou aller à des lieux précis. Vous ne compterez donc pas le nombre d’allées et venues entre la maison d’Ethan, le café Chronos, ou encore l’école, parmi un peu moins d’une dizaine de lieux. Cela peut être d’ailleurs assez laborieux. Par exemple, pour aller de la chambre d’Ethan à la salle de classe, il faudra faire ceci :
Chambre d’Ethan > cuisine de la maison > devant la maison > map du quartier, sélectionner l’école > l’entrée de l’école > le hall d’entrée > l’étage > la salle de classe, et la même chose pour le retour. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais ça peut devenir vite pénible puisqu’il n’y a pas d’autres moyens d’aller directement d’un endroit à l’autre sans passer par la map, et bien que le laps de temps entre chaque déplacement soit relativement court, cela peut vite devenir ennuyeux, surtout si vous tournez en rond (et croyez-moi, ça risque de vous arriver plus d’une fois).
Le jeu se décline en six chapitres plus un épilogue : c’est effectivement peu, et le jeu est relativement court (une petite dizaine d’heures ou moins, selon vos allées et venues) mais comme pour tout VN c’est avant tout de la lecture.
La difficulté n’est pas bien grande : à force d’explorer tous dans les moindres recoins, difficile de se bloquer, on finit toujours par trouver, tout n’est que question de temps et de patience (car c’est vite gonflant de faire la tournée des lieux de la ville). J’avoue qu’il y a quand même deux-trois passages assez prise de tête où il faudra visiter des lieux dans un certain ordre voire même interroger des personnages selon une certaine logique (il y a en particulier un moment où j’ai été bloquée parce que je ne pouvais quitter un endroit avec trois protagonistes, chacun pouvant être interrogés par plusieurs questions : il y avait un ordre précis dans lequel poser les questions ET interroger les personnages, du genre poser question 1 et 2 à A, puis 1 et 2 à B, enfin 3 à A et 1, 2, 3 à C - ce qui ne m’est pas franchement apparu comme une évidence et là il m’a bien fallu aller chercher sur le net sans quoi j’y serais sûrement encore, ou alors j’aurais trouvé parfaitement par hasard). D’ailleurs il faudra parfois reposer deux ou trois fois la MEME question à un personnage pour pouvoir avancer dans la discussion. Parfois c’est simplement le fait de vérifier les éléments dont on dispose un à un qui fera avancer l’histoire (il faut d’ailleurs très régulièrement mettre à jour les données des flashbacks/flashforwards). Contrairement à un
Ace Attorney, examiner chaque élément d’un décor sera rarement utile dans le jeu, ce qui fait qu’on fait vite l’impasse là-dessus, il n’y a qu’à quelques moments ou dans des lieux précis qu’une telle investigation sera nécessaire.
Côté graphisme, le jeu s’en tire bien. On est dans un chara-design qui tape à fond dans le manga, c’est très classique mais ça marche plutôt bien, idem pour les décors. Le jeu est doté de quelques cinématiques de qualité ; dommage qu’elles soient si peu nombreuses.
Niveau musique, c’est très variable. La chanson de l’opening fait très teenage mais somme toute elle est plutôt sympa et au moins les paroles collent de près au jeu. Elle est reprise et déclinée de plusieurs façons dans le jeu d’ailleurs, et ça reste celle qui passe le mieux à mon goût (c’est aussi la sonnerie de portable d’Ethan d’ailleurs), avec quelques autres thèmes sympas. Par contre, parmi les thèmes qu’on entend le plus, pas mal peuvent devenir assez gonflants à force d’être écoutés ; la plupart ne sont d’ailleurs pas grandioses et on s’en lasse assez vite.
Pour le doublage, j’aurais préféré la version japonaise mais elle n’était pas disponible, je me suis donc rabattue sur le doublage anglais. Bon, rien à dire c’est plutôt bon bien qu’un peu surjoué parfois, mais c’est surtout la voix d’Ethan qui m’a un peu dérangée, elle faisait trop âgée pour lui et je l’ai trouvée méga clichée dans le genre jeune américain de base. A part ça, rien de choquant.
L’histoire quant à elle, (signée par le scénariste du très bien reçu
Shadow of Memories sur PS2 – qui est sur ma wishlist) est assez longue à démarrer mais assez prenante lorsque comme moi on est fasciné par le temps : au final, il faudra s’occuper de pas mal de petites enquêtes avant d’entrer dans le vif du sujet. Le jeu répond à toutes les questions que l’ont peut se poser et comme souvent un sujet aussi périlleux, c’est assez alambiqué et il faudra « penser en quatre dimensions » comme dirait Doc pour bien comprendre certains éléments de l'intrigue. Mais la boucle sera bouclée en bonne et due forme. Il existe d’ailleurs une alternate ending si l’on recommence le jeu, mais elle rejoint globalement la première fin. Malgré tout j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, j’ai trouvé ça un peu surfait par moments et puis l’histoire manquait d’ « âme » à mon goût, en tout cas ça ne m’a pas communiqué beaucoup d’émotions alors qu’il y aurait pu y avoir du potentiel: en somme, ce n'est pas transcendant sans jamais être mauvais. J’aurais aimé plus de réflexion sur le temps, l’effet papillon, les conséquences d’un passé modifié : on va très vite des causes aux effets mais il n’y a pas de réelle réflexion derrière. Les personnages sont enfin de compte pour la plupart assez archétypaux à leur manière, je trouve (par contre j’ai adoré le chat, Sox !). Mais bon, ça reste sympathique et intéressant et comme je pense avoir déjà fait une bonne partie des meilleurs point&click de la DS, je ne suis pas surprise et je ne pense pas être à plaindre.
En cadeau, l'opening, très réussi:
http://www.youtube.com/v/sACLmz5j3BQ