Comme chaque année à la même période, arrive ce moment où on se demande quels titres nous auraient assez marqué pour prétendre entrer dans la postérité et se graver dans nos mémoires. La fournée 2014 aura été de qualité bien inégale, mais on ne peut nier une tentative de variété et une volonté de retourner aux sources, avec des séries originales comme
Shingeki no Bahamut et
Zankyou no Terror, le dépoussiérage de vieux titres ayant déjà fait leur preuves, par le passé, sous d’autres formats comme
Parasyte et
FSN UBW, mais aussi des adaptations inattendues avec, notamment, un regain d’intérêt pour le
shojo et les comédies romantiques.
NoitaminA, ne faisant pas exception à ce mouvement nostalgique des succès d’antan, sont arrivés à me réconcilier avec la tranche horaire, que je boudais depuis quelques années, grâce à l’adaptation de
Shigatsu wa Kimi no Uso. Tout en sensibilité, la série évite le trop plein de pathos auquel elle semble condamnée avec les thèmes forts qu’elle aborde, comme la reconstruction de soi, les blessures traumatiques remontant à l’enfance, la maltraitance psychologique comme physique, les relations avec autrui et avec sa passion, les premiers émois amoureux et leur impact sur la voie qu'on choisit de prendre, la conception de la musique et le lien étroit qu’a le jeu d’un artiste avec ses aspirations et ses émotions. On en retient que la musique n’est pas un divertissement mais un message, un discours que tient l’artiste et qui peut être plus expressif et d’une sincérité plus vive que les mots.
Et puisqu’il n’y a pas eu que KimiUso pour traiter de l’adolescence cette année, on retrouve, dans un autre registre,
Ao Haru Ride. Une romance tout en simplicité, avec des moments d’émotion brute et des moments plus calmes où on développe les personnages et leur background. Un cachet visuel, de jolies mises en scène et une histoire mignonne, que demander de plus ?
Production IG, le même studio derrière
Kimi no Todoke, nous livre ainsi un travail soigné et satisfaisant.
Malheureusement, le studio
TYO Animations, lui, s’est complètement vautré en s’aventurant à adapter le shojo
Ookami shojo to Kuro Ouji. Le budget ayant été dépensé lors des premiers épisodes, les derniers sont complètement statiques et difformes… J’aurai certainement râlé un peu plus si le studio avait massacré un autre titre, mais vu la qualité discutable du
manga Ookami avec son pairing insupportable, composé d’une cruche soumise et d’une raclure lunatique, le studio n’a fait qu’accorder le fond à la forme tant le staff devait manquer de foi en œuvrant sur certains passages facepalmants.
En parlant de titres
shojo pourris, on ne peut passer à côté de
Gekkan Shoujo Nozaki-kun qui répond présent pour tourner les clichés de ces titres en dérision ! Aidée d’une réalisation impeccable, la série enchaîne les gags et bénéficie d’une maîtrise saluée du comique de situation. Au-delà de la dimension humoristique, on retrouve également des personnages aussi attachants que rigolos, ainsi que l’OP le plus entraînant de l’année.
Comme autre série où l’humour a une place de choix,
D-Frag s’en sort tout aussi honorablement, grâce à une adaptation fidèle et bien faite. N’ayant pas la prétention de parodier quoi que ce soit de précis, la série est un concentré de gros n’importe quoi pétant dans tous les sens. Un lycée peuplé d‘étudiants les uns plus barrés et particuliers que les autres, des clubs improbables, des tournois monstrueux, des références à tour de bras et des situations burlesques… il n’y a pas à dire : D-Frag, c'est du bon délire, la même ambiance qu’un
Danshi Kokousei en plus dingue. A souligner qu’il y'a beaucoup trop de niveau côté seiyuus, quand Kana-chan double Roka, et que Fukuyama Jun double ce gros taré d'Ataru, l’adaptation devient tout de suite un must-see.
Comme adaptation dont j’attendais énormément et qui s’est avérée décevante sans être catastrophique, on retrouve
Mekaku City Actors, la série sauve l’honneur grâce aux effets de style
SHAFTiens et ses musiques (en même temps, il fallait le vouloir pour se rater à ce niveau au vu du support de base) mais, à trop vouloir en faire, propose une histoire confuse et une conclusion indigeste, fort regrettable étant donné le potentiel et le démarrage prometteur.
Vu qu’il est trop triste de parler des déceptions, revenons-en aux coups de cœur, mais cette fois-ci en s’intéressant au support manga. Là encore, le
shojo est à l’honneur grâce à des licences avisées comme celle de
Orange par
Takano Ichigo chez
Akata. Orange est l’histoire d’un groupe d’amis frappé d’une tragédie et essayant désespérément d’éviter de refaire les mêmes erreurs. C’est une histoire de regrets et de blessures que même le temps ne saurait guérir. Une expérience unique, alliant une histoire d’amour déchirante et un propos pertinent.
En moins déchirant, mais tout aussi sombre, on retrouve
How do you Love me chez
Soleil Manga. Le titre n’a rien de transcendant, mais il ose certains drames qui sortent des sentiers habituels du genre, notamment avec un casting nuancé, des choix maladroits et une description moins rose de l’amour adolescent mettant en exergue les conséquences et les responsabilités à assumer suite aux erreurs immatures.
Remarquez, mon bilan est composé de pas mal de titres
shojo, mais c’aurait été dommage de faillir à ma réputation, n’est-ce pas ? Il faut bien de tout dans le bilan Anime-Kun, maintenant que le shojo a été représenté, je peux dormir et commencer mon année 2015 en paix.