Ce que souligne l'abstention, c'est aussi que tout comme le vote, ce n'est qu'un moyen, et non une finalité. On se doit de propager le message "La Démocratie n'est pas un rendez-vous". Je suis tout de cœur avec
Red , en parlant de projets associatifs. Alternative, par contre, je ne sais. C'est assez complémentaire, la manifestation c'est ce qui nous permet de nous réapproprier la rue, longtemps confisquée depuis par l'Etat d'urgence, les colleurs/euses d'affiches, ce genre de choses (mais là j'enfonce sûrement des portes ouvertes, et je pense que Red le sous-tend aussi.)
Le seul truc qui me dérange avec l’abstentionnisme, c'est la finalité. Comme tu l'as dit, c'est utopiste de croire qu'une majorité silencieuse pourra reverser le gouvernement simplement en refusant de se conformer au système électoral. Mais quand bien même ça arriverait, quel est le projet pour la suite? Il est naturel de ne pas trouver le gouvernement actuel à son goût, mais si aucun parti politique ne représente tes idées, tu peux légitimement te demander si les convictions qui te poussent à ne pas voter seront elles-aussi partagées par autrui. A commencer par les autres abstentionnistes.
Moi j'en parle beaucoup, autour de moi, d'une finalité nouvelle qui adviendrait avec l'abstentionnisme. Mais le problème de cette question, c'est que les gens... ne s'y intéressent tout simplement pas ? Sont absents à la vie démocratique ? Sont présents aux ponctualités des urnes, pour faire "front au Front" ? Au fond, je pense qu'il est aussi question de la maturité des gens et sur ce facteur, on ne peut influer qu'en éveillant les consciences politiques.
Le problème des partis politiques, ah ça ; pour les présidentielles, tu n'es pas sans savoir qu'il faut des parrainages. Petit exemple : si t'attends qu'un mec du Parti Communiste Maoïste soit présent parmi les candidats pour "représenter tes idées", vous allez être peut-être plusieurs à vous dire "c'est une bonne idée". Les maires, je pense qu'ils vont surtout balayer devant leur porte les rouges. Il y a un problème constitutionnel sur la prise en compte des abstentionnistes, si déjà il y avait du mouvement en haut pour ça, pour s'intéresser de plus près à ce qui se fait dans la sphère abstentionniste, peut-être que notre République (et non démocratie) irait un peu mieux, non ? Y'a surtout du mépris de classe latent qui se concrétise par pleins de choses, notamment les stigmatisations, les culpabilisations (vous remarquerez que les abstentionnistes ne se sentent pas coupables de ne pas participer à la mascarade électorale, mais que ce sont les votants qui les y forcent.)
Du coup, je tourne autour du pot hein, mais c'était pour installer le contexte. Maintenant, voici ma question : avant de leur demander, aux abstentionnistes, leur projet pour la suite, peut-on un moment se demander si leur accorder de la parole, du crédit et se remettre en question, ce n'est pas un pas de plus vers une vertu de justesse, dans cette carotte de République ?