Sarazanmai
Studio d'animation : Mappa
Réalisation : Ikuhara Kunihiko
Musique : Hashimoto Yukari
Composition de la série : Ikuhara Kunihiko
Réalisateur en chef : Takeuchi Nobuyuki
Synopsis :Chacun possède un shirikodama, un organe situé dans l'anus qui concentre tous les désirs d'une personne. Mais ce désir est fragile.
Trois adolescents ordinaires, à la suite d'un malheureux enchaînement de circonstances, se trouvent privés du leur par le prince des kappas. Pour le récupérer, ils vont devoir unir leurs forces et utiliser la puissance du Sarazanmai pour arracher à leur tour le shirikodama du kappa zombie qui les a privé de leur désir.
Chacun veut être connecté, se lier aux autres. Mais comment faire quand sont exposés nos désirs les plus secrets ?Commentaire :Fichtre. C'était. Pas ce que j'attendais, mais c'était excellent.
Ce premier épisode est un drôle de bestiau. En fait, c'est temporellement écartelé entre quelque chose qui est ultra moderne, et une empreinte extrêmement marquée d'une tradition de la série télévisée qui appartient clairement aux années 1980. Bien sûr, on sait depuis longtemps qu'Ikuhara regarde en arrière, mais je crois que ça n'a jamais été aussi fortement visible dès le premier coup d’œil.
L'épisode est génialement construit. Je m'attendais à quelque chose d'assez précis avec la campagne intensive de promotion de la série. Tout ce à quoi je m'attendais, ou presque, s'est effondré dans les trois premières minutes de l'anime. Puis on a enchaîné sur des montagnes russes à toute vitesse. Je n'ai rien vu venir. L'épisode m'a mené en bateau du début jusqu'à la fin. Le tout avec cohérence. C'était génial. Je crois que je me suis rarement senti aussi dépassé et impuissant devant le déroulement de quelque chose. Et j'y ai trouvé un plaisir immense.
Le tout avec des effets de rythme comme on les aime, une distanciation à faire pâlir Brecht, de l'humour gimmick, du mauvais goût kitsch, bref du Ikuhara en très, très grande forme. L'animation montre quelques très jolis moments, j'ai vraiment hâte de voir les informations sur les animateurs sur Sakugabooru (les séquences sont
déjà postées).
Ce qui était particulièrement troublant, c'était la place du shirikodama. Dès le début, il y a peu d’ambiguïté. On comprend qu'il y a un rapprochement voulu avec la prostate, en tant qu'organe du désir, pour le moment uniquement exploité chez des personnages masculins. Or, pendant tout l'épisode, la trame a lancé des informations dans tous les sens pour court-circuiter cette hypothèse.
Le combat contre le zombie m'a énormément plu. D'abord, c'était un très, très beau morceau d'animation. Puis la mise en scène était extraordinaire.
C'est aussi le moment, avec aussi les "accouchements" du prince (qui mettent en avant un orgasme à peine dissimulé), qui joue le plus de l'image sexuelle. La pénétration du zombie a une image très explicite, où les trois boules vertes formées par les trois kappas se rassemblent en une forme de sextoy. Pourtant, le ton reste toujours extrêmement léger et délicat. C'est un exercice d'équilibre, véritablement.
J'imagine que le trio va peu à peu découvrir ensemble les secrets de chacun, sur le mode épisodique qu'affectionne particulièrement Ikuhara. Je n'ai pas encore bien compris à quoi servait la séquence de transformation en magical boy au début de l'épisode. Il s'agit peut-être de l'immense fusil de Tchekhov annoncé par l'équipe de doublage. En tout cas, la signification n'est pas très claire pour l'instant. Est-ce une transformation par l'effet du désir ? Du désir accompli ?
J'aime en tout cas beaucoup que l'anime file la métaphore du lien avec l'idée du colis et de la connexion Internet. Peut-être un discours sur la modification des liens affectifs selon les types de liens ? Je ne sais pas.
Bref, beaucoup d'interrogations. Il va falloir que je regarde de nouveau l'épisode au moins une ou deux fois avant l'épisode de la semaine prochaine. J'ai dû manquer une somme phénoménale de détails.
Foncez, c'est excellent. Sauf si vous êtes hermétiques au style d'Ikuhara. Parce que clairement, ça ne s'arrange pas avec l'âge.