Servant saison 1:
C'est suite à la perte de son bébé que Dorothy Turner en vient à utiliser une poupée thérapeutique.Toutefois les choses sont en passe de prendre une étrange tournure quand Leanne Grayson se présente chez les Turner comme la nouvelle nounou engagée par Dorothy.Son mari Sean devient mal à l'aise avec le comportement de cette étrangère au sein de leur foyer.et si l'arrivée de Dorothy était le début d'un noeud inextricable commençant à se resserrer autour du couple pourtant si parfait au premier abord?
Une série crée par Tony Basgallop que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, par contre parmis ceux qui ont posé de la thune sur la table un nom m'est plus familier, celui de Night Shyamalan.
Le 6em sens, Les Autres, le Village, Signes, blablabla et plus récemment l'anthologie Split/Glass qui faisaient suite à l'lncassable des origines.Autant dire qu'après papa Scott, lui aussi a senti la pompe à pépètes du 21e et chapoté un projet qui porterait sa vision sur petit écran.
Le ton est donc donné pour ce Thriller psychologique qui, dans la veine de la flippance de Shyamalan, préfère taper dans différents casiers plutôt que de s'y enfermer.
Première chose qui frappe, l'omniprésence du son qui remet au goût du jour "ces fameux archets qui dérapent sur leurs violons".
Ce n'est clairement pas fait dans une volonté d'intégration naturelle mais plutôt pour cultiver l'angoisse.
D'ailleurs ça fonctionne plutôt bien grâce à ses longs travellings dans les couloirs de la maison et ses vues en plongée de l'escalier.
La série me semble faire un clin d'oeil au même jeux d'esthétique que The Servant de Joseph Losey, à savoir utiliser l'architecture rectiligne et verticale de ces vieilles demeures à 3 étages pour susciter une sensation - et pas forcément l'effroi puisque le film de Losey, n'a pas de racine commune avec la série de Tony Basgallop.
L'éalonnage post prod de Servant m'a un peu rappelé la gestion de la lumière dans Citizen Kane d'Orson Welles notamment dans sa façon d'éclairer certains personnages pour mieux en laisser d'autres dans l'ombre sur le même tableau ou d'en esquisser les contours sur des plans communicants mais séparés.
Créer une intention via la lumière.
Enfin vient le recours au hors champs qui cultive le mystère sans relâche et ajoute à la tension grandissante, un outil brillamment utilisé dans Le bébé de Rosemary de Roman Polanski.
En tout cas ça faisait un moment que je n'avais pas ressenti le poids de ces atouts dans la réalisation d'une série.
Si maintenant on laisse de côté l'esthétique, le jeu des acteurs se maintient au même niveau.
L'histoire suit son cours lentement mais sûrement profitant d'un format plus singulier - 30 mn pour 10 épisodes - qui évite le manque de beurre sur la biscotte et cultive plutôt bien son suspens.
se dessine alors un tableau psychotique et ambivalent dans l'intention même si le propos semble parfois partir en sucettes...
L'incohérence est souvent le résultat d'une succession de mauvais choix, cela étant elle est dans certains cas, le dommage collatéral nécessaire pour donner vie à une vision.
Et comme Servant a clairement envie de nous emmener quelque part j'ai bien voulu fermer les yeux.
Toutefois il y a encore 3 saisons à l'heure actuelle pour une série qui n'est toujours pas arrivée à sa conclusion, ce qui est encourageant d'une part mais de l'autre j'ose espérer qu'ils ne vont pas étirer l'histoire jusqu'à faire des sacs de noeuds et perdre le cap.
C'est le risque quand tu renverses les casiers au sol, que tu fouilles et que tu mélanges ce qui est tombé, celui de ne plus s'y retrouver et faire de la merde.
En tout cas la série a au moins le mérite d'apporter sa contribution au genre ce qui n'est pas si évident, après les creepy pasta de Channel Zero, la refonte moderne des vieux mythes du paysage horrifique U.S avec American Horror Story et le subtil mélange entre "inquiétante étrangeté Freudienne" et fantastique de The Haunting.
Reste à voir si on s'en souviendra.