Touhou 06 : Embodiement of Scarlet Devil est le jeu qui a révélé la série des Touhou en dehors du Japon. Et pour cause : les 5 premiers opus étaient sortis sur PC-98, ordinateur japonais qui n'a pour ainsi dire jamais été commercialisé hors de l'archipel. Ce jeu est donc le premier de la série fait pour Windows, profitant au passage de musiques et de graphismes bien au-dessus des précédents, techniquement parlant.
Mais avant de parler du jeu en lui-même, un point sur la série des Touhou. Ce sont des jeux amateurs, quasi-intégralement codés et réalisés par un certain Zun, de type danmaku (ou manic shooter). Pour faire moins savant, on peut simplement dire qu'il s'agit de jeux de shoot en 2D à scrolling vertical. Rien de bien sorcier : en gros, le soft vous donne un vaisseau qui tire rayons et missiles, et vous devez arriver au bout d'un certain nombre de niveaux garnis d'ennemis arrivant par le haut de l'écran, en prenant soin de récupérer divers bonus au passage.
La particularité des Touhou par rapport aux autres jeux de type danmaku est de vous donner le contrôle d'un personnage plutôt que d'un vaisseau. D'une fille dotée de pouvoirs magiques, plus précisément. Et vos adversaires sont d'autres filles, plutôt que d'autres vaisseaux. Eh oui, dans le monde de Touhou (nommé Gensokyo), il n'y a que des filles. (Devinez quel est le public visé ? Indication : non, pas les loutres)
Maintenant que tout ça est dit, intéressons-nous au jeu en lui-même. Dans Touhou 06, vous jouerez au choix Reimu Hakurei (une prêtresse un peu... disons... insouciante) ou Marisa Kirisame (sorcière et voleuse à ses heures perdues), deux personnages que l'on retrouve dans tous les opus. L'histoire vous emmène au Scarlet Devil Mansion, et vous rencontrez en chemin quelques personnages particulièrement connus de Gensokyo, sous forme de boss : Cirno, fée des glaces, le personnage le plus baka qui soit ; Sakuya, maid humaine (une caractéristique rare !), capable d'arrêter le temps un bref instant ; ou encore la maitresse du manoir, Remilia Scarlet, vampire de son état.
Comme pour tous les Touhou, vous avez 6 stages à passer avec un nombre limité de vies (bien qu'il soit possible de jouer après avoir tout perdu, à la manière des jeux d'arcade qui vous demandaient de payer pour continuer). On compte toujours 4 niveaux de difficulté : Easy (c'est déjà pas gagné), Normal, Hard et Lunatic (si le niveau Lunatic vous intéresse, prenez de ce pas une année sabbatique !). Et si vous êtes capable de finir le jeu sans Continue, vous débloquez l'Extra stage, c'est à dire un niveau additionnel encore plus dur que les précédents, avec un boss quasi-infaisable à la clé. Dans celui-ci, c'est Flandre Scarlet, la petite vampire avec des ailes en forme de cristaux... Ca vous dit quelque chose ?
Concernant le gameplay, Touhou 06 propose une base (sûrement héritée des 1~5, auxquels je n'ai pas joué) que tous les suivants reprendront. On ramasse 2 types de power-up : l'un, bleu, donne des points en fonction de votre position sur l'écran. Plus vous le ramassez haut, plus vous gagnez. Mais comme les ennemis viennent eux-mêmes du haut de l'écran, ce genre de récupération n'est pas sans danger... L'autre, rouge, augmente votre puissance de feu. Et ça s'arrête là (enfin, presque !). Toute la difficulté et l'intérêt de Touhou vient alors des schémas d'attaque qu'il faut apprendre à contrer, en particulier face aux boss : ils vous lancent un tas de projectiles bien resserrés, et c'est à vous de trouver un chemin pour vous en dépêtrer. En japonais, ces "barrages" s'appellent des danmaku, d'où l'appellation de ces types de jeu.
Embodiement of Scarlet devil n'est pas le plus corsé des Touhou, loin de là... Mais le finir sans Continue reste un bon gros challenge. Plus je joue à cette série et plus je constate qu'elle a été créée pour... je sais pas, moi, des extraterrestres dotés d'un cerveau par doigt, ou quelque chose comme ça. Attendez-vous à mourir beaucoup, beaucoup, beaucoup, au début tout du moins. Par contre, je n'ai jamais trouvé cette difficulté réellement frustrante : jouer est un réel plaisir, grâce aux OST et à cette fièvre saine qui vous saisit – l'envie de vaincre, de devenir meilleur, de gagner, tout simplement ! Ouais, Touhou, c'est du nekketsu, finalement.
Même si je n'ai jamais été un très bon joueur, je peux voir mes propres progrès avec le temps. Si vous mordez à l'hameçon, je suis sûr que vous trouverez quelque chose de véritablement gratifiant dans ce soft.
Graphiquement, Touhou 06 n'est pas franchement très beau. On se rappellera bien sûr qu'il s'agit d'un doujin game datant de 2002, on sera heureux de constater que le design des personnages est souvent bien pensé... Mais le chara design, que l'on entrevoit lors des phases de dialogue, est moche : ce n'est clairement pas le domaine de prédilection de Zun. D'ailleurs, certains jeux amateurs basés sur Touhou sont beaucoup plus beaux que les officiels !
Voilà pour Embodiement of Scarlet Devil. Bien qu'il soit un des Touhou les plus "simples", je ne conseillerais pas à un nouveau venu de commencer par celui-ci (je l'orienterai plutôt vers le 07, Perfect Cherry Blossom). Ca reste un bon jeu, auquel je joue régulièrement, et tout amateur de la série ou de l'univers se doit au moins d'y jeter un oeil, ne serait-ce que pour les personnages !
Je ferai probablement quelques critiques pour les autres jeux, mais pas aussi longue que celle-ci – je voulais simplement proposer une petite présentation de la série. Un dernier mot pour la fin : si vous n'avez jamais essayé Touhou et que vous vous sentez vaguement tenté en lisant ces lignes, alors foncez ! Le premier contact avec cet univers était pour moi bien plus touchant et agréable que je ne le pensais.