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Critique de Persona 3 Fes

» par Deluxe Fan le
2011-03-27 17:56:55
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Persona 3 FES: The Arcana is the means by which all is revealed...

Si P3 n'aura sans doute pas son entrée consacrée dans la Grande Encyclopédie du Jeu Vidéo, il aura par contre tout à fait sa place pour illustrer la définition du jeu culte. En effet, ce jeu est relativement confidentiel en Europe, mais souvent ceux qui le connaissent ne jurent que par lui.

Car la saga des Shin Megami Tensei à beau être une licence reconnue au Japon depuis des décennies, elle n'a jamais pu en France avoir le prestige (justifié) de séries de JRPG telles que Final Fantasy, Dragon Quest et autres Pokémon. Les spin-off Persona n'y ont pas changé grand-chose, jusqu'à P3. Non pas qu'il soit différent, mais bien qu'il est excellent.

Vous êtes un lycéen. Vous entrez à Gekkôkan High, un établissement plutôt cossu situé en front de mer. Comme vous n'avez pas de parents, vous allez vivre avec certains de vos camarades dans une résidence pour étudiants. L'année scolaire commence donc. Mais...

Vous vous êtes rendu compte dès votre arrivée en ville que quelque chose clochait. Tous les soirs, à minuit pile, le temps s'arrête pendant une heure. Les personnes se transforment en cercueil. Les appareils électriques ne fonctionnent plus. Vous semblez être le seul à vous rendre compte de ce qui se passe. Seul? Non. Vos camarades de la résidence sont aussi capables de se mouvoir durant la Dark Hour. Coïncidence? Toujours pas. Toutes les nuits, votre lycée disparaît et laisse la place à une gigantesque tour, le Tartarus. Une tour remplie de monstres, les Shadows, qui s'ils ne sont pas exterminés dans leur nid, se répandent à travers la ville pour tuer les habitants qui ne se doutent de rien...

Mais ça, c'est une heure par jour seulement.

Car le reste du temps, vous êtes un ado ordinaire, avec les cours, les potes, les filles...

Le jour, vous êtes à l'école et vous pourrez faire tout un tas d'activités, et même tisser des liens (Social Link/ Commu) avec votre entourage. La nuit, vous devrez crapahuter dans le Tartarus pour découvrir ses secrets et anéantir la source du mal qui se trouve à son sommet.

Vous avez un an. Un an pour réussir.

Je vais tenter d'expliquer le game system de P3. Seulement comme il est réglé à la manière d'une horloge suisse, le décomposer sera difficile.

P3 tire son excellence du lien qu'il fait entre deux genres de jeux typiquement japonais, le dating-sim et le Dungeon-RPG. Les journées se déroulent comme une simulation de vie, où vous pourrez choisir entre tout un tas de choses à faire. Le but est notamment de tisser le maximum de liens avec les personnes qui vous entourent, et les approfondir. Le but n'est pas de sortir avec une de vos camarades de classe (encore que c'est tout à fait possible voire très facile), mais de faire augmenter vos Arcanes. Mais j'y reviendrai.

La nuit, vous pouvez là aussi faire tout un tas de choses. Vous pouvez aller dehors pour rencontrer d'autres personnes, ou taper une partie à la borne d'arcade. Mais vous pouvez aussi aller au Tartarus lorsque minuit sonne. Là, vous choisirez parmi vos colocataires ceux qui seront dans votre équipe, et c'est parti. Vous grimperez les étages du Tartarus, ces étages étant des couloirs générés aléatoirement qu'il faut explorer jusqu'à en trouver la sortie. Ces couloirs sont bien sûr remplis d'ennemis, visibles sur la carte, qui vous agresseront dans des combats au tour par tour. Lorsque vous atteignez un palier, c'est le boss.

Ainsi les jours se déroulent. Vous avez un an, soit 365 jours, pour atteindre le haut du Tatarus. Bien sûr, le jeu ne vous lâche pas complètement. Les journées sont découpées en phases (matin, après-midi, soir), ce qui limite le nombre d'actions possible à faire quotidiennement. De plus vous ne pouvez par rester indéfiniment dans le Tartarus, puisque vos personnages se fatiguent et quittent la tour si vous les poussez trop à bout – avec même le risque de les faire tomber malades. Enfin, les périodes de jeu suivent les cycles lunaires. Ainsi, à chaque nuit de pleine Lune, un Shadow majeur apparaît que vous êtes obligé de combattre, en ce qu'il fait avancer le scénario. Ces Shadows sont l'occasion de varier les plaisirs puisqu’ils apparaissent dans la ville et vous serez obligé de les y affronter sur place (je pense notamment à ce boss qui se cache dans un métro, ou celui qui se situe dans un love hotel). Lorsque vous l'avez vaincu, une nouvelle section du Tartarus s'ouvre et vous pourrez l'explorer pour gagner du level en attendant le prochain boss.

Voilà comment on joue à P3. Mais en disant tout cela je n'ai même pas expliqué le cœur du jeu: les Persona. Les Persona font le lien entre les phases de simulation de vie et les donjons.

Dans les Shin Megami Tensei, le joueur se bat le plus souvent avec des démons, c'est à dire des monstres qu'il aura capturés, voire achetés, pour se battre avec lui. Persona pousse le vice puisque vous ne pourrez vous battre qu'avec ces monstres, Pokémon-style. Mais les Persona n'ont pas grand-chose à voir avec les bébêtes kawaii de Nintendo. Les Persona sont des créatures au design complètement fou, parfois glauque mais toujours superbes. Le joueur les gagne au fil du jeu, soit en les capturant à la fin d'un combat (Shuffle Time), soit en les fusionnant. Chaque Persona à ses forces et ces faiblesses, selon différents éléments – trois physiques, feu, glace, foudre, vent, lumière et ténèbres. Lorsque vous vous équipez d'un Persona, vous prenez ses forces et faiblesses. Tout le sel du jeu est d'exploiter les faiblesses des ennemis pour en finir le plus rapidement possible. Seul le Protagoniste est capable de changer de Persona durant un combat, une fois par tour. Il est d'ailleurs le seul personnage contrôlable du jeu, les autres étant géré pas l'ordinateur. Mais ce qui est bien vicieux, c'est que dans P3, si le Protagoniste meurt, c'est Game Over et retour à la dernière sauvegarde. Pas de continue, et croyez-moi quand vous vous êtes farci les dix derniers étages du Tartarus, se prendre un hama ou un mudo qui vous one-shot, ça la fout mal (comprendra qui pourra). P3 est, comme la plupart des jeux d'Atlus, un vrai challenge pour le joueur.

Venons-en au système de fusion. Il est le point névralgique du jeu. Le principe est simple: lorsque vous allez à la Velvet Room, le sympathique Igor vous permettra de faire fusionner les Persona que vous avez avec vous. Cela dans l'optique évidemment d'en obtenir de plus puissants. Chaque Persona a un niveau de base, et vous ne pouvez pas invoquer de Persona dont le niveau de base est supérieur au vôtre. Par contre, il est possible de faire monter de niveau ses Personas grâce aux Arcanes. En fait, chaque Persona est lié à une des arcanes du tarot divinatoire. Ces arcanes sont elles-même liées aux personnages que vous fréquentez la journée...

Vous avez là le génie de P3: plus vous montez votre niveau d'amitié avec tel personne, plus cela augmentera l'XP gagnée par les Persona de l'Arcane correspondante lors de la fusion. Ce qui oblige le joueur à se surpasser sur les deux tableaux: le combat et la vie sociale. Génialissime.

Je sais que c'est très complexe et un peu dur à assimiler. Mais pourtant je n'ai fait qu'énoncer des généralités. P3 c'est un nombre incalculable de détails à prendre en considération; par exemple, si vous n'avez pas de bonnes notes à l'école, vous ne pourrez pas sortir avec la fille dont il vous manque l'Arcane. Cela vous oblige à bloquer des après-midi pour réviser vos exams et augmenter votre statistique d'intelligence. De l'autre côté, si vous passez le week-end avec une personne, il vaut mieux avoir sur vous un Persona de son arcane car cela la rend encore plus amical...

Et je ne parle même pas des subtilités du système de combat (All-Out Attack, Fusion Skills), des quêtes annexes, du Compendium qui est une sorte de Pokédex Persona, qui vous permet même de les racheter, et des nouveautés introduites par la version FES et P3Portable (j'en dirai un mot)...

Vous aurez compris que P3 est un jeu dont le cœur du game system est à lui seul d'une formidable richesse. Pourtant je ne vous ai parle là ni du scénario, des personnages, des graphismes ou de la musique.

Et tous ces points-là sont là encore excellents. Le scénario du jeu est riche en rebondissements et ne cesse de se complexifier. Les phases de grimpette au Tartarus sont assez répétitives mais leur difficulté force le joueur à rester sur le qui-vive. Les personnages sont nombreux, variés et le système de Social Link permet de les approfondir. Les membres de la SEES sont bien sûr les plus intéressants. Dommage que l'on ne puisse nouer de Social Link qu'avec les membres féminins de l'équipe – Fuuka, Yukari, Mitsuru, et Aegis dans FES. C'est une différence majeure avec P4, d'ailleurs. Le Protagoniste (dont le vrai nom est Minato Arisato selon le manga tiré du jeu) n'est pas mal non plus, avec un petit up de charisme lorsqu'il utilise son Evoker.

Parce que je ne vous l'ai pas dit mais P3 est un jeu bien glauque artistiquement. Les personnages, pour invoquer leur Persona en combat, utilisent des flingues – les Evoker – avec lequel ils se tirent une balle dans la tête. Les Persona eux-mêmes – et les Shadows aussi – ont une morphologie qui tire vers l'absurde. Le Tatarus est un lieu sombre et dégueu dans lequel des taches de sang maculent les murs – au début du moins. Les Persona ont des noms et des attributions qui font références aux divers mythologies, qu'elles soient antiques (Horus, Orpheus, Thanatos), nordiques (Thor, Odin), anglo-saxonne (Jack Frost, la mascotte des MegaTen), ou judéo-chrétienne (Lilith, Satan, Helel, Lucifer, Messiah). Avec plus d'une centaine de créatures (dont le nombre a encore été augmenté avec FES), il y a de quoi s'amuser looooooongtemps – le jeu a une durée de vie de 60h, j'en ai fait le double. Ceci dit, le jeu est plein d'humour, d’émotions, de frissons en tous genres. De plus il contient énormément de symbolique. Chacun de ses éléments (les Evokers, les Arcanes) peut être interprété d'une certaine façon. Bref, l'ambiance de P3 est unique.

Mais un des points fameux de P3, la cerise sur la gâteau, c'est la bande son. Composée par Shôji Meguro-sensei, La musique de P3 est en grande partie pour la popularité du jeu. L'opening du jeu, «♫ Burn My Dread», est classé second du classement des meilleurs opening de JRPG par un récent sondage au Japon. Quand à l'ending, «♫ Kimi no Kioku», il est tout simplement premier (le second étant celui de P4).

Mais entre l'opening et l'ending, vous aurez droit à tout un tas de musiques, entre J-pop, rock et rap, parfaitement intégrées dans le contexte urbain du jeu. Je mentionnerai le thèmes des combats «♫ Mass Dastruction», ou le cultissime thème du boss final, «♫ The battle for everyone's soul». Le plus fort étant que toute cette OST est remarquablement homogène ; S. Meguro a un style assez reconnaissable. Et viennent s'ajouter les nouvelles pistes composées pour P3Portable, dont le nouvel opening «♫ Soul Phrase» assez fabuleux musicalement comme visuellement...

Le jeu, de par sa direction artistique et sa maniabilité qui ne réclame pas de prouesses technique, passe encore très bien à l'heure actuelle, graphiquement parlant. Le design très typé manga, les dessins animés qui tiennent lieu de cinématiques, et l'ambiance générale qui aurait largement eu sa place dans un quelconque anime japonais, emportent l'avis selon lequel P3 reste encore un bien joli jeu.

S'il fallait rechercher à contrecœur des défauts, ce serait peut-être le fait d'être tout en anglais. A titre personnel c'est un moindre mal puisque je joue énormément en anglais – comment profiterais-je d'autant de jeux merveilleux si je me contentais du français? Et puis à l’époque où j'y ai joué, cela m'a permis d'exercer ma langue, et en cela P3 allia l'utile et l'agréable. On notera aussi une difficulté punitive, marque de fabrique de la saga, qui se traduit par des checkpoints très éloignées les uns des autres dans le Tartarus, des ennemis qui ne lâchent plus le joueur une fois pris en chasse, des boss bien chauds qui demanderont une implication maximale et un léger sens de la stratégie. Mais le joueur est largement récompensé pour ses efforts; armes secrètes loufoques (batte de base-ball, balai), des costumes poilants (maillots de bains, maid-costume) pour ceux qui remplissent les quêtes annexes; donjon optionnel pour ceux qui réussiraient à vaincre le Reaper (un boss fou furieux qui apparaît aléatoirement dans le Tartarus), et New Game + qui vous permettra de recommencer une partie avec le Compendium déjà rempli et votre bourse pleine...

Le jeu est tellement riche qu'en rajouter un peu n'a pas posé de problème à Atlus qui a tiré sur la corde en proposant deux versions supplémentaires de P3, P3 FES – la version dont nous parlons ici – , plus complet, plus riche, avec des features nouvelles comme la possibilité de transformer ses Personas en armes au effets divers, des Personas en plus; et surtout, une aventure séquelle, The Answer. Il s'agit d'un sorte de suite à P3 qui met en scène les personnages d'Aegis et de Metis comme nouvelle héroïnes, et qui se déroule quelques semaines après les événements concluant P3. Personnellement je ne suis pas allé très loin puisque la difficulté de The Answer est juste effroyable. Et puis j'avais terminé P3 avec un Protagoniste surpuissant, lv. 99, Personas ultimes, armes ultimes... Toute l'essence du RPG, la quête de puissance, incarnée dans une sauvegarde.

Enfin, il y a quelques temps est sortie une version de P3 sur PSP, P3Portable, dont la principale nouveauté, en dehors des nouvelles musiques et de l'interface revue, est la possibilité d'incarner une fille! Une FILLE quoi! Ce qui bien sûr ouvre de nouvelles possibilité quand aux Social Link... De plus, les développeurs d'Atlus adorent s'auto-référencer et Vincent Brooks, les héros du tout récent Catherine, fait une apparition surprise dans ce jeu. Le fan-service à son meilleur! Si vous possédez une PSP, je vous conseille cette édition ultime, sinon c'est la version FES qui sera la plus intéressante.

Après tout ce que je viens d'écrire, vous aurez compris que P3FES est un jeu qui m'a particulièrement séduit, de par sa richesse, son ambiance, ses idées de game system, et puis surtout par son cachet très japonais, qui vient toucher l'otaku droit au cœur. Indispensable.

Les plus

- Système de jeu révolutionnaire

- Ambiance 100% japonaise

- Richesse inouïe

- Addictif, profond, maîtrisé

Les moins

- Peu accessible aux noobs

- Quelques déséquilibres

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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