Professeur Layton et l’Appel du Spectre : La Menace Fantôme
Professeur Layton fut le premier soft que j’achetai lorsque je j’acquis ma Nintendo DS il y a quelques années. Je n’ai depuis jamais failli à mon rendez-vous avec ce jeu d’aventure et de réflexion emblématique du studio Level-5. Et justement, le quatrième jeu de la licence est parvenu sous nos latitudes il y a quelques jours, et alors que le générique de fin se déroule devant mes yeux, je m’empresse de vous en faire la critique.
Comme il s’agit de ma première critique pour un Layton, et étant donné que l’Appel du Spectre est le premier d’une nouvelle trilogie, laissez-moi tout d’abord faire les présentations, ce qui n’a jamais été fait sur cette BDD.
Akira Tago est un universitaire japonais, connu pour avoir écrit des ouvrages proposant aux lecteurs de résoudre des énigmes ; un peu sur le modèle des cahiers de vacances que nous connaissons. Avec l’arrivée de la console Nintendo DS et son écran tactile, l’idée d’adapter ces énigmes en jeu vidéo germa rapidement. Malheureusement, c’est à cette période que des trucs comme « Dr. Kawashima » ou encore « Cérébrale Académie » commencèrent à pulluler. Plutôt que de se retrouver embourbés dans ce marais, Level-5 et son génial président Akihiro Hino réfléchirent à une nouvelle approche : au lieu de servir les énigmes brutes, pourquoi ne pas les enrober avec une histoire à suivre ? Et qui dit histoire, dit logiquement univers et personnages. Et c’est ainsi que naquit le Professeur Layton.
Hershel Layton, trente-quatre ans au début de l’Appel du Spectre, est professeur d’histoire et d’archéologie à l’université de Gressenheller à Londres. Il y est célèbre pour son chapeau haut-de-forme caractéristique, ses manières de dandy et son intelligence supérieure. Passionné par son travail, Layton ne prend pas vraiment le temps de se ménager et bien souvent il préfère piquer un roupillon à l’heure des réunions pédagogiques. C’est pour cela qu’il se retrouve flanqué d’une assistante, une jeune femme nommée Emmy Altava, qui s’avère très enthousiaste d’être choisie comme l’assistante de Layton, qui n’avait rien demandé… Mais il n’aura pas le temps de plaindre, car il reçoit une missive de la part d’un ancien collègue et ami, Clark Triton, qui lui demande de l’aider à résoudre un mystère dans la bourgade de Misthallery.
Et pour du mystère, Layton sera servi ! Un monstre géant qui détruit la ville et terrorise la population, une prétendue cité antique enfouie sous la région, une sorcière qui vivrait non loin, une organisation secrète gérant la contrebande, sans compter le propre fils de Clark, un petit garçon nommé Luke et qui aurait le pouvoir de prédire les catastrophes, rien que ça…
Les jeux Layton, et c’est un moindre reproche qu’on leur adressera, utilisent toujours le même carcan et la même structure en terme de gameplay et de narration. Il s’agit donc d’un point’n’click basique, qui se distingue par le fait qu’à tout moment, le joueur sera sollicité pour résoudre un casse-tête n’ayant la plupart du temps strictement aucun rapport avec l’histoire. Un structure très particulière mais qui a fait ses preuves au fil des jeux, les casse-tête en question étant particulièrement bien faits et très joliment présentés.
Ce quatrième épisode, bien que démarrant une nouvelle trilogie, est parfaitement dans la continuité des anciens, un peu trop même. Level-5 a certainement voulu reprendre sa licence de zéro et ont finalement pondu un clone de l'Étrange Village, le premier épisode de la série ; ces deux jeux partagent énormément de points en commun au niveau de l’histoire. Toutefois, on peut sentir une nette amélioration de la recette, aussi familière soit-elle.
D’une part, l’histoire est mieux écrite. Bien mieux écrite, même. On retrouve avec un plaisir non dissimulé l’univers de Layton, et les nouveaux personnages s’insèrent sans difficulté. L’essentiel de l’histoire se déroule à Misthallery et on apprend doucement à connaître ses habitants, ses secrets. Le scénario est malin, rythmé, un vrai suspense s’installe. Les connaisseurs se plairont à rechercher tous les clins d’œil aux épisodes précédents (qui sont les suivants dans la chronologie… vous suivez ?) et les nouveaux arrivants n’auront aucune peine à entrer dans cette aventure. De plus, on apprend les origines de Luke et sa rencontre avec Layton, ce qui ravira les fans.
D’autre part, le jeu est encore plus riche et équilibré qu’avant. Les énigmes, toujours plus nombreuses, sont variées et leur difficulté est progressive, sans tomber dans l’impossible. Les décors et la direction artistiques sont fidèles à la patte de la série, avec des couleurs douces qui tirent vers le sépia. Les musiques sont toujours excellentes, et je suis à chaque fois interloqué de la qualité de ces mélodies, calmes et reposantes, chaleureuses et étrangement mélancoliques à la fois, avec beaucoup de personnalité (j’en suis fan, à vrai dire). Les cinématiques sont bien plus longues et nombreuses, plus d’une trentaine, et parfaitement animées par le studio P.A. Works.
Le point qui fait le plus débat concernant les Layton est le dénouement des histoires, qui flirtent souvent avec l’invraisemblable. Personnellement, à la fin du Destin Perdu, j’avais vraiment l’impression que le scénario se foutait de ma gueule, ce qui m’a empêché d’apprécier la fin à sa juste valeur. La fin de l’Appel du Spectre est moins grandiloquente et apocalyptique, et rappelle beaucoup plus l’Etrange Village et La Boite de Pandore. Elle est également un poil plus crédible, et assez satisfaisante. Le seul bémol concerne ce nouveau vilain, Descole, qui d’après ce que j’ai compris en regardant La Diva Eternelle, sera le fil directeur de la nouvelle trilogie. Ce personnage a un potentiel certain (plus que Don Paolo en tout cas) mais dans l’Appel du Spectre il fait une apparition trop tardive et trop granguignolesque pour convaincre vraiment. Espérons que les épisodes suivants apporteront plus de corps à cet antagoniste.
Je n’ai pas encore lu les critiques professionnelles de ce Layton mais je suis presque certain qu’il se fera descendre à cause de son goût trop familier de « déjà joué ». Mais pourquoi changer une recette qui fonctionne, si ce n’est pour l’améliorer ? Professeur Layton et L’Appel du Spectre remplit son contrat, et s’impose comme l’épisode le plus abouti de la franchise, techniquement tout du moins. On attend désormais notre cher professeur sur 3DS, avec Le Masque des Miracles et Layton vs. Ace Attorney, qui apporteront peut-être plus de renouvellement.
Sur ce, il me reste encore quelques énigmes secrètes à débloquer, des mini-jeux à terminer, et d’autres petits trucs à faire. Et comme vous le savez, « A true gentleman never leaves a puzzle unsolved ». 7,5 arrondi au supérieur.
NB : j’ai joué à la version US du jeu (il se nomme Last Specter outre-atlantique) car c’est la seule version hormis la japonaise qui contient l’option « London Life », honteusement amputée des versions européennes. On pouvait lire qu’il s’agissait d’un RPG, mais je vous rassure on ne verra pas Layton tuer du mob dans des combats au tour par tour (ceci dit, j’aurais bien aimé). London Life est une sorte de simulation de vie type « Sims », où vous créez votre avatar et le faites évoluer dans un espace tout à la gloire du Laytonverse, avec moult références et fan-services. Amusant cinq minutes, ce sous-jeu m’a paru très rébarbatif et je ne compte pas y passer la centaine d’heures qu’il est censé durer. Toutefois, il est dommage qu’il n’ait même pas été proposé chez nous.
Les plus
- La recette Layton marche toujours
- Intrigue toujours mieux ficelée
- Des à-côtés toujours plus nombreux
- Un enrobage toujours aussi plaisant
Les moins
- Une impression de retour à la case départ
- Pourquoi avoir amputé London Life en Europe ?