Zone Of The Enders : Pour une poignée de robots
Cette critique porte non pas sur le jeu original mais sur la version HD disponible sur PS3/X360 et commercialisée depuis février 2013.
Débutée en 2001 sur PS2, la série Zone Of The Enders (ZOE) est souvent considérée comme « l’autre série de Kojima », celle sur laquelle il bossait à temps partiel entre deux Metal Gear Solid. Toutefois, même si le développeur le plus hype du Japon a eu une influence considérable sur le jeu – et en est le producteur, c’est bien à son collègue Shuyo Murata et au reste des équipes de Konami que l’on doit cette série de jeu d’action robotique aujourd’hui culte.
Culte oui mais pas forcément pour son histoire plutôt inconsistante. Au XXIIe siècle, les hommes ont conquis l’espace grâce à un matériau aux propriétés extraordinaires appelé Metatron. Des colonies de l’espace ont vu le jour un peu partout danse système solaire. Mais bien vite ces dernières se sont vues pousser des velléités indépendantistes vis-à-vis de la Terre qui répond par une sanglante répression. Dans ce bordel, une organisation maléfique nommée Bahram va envahir la colonie Antilia située sur l’orbite de Jupiter pour récupérer un Orbital Frame (mecha anthropomorphe dopé au Metatron) qui y était caché. Cet Orbital Frame, le Jehuty, sera alors découvert par hasard par un gamin qui passait par là, Leo Steinbuck…
Si je peux comprendre que les concepteurs d’un jeu de mecha aient été inspirés des dessins animés de robots japonais, difficile de ne pas déplorer là une histoire recopiée à la lettre sur Gundam, la célèbre saga de robots du studio Sunrise, sur les écrans depuis les années 70. On y retrouve les mêmes clichés, notamment celui du gamin innocent projeté dans une guerre qui le dépasse complètement. La suite du script n'ira pas en s’arrangeant puisque, surprise, tout le jeu ne consiste en fait qu’à sortir de la colonie Antilia avant sa destruction complète. Pour les batailles spatiales, on repassera donc.
La colonie est divisée en plusieurs zones qu’il faudra visiter l’une après l’autre pour y accomplir diverses missions. Le fait que l’on puisse à loisir sortir d’une zone pour en visiter une autre laisse à penser que ZOE est un jeu d’exploration mais il n’en est rien. Les zones sont minuscules et calquées les unes sur les autres, et le nombre de choses à y faire se limite à détruire des robots ennemis. Le déroulement du jeu se résume à entrer dans une zone, la nettoyer des ennemis, trouver un mot de passe, sortir de la zone, chercher un autre mot de passe, et ainsi de suite. L’ensemble est agrémenté de quelques boss et autres missions de sauvetage pas vraiment mémorables. Heureusement (ou pas) le jeu évite la redondance grâce à sa durée de vie stupéfiante de quatre heures grand maximum, et encore seulement si vous êtes très mauvais et que vous ne savez pas où aller. Cela inclut d’ailleurs les cinématiques, nombreuses et particulièrement bavardes comme sait le faire Kojima. Sauf que si un MGS a des dialogues généralement excellents, même le maître a du mal à faire quelque chose avec une histoire si clichée et attendue.
L’intérêt du jeu va alors se rechercher au niveau des combats de robots et là ça commence à devenir intéressant. Le Jehuty peut se mouvoir dans les toutes les directions de l’espace mais garde une référence au plan horizontal. Il peut dasher, il peut faire des pirouettes, il tire des lasers à longue distance et dispose d’une épée laser pour les attaques au corps à corps. Tout le gameplay repose sur le verrouillage des ennemis, automatique la plupart du temps, qui permet eu Jehuty de tourner autour d’eux dans les trois dimensions pour l’esquiver puis l’attaquer au moment opportun. Jehuty dispose également d’une garde et d’une variété d’armes secondaires (missiles à têtes chercheuses, vagues d’énergie) qui pimentent un peu les combats, même si en trois heures trente on a difficilement le temps de gratter la surface du gameplay.
A l’époque de sa sortie ZOE pouvait sans doute être vu comme la quintessence du jeu de SF rêvé par toute une génération biberonnée aux dessins animés de robots à la japonaise. Mais selon les standards actuels, il s’agit simplement d’un jeu mal vieilli, racontant une histoire trop bavarde et trop peu inspirée, au contenu rachitique, à l’interface qui pue le début de vie de la PS2 et au doublages anglais atroces.
La seule chose en vérité qui sauve le titre, c’est qu’il est une introduction obligatoire pour sa suite, The 2nd Runner, qui lui ressemble déjà beaucoup plus à un vrai jeu.
Les plus
- Des robots, des robots everywhere
- Contrôles relativement bons
Les moins
- Scénario très cliché et pas spécialement bien raconté
- Dialogues longs et surmontés d'un doublage atroce
- Trois heures et demie de jeu ? Srsly ?
- Et c'est pas bien beau en plus