Ca commence comme un western.
Un vagabond, Joe, arrive dans un quartier mal famé, il se bagarre et rétame tout le monde. Il devient l'idole des gamins du coin et se fait repérer par les autorités, mais aussi par un vétéran des combats qui veut en faire quelqu'un.
Ca se poursuit comme un huis-clos réaliste et violent.
Le délinquant juvénile finit dans un centre de redressement, où règne la loi du plus fort. Le caïd des rues tombe sur un ancien boxeur professionnel qui lui met la rouste de sa vie, ce qui le vénère grave, l'obsède jour et nuit, et l'amène à raccrocher sa fierté pour finalement accepter les enseignements d'un mentor déchu, alcoolique mais brillant, Danpei Tange (mais qui le vénère grave). Forcément, il y a aussi une bien-pensante de service, Shiraki Yôko. Elle aussi, elle vénère grave le petit Joe, et en plus il devra se la coltiner tout au long de l'histoire.
Un shônen ?
Pour le héros propret sur lui qui suit son classique parcours initiatique vertueux, à la Hajime no ippo par exemple, on peut repasser. Parce qu'effectivement, la vie est bien "loin d'être rose bonbon" dans cette série où les lendemains ne chantent pas. Sauf si on compte les tintements de ring. Pas de sexe, soit, mais une violence sans fard, une galerie d'êtres torturés, voire brisés. L'histoire est riche en rebondissements, bien que l'on en pressente très rapidement le dénouement. Ces treize volumes sont imposants, mais je vous assure qu'on a du mal à en interrompre la lecture. J'en profite pour signifier ma détestation à l'usager de bibliothèque municipale qui a monopolisé le tome dix pendant des mois. Et dont j'aurais pu relever le nom. J'ai préféré garder ma rage contre X (note marginale : déontologie ?).
La boxe, tout un art.
Loin de prendre la forme d'un exposé théorique interminable, le volet technique de cette discipline est tout de même bien développé. On sent que les auteurs ont fait beaucoup d'efforts pour être pédagogues avec les lecteurs qui ignorent tout de ce sport. La boxe anglaise est à l'honneur, mais on rencontre également la version thaïe, le street-fight, le jungle-fight même - amis amoureux de la boxe française, essuyez vos larmes et vos gants. Et le dessin, alors ? Le trait est old-fashioned, forcément, mais hautement maîtrisé. Très épuré, sauf quand il s'agit de figurer la musculature et les blessures des personnages. Deux arts au service l'un de l'autre.
En bref :
- Si One Punch man t'a saoulé pasque trop abusé et pas marrant, ou au contraire t'a bien fait marrer et compatir avec le gars qui ressent plus le frisson du combat, lis Ashita no Joe.
- Si t'as envie de voir du sang gicler sans qu'il n'y ait d'ecchi, de caricatures de psychopathes ou de vampires dans les parages, lis Ashita no Joe.
- Si t'es un rebelle qui veut pas qu'on lui dicte ses actes, lis Ashita no Joe, bordelais !