Graphiquement, les dessins des premiers chapitres sont plutôt moches. Dans l'ensemble, ça reste très propre et soigné mais les personnages disposent de corps assez disproportionnés. Ils donnent l'impression d'être court sur pattes, avec une tête relativement grosse. Bien heureusement, le style s'affine et s'améliore nettement au fil des chapitres, pour nous offrir quelque chose de qualité dans les derniers parus.

Je reprocherai également à l'auteur de ne pas accentuer assez les expressions faciales dans les premières pages du manga. Nakamura qui apparaît clairement comme quelqu'un de dérangé, manque parfois cruellement d'expressivité. N'en ressort donc pas forcément l'effet voulu, elle peut être perçue par le lecteur comme étant presque gentille. Selon moi, aussi, les regards manquent d'intensité. De manière générale, ils sont tous à peu près similaires, quelque soit l'état d'âme du personnage.

Ce sont ces détails qui peuvent atténuer la perception des choses. On ne ressent pas autant de malaise, d'oppression que l'on devrait dû au fait que les protagonistes ne véhiculent pas autant d'émotions qu'ils le devraient. Néanmoins, même si au niveau du physique tout n'est pas parfait, la psychologie de ces derniers relève franchement le niveau. Ils bénéficient d'une évolution surprenante.

L'ambiance particulière qui se dégage de Aku no Hana est propice à un changement de caractère des personnages. Clairement, il y a un dominé et un dominant. Kasuga est un garçon faible, amateur de littérature et notamment des Fleurs du Mal de Baudelaire. Si l'on devait résumer franchement la chose, il voue un culte à cet auteur et plus particulièrement à ce recueil de poèmes. De ce fait, l'histoire et cette atmosphère oppressante, s'y appuient énormément dessus. On évolue dans un environnement qui se veut de plus en plus malsain. Nakamura y est pour beaucoup. Cette fille a une vision très particulière du monde qui l'entoure et dans sa quête du Saint Pervers, elle croisera la route de Kasuga et en fera son icône, son incarnation pure et simple de la perversion des Hommes. Elle joue un rôle important. Non seulement dans l'avancement de l'histoire, car elle portera sur ses épaules une grande partie des scans parus, mais aussi dans l'évolution de Kasuga. C'est elle qui le poussera toujours plus loin dans la dépravation, notamment dans ses interactions avec le troisième pilier de ce manga, Saeki, une camarade de classe incarnant l'insouciance et la béatitude. Du moins, en apparence.

Au fil des chapitres la tension gagne en intensité pour atteindre un paroxysme plutôt inattendu. On peut noter qu'en 45 chapitres, il y a deux coupures nettes dans le récit. La première lorsque Kasuga assume enfin ce qu'il est. La seconde quand on retrouve nos personnages 3 ans après. Des changements s'occasionnent suite à ces cassures. On pourra donc observer la déchéance de certains mais aussi la remontée d'autres. Les sentiments exprimés, les émotions ressenties peuvent être assimilés à du vécu chez certains lecteurs et même si dans Aku no Hana, tout est dépeint de manière surréaliste, il n'en reste pas moins que certaines situations restent réalistes.

C'est un manga que certains connaissent peut être depuis un moment mais je l'ai découvert récemment grâce à l'anime, qui bien qu'étant graphiquement beau pour les background mais moche pour les personnages, m'a séduite par cette ambiance si particulière. Le manga transmet peut être moins d'émotions que l'anime mais a réussi à me captiver. Une ambiance travaillée et cultivée au fil des chapitres, des personnages au potentiel intéressant faisant l'oeuvre d'une évolution pertinente et soignée, le tout représenté dans un style propre et appliqué.