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Critique du manga Anne Freaks

» par Nakei1024 le
14 Septembre 2010
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Ames sensibles s’abstenir, ce manga en 4 tomes signé Yua KOTEGAWA (Détenu 042) nous plonge dans l’univers glauque et sanguinaire de la jeune Anne, prête à tout pour accomplir sa vengeance.

Parlons d’abord du point fort de cette production : les personnages. Si Yuri et Mitsuba sont un peu trop tendres et servent essentiellement de faire valoir à leur nouvelle « amie », force est de constater que celle-ci fascine à bien des égards (aussi bien les autres protagonistes que le lecteur). Cette adolescente de 16 ans est presque à elle seule l’argument choc pour se procurer le manga, véritable mélange d’attirance et de répulsion.

Attirance car outre un physique de rêve, son caractère affirmé et sa volonté inébranlable dans la tâche qu’elle s’est donnée lui assurent une aura presque surnaturelle et envoûtante, dont elle n’hésite pas à jouer pour faire en sorte que ses adversaires (même les plus endurcis) baissent leur garde.

Répulsion car on comprend très vite qu’une barrière infranchissable se dresse entre elle et le monde extérieur. Malgré ce qu’elle peut ressentir à un instant donné, les alliés d’un jour peuvent se changer très rapidement en proies à abattre et pour ça tous les moyens sont bons. Avouons-le, Anne fait peur, très peur même : criminels, civils, policiers de tous âges et de toutes catégories, tous ceux qui se dressent sur sa route elle les abat (ou les torture) sans broncher, y prenant même un plaisir intense et entraînant ceux qui l’accompagnent dans son sillage sanglant. Pour protéger son existence et trouver ceux qu’elle cherche, aucune limite semble ne lui venir à l’esprit ; on peut donc le dire, sous son apparence angélique se cache un monstre que rien ne peut arrêter ou raisonner, luttant uniquement pour sa propre survie.

Sans être aussi terrifiants, les autres protagonistes nous mettent tout autant mal à l’aise, car eux aussi poursuivent leurs propres objectifs et n’hésiteront pas à prendre des mesures radicales pour arriver à leurs fins.

Pour résumer, n’espérez aucune compassion, aucun sentimentalisme ni même aucun humanisme dans cette production, c’est tout simplement la jungle : les faibles finissent écrasés par le destin, et les forts s’entretuent dans une orgie de sang comme on en voit rarement. A part Lucy (Elfen Lied) je ne vois rien de comparable en terme de violence pure, même Alucard (Hellsing) trouve une justification en tuant des nazis/fanatiques/zombies ou autres créatures monstrueuses.

L’histoire est relativement simple à comprendre et commence directement en nous mettant dans le bain, puisqu’on y assiste à Yuri assassinant puis cherchant à se débarrasser du cadavre de sa propre mère (cette vision le hantera d’ailleurs jusqu’à la fin de ses jours). C’est à cette occasion qu’il croise Anne qui en échange de son aide dans cette tâche (elle n’est d’ailleurs pas avare en détails quant à la manière de procéder) lui demande de le suivre. De toute manière, le jeune homme n’a plus vraiment le choix maintenant devenu un meurtrier, et la demoiselle s’étant chargée sans le prévenir de faire taire les éventuels témoins.

En progressant dans l’histoire, on découvre peu à peu les raisons qui la poussent à mener sa croisade vengeresse contre une mystérieuse secte et la relation qui la lie avec ses nouveaux compagnons de route. De son côté, la police mènent sa propre enquête et suit (littéralement) à la trace ce trio infernal grâce aux cadavres laissés en cours de route et qui s’accumulent à un rythme frénétique. Une évidence s’impose peu à peu aux yeux du lecteur : elle n’est pas une justicière mais bien une tueuse psychopathe aux tendances homicides très marquées, globalement misanthrope.

La conclusion est à l’image du récit et ne laisse que peu de doutes quand à l’issue possible de cet affrontement sanglant entre forces de l’ordre et organisation plus ou moins terroriste, avec en chef d’orchestre le couple Anne/Yuri, véritables Bonnie & Clyde des temps modernes. Certains trouveront que la fin est un modèle du genre, mais d’autres regretteront cependant qu’elle ne soit pas plus explicitement mise en scène, laissant un finalement un doute planer quant au destin forcément tragiques de ces 2 jeunes anti-héros.

Ceux qui ont déjà lu Détenu 042 ne seront pas surpris par la qualité de l’ensemble, même si on note quelques imperfections dans certains passages et le graphisme. Et là où elles permettaient de détendre l’atmosphère dans le manga cité précédemment, je trouve au contraire que les petites touches d’humour disséminées ça et là dans les chapitres détonnent un peu trop avec le reste du scénario, dommage.

Pour conclure, voilà véritablement une œuvre qui vont prendra aux tripes et que même Tarantino pourrait apprécier en tant que livre de chevet pour trouver de nouvelles sources d’inspiration. Comme je l’ai dit au début, les âmes sensibles sont forcément déconseillées, car l’hémoglobine coule à flot d’un bout à l’autre du récit et l’auteur ne cache pas vraiment les exécutions et scènes de torture, le tout dans une mise en scène très aboutie (rhaaaa, le dernier tome est vraiment fantastique de ce point de vue). Une valeur sûre à acheter à tout prix si vous êtes adepte du genre, mais les 4 tomes sont devenus difficiles à trouver, sûrement en raison du succès limité auprès du grand public, ce qui a du encourager les distributeurs à ne pas éditer en masse.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Nakei1024, inscrit depuis le 05/01/2007.
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