Y a qu'à lire le synopsis pour se dire "Encore du bien classique !" Oui mais non.
Ca va être long mais je me retiens depuis trop longtemps. Désolé pour ceux qui gèrent tout ça...
Oui parce que ce début est insipide. Oui, parce qu'au fond, c'est l'histoire d'une bande de lycéens qui n'ont rien demandé à personne et sur qui, tombent un pouvoir incommensurable mais dur à maîtriser ainsi que tous les malheurs du monde. Alors avec ça on fait aussi du Mai HIME (désolé pour les fans).
Non, parce que ARMS présente un scénario qui malgré son extravagance, paraît si réaliste qu'il en dérange. Bon j'annonce tout de suite ça va spoiler un poil mais sans plus.
D'abord simplement poursuivi, un évènement tragique va littéralement changer la quête de nos héros. Si la trame pourrait faire penser à un DBZ où les héros sont confrontés à des ennemis de plus en plus puissants, il n'en est rien. Les conditions sont toujours différentes et font avancer intelligemment l'histoire.
Le rythme ne retombe jamais. On ne s'ennuie pas. Non, par contre, on plonge dans l'horreur. Et malgré une fin prévisible, on est pas déçu, non, on est soulagé. Le scénario, déjà intéressant, est doublé d'une narration très immersive. Il est difficile de ne pas dévorer tous les volumes à l'affilée.
Au travers de passages extrêmement violents et d'autres très émouvants, il nous donne à réfléchir sur le côté obscur qui sommeille en nous. Pas très original mais ici nos héros passeront par tous les états. Le danger d'être submergé par leur puissance, la colère, la vengeance et la tristesse, est ici très bien rendu à travers l'entité qu'est Jabberwock.
On se retrouve à se dire qu'on aurait fait pareil à leur place. L'extrême violence de certaines scènes participe à ce malaise qui nous fait dire qu'en nous tous sommeille un monstre.
Mais ce n'est pas ce qui rend cette série si réaliste. Non ce qui la rend réaliste, c'est la mise en scène et les lieux visités, du Japon aux US. Lorsqu'une ville japonaise se fait attaquer, on y est. C'est Bagdad et, nous aussi, on est sous les bombes.
Des personnages inattendus sont mis en scène (Mister President). Et quelque soit le personnage, il a une vraie identité, une âme. Cette idée permet ainsi d'éviter le clivage gentil/méchant. Un peu comme dans un One Piece, chaque figure s'opposant à notre petite coterie est fouillée, possède son passé et ses raisons. Aucune ne tombe réellement dans un stéréotype récurrent. Cela participe au réalisme de l'histoire. Car on se dit que des mecs comme ça peuvent pourraient bien exister.
Idem pour les différents Keith qui jalonne l'histoire et qui ont chacun leur personnalité et leurs buts. On ne sera même pas surpris de voir des gamins assassins habillés comme des écoliers se demandant combien de gens ils vont tués. Ni de les voir mourir...
Autre qualité de narration : les révélations. Elles se font toujours au bon moment, et certaines défouraillent sa mamie nova tellement elles sont inattendues...Notamment concernant la famille Takatsuki...L'auteur n'hésite pas à sacrifier les présumés insacrifiables. On en vient à se demander si les héros ont une chance de s'en sortir sans devenir de vrais salopards ! Donc ARMS c'est aussi un énième retour sur l'inéluctabilité du destin et la volonté de changer le sien. Thème classique mais présent ici avec tout ce que ça porte d'heureux et de tragique.
Les quelques séquences d'humour, efficaces et parfois très drôles (notamment entre Hayato et Kei) sont les bienvenues. On essaie de se retrouver une âme parce que la morale en a pris un coup. Un bon mouvement de zygomatiques et c'est reparti !
Point importantissime (oui ça existe) c'est que ça en met plein les yeux. Le dessin est dynamique, les traits précis, les décors fouillés à souhait. L'extrême réalisme du trait (et les flots de sang habituels) participent au malaise. Nos héros possèdent des armes monstrueuses et forcément elles provoquent des dommages monstrueux. La première comparaison que je ferais serait celle à Akira où j'avais ressenti le même malaise dû aux décors et au réalisme visuel.
L'action est extrêmement bien retransmise à travers la nervosité du trait. La déformation des visages sous l'influence de telle ou telle émotion choque et participe à cette dualité humain/monstre déjà évoquée plus haut. On est pas dans Berserk non plus (quoique des fois...) En effet, la violence semble rarement être de trop. Mais c'est un plaisir pour les yeux si on est un peu déviant...En parlant de ça, les combats ne m'ont jamais paru trop longs ou trop évidents. Et même si parfois "on s'y attendait", globalement, pas de gros scandale à la Bleach...
Je regretterai par contre certains points. Si la lutte contre leur destin est bien narrée, certains passages puent les bons sentiments et la morale, notamment ceux du flic qui voudrait être un héros. Peut-être est-ce une volonté de l'auteur pour rétablir la balance dans ce monde de haine ?! Mais ça énerve quand même. Heureusement que nos héros pètent assez souvent les plombs. Merci Jabberwock !
Et comme je l'ai déjà dit, le coup du groupe comploteur millénaire peut rebuter et fatiguer à la longue tellement ils semblent intouchables. De manière générale, le classicisme du scénario de la première partie pourrait pousser les experts qui en ont vu d'autres à abandonner . Mais si on s'accroche, on le regrette pas.
En résumé, ARMS utilise des recettes scénaristiques classiques mais plus intelligemment et efficacement que la moyenne. On est vite happé dans cet univers glauque et sans morale qui tente de détruire nos bien trop gentils héros.
J'ai adoré cette série et j'ai regretté adaptation en anime (Project ARMS) qui visuellement ne fait pas honneur au manga...ARMS c'est de l'adrénaline par brique de 12 mais qui nécessite tout de même un petit peu de cerveau...
Pour finir, ne tentez pas de reproduire tout ça chez vous. Se scotcher des ciseaux sur les doigts est un peu ridicule...xD